La vague de suicides qui frappe la police fait réagir les pontes de l'institution

© AFP 2024 CHRISTOPHE ARCHAMBAULTUn policier
Un policier - Sputnik Afrique, 1920, 21.01.2022
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La vague de suicides touchant les rangs de la police nationale depuis le début de l’année fait réagir son directeur qui prévoit ce 21 janvier une rencontre avec des associations d’écoute de policiers en détresse. Auprès de BFM TV, elles indiquent attendre un "acte, plutôt que des promesses".
C’est un chiffre qui donne le vertige: sept policiers ont mis fin à leurs jours depuis le 1er janvier, tous services confondus. Cette vague funèbre a poussé le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, à organiser des réunions avec des organisations syndicales le 20 janvier et avec plusieurs associations qui viennent en aide aux policiers en détresse ce 21 janvier. Le plan de lutte de 2018 ne suffisant visiblement pas, de nouvelles mesures concrètes sont attendues.

"Ce qu'on attend, c'est un acte, plutôt que des promesses", indique à BFM TV Christophe Girard, vice-président de l'association PEPS-SOS Policiers en détresse, qui prendra part à la réunion. "On a identifié le problème, apporté des solutions. On verra si elles sont écoutées."

Créée en 2019, son association dénombre 26 forces de l'ordre formées pour pouvoir répondre aux appels de collègues en détresse psychologique qui s’élèvent à environ 500 par mois. Christophe Girard souligne l’importance de "taper fort, à tous les étages" ce fléau lié à une accumulation de traumatismes au cours d'une carrière qui "arrive souvent par vagues" et qui, selon lui, fait 45 morts par an en moyenne.

"Dans les métiers de secours, comme dans les forces de l'ordre, on est confrontés à tout ce qu'il existe de plus bas dans la nature humaine. Des violences conjugales, des décès d'enfants que l'on doit annoncer aux familles, des morts violentes, des agressions...", explique Cyril Cros, cofondateur d'Assopol, association qui aide les forces de l'ordre en détresse psychologique.

Pour contrer ces expériences traumatisantes capables d’entraîner un sentiment de mal-être, il propose notamment d’installer un psychologue dans tous les services de police ou d’instaurer des visites annuelles de contrôle. "Si demain on arrête de faire ce que l'on fait, on sera les premiers contents", conclut Cyril Cros.

Des statistiques qui inquiètent

Ces 25 dernières années, plus de 1.100 policiers se sont suicidés, soit 50% de plus que dans le reste de la population, selon un baromètre de la Mutuelle des forces de sécurité (MGP) réalisé auprès de 6.000 policiers et publié le 7 juin par Franceinfo et Le Monde. En 2021, au moins 31 suicides de policiers ont été dénombrés.
De plus, ce baromètre indique que 24% d'entre eux "ont eu ou entendu des collègues évoquer des pensées suicidaires" au cours des 12 derniers mois, et que 39% des policiers indiquent être "en détresse psychologique".

Des dispositifs dédiés aux policiers mis en place

Un certain nombre de dispositifs sont déployés par le ministère de l'Intérieur pour faire face à ces drames et soutenir les agents. Depuis 1996, les policiers peuvent bénéficier du service de soutien psychologique opérationnel (SSPO).
Les chiffres alarmants en 2018 ont poussé le ministère de l'Intérieur à présenter en mai de cette année-là son nouveau plan de prévention contre les suicides.
Ce "programme de mobilisation" visant à "amplifier les efforts afin d'améliorer la détection des personnels en difficulté dans un environnement professionnel qui expose par nature aux passages à l'acte" prévoyait notamment de renforcer le repérage des "agents traversant une crise suicidaire", de "soutenir plus efficacement les agents qui ont tenté de se suicider" et de créer un guichet unique d’accompagnement destinés aux agents fragilisés.
En septembre 2019, Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur, avait annoncé la mise en place d'un nouveau numéro vert "anonyme, confidentiel et gratuit, 24h/24 et 7 jours sur 7".
En août 2020, une plateforme d'écoute pour les policiers et gendarmes "victimes d'attaque" a été lancée. Selon les chiffres d’Europe 1 publiés le 24 novembre dernier, 750 agents en ont bénéficié depuis, soit une moyenne de 50 policiers par mois.
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