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L’Afrique, "un phénix qui a les moyens de renaître de ses cendres"
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"Contrairement au concept de +négritude+ dans lequel certains ont tenté d’enfermer les Africains, l’Afrique est un phénix qui a les moyens de renaître de ses... 20.01.2022, Sputnik Afrique
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En plus du Sahel, la région des Grands Lacs en Afrique de l’Est est également sujette aux activités destructrices des mouvements terroristes qui se développent sur fond de paupérisation économique et sociale, marquée par une pauvreté grandissante de pans entiers de populations dans les pays de la région. Ceci s’ajoute aux graves problèmes ethniques qui compliquent davantage la situation.L’un des groupes les plus actifs dans cette région est les Forces démocratiques alliées (ADF), né en 1990. En 2013, les ADF ont basculé dans des activités terroristes avant d’annoncer en 2018 leur filiation au mouvement Daech*. Ainsi, le 21 septembre 2021, à l’occasion de la 76e session ordinaire de l’assemblée générale de l’Onu, le chef de l’État congolais Félix Tshisekedi, également président à l’époque de l’Union africaine (UA), a appelé au maintien de la Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco), rappelant le devoir de soutien mutuel des pays de l’Onu face au terrorisme. Engagés dans la lutte antiterroriste depuis près d’une décennie en Afrique, la France, notamment dans le cadre de la Force G5 Sahel, et les États-Unis semblaient être, selon plusieurs experts, les pays auxquels s’adressait le discours du Président Tshisekedi.Où en est la situation aujourd’hui? Quelles politiques de lutte contre ce fléau mènent les pays de la région? Y a-t-il des connexions avec ce qui se passe en Afrique centrale et au Sahel? Comment lutter contre le terrorisme à l’aune des impacts des nouveaux équilibres entre les grandes puissances?"Faire tomber les gouvernements des pays ciblés"?"L’origine du terrorisme en Afrique de l’Est, dont dans la région des Grands Lacs, remonte aux années 1990, notamment après les attentats, en 1998, contre les ambassades américaines à Nairobi, au Kenya, et à Dar es -Salaam, en Tanzanie, où l’empreinte d’Al-Qaïda* dans cette région du continent est apparue dans toute son ampleur", expose M.Bizimana, rappelant qu’avant "cette date fatidique, ce phénomène était restreint à la Corne de l’Afrique".Dans le même sens, il explique que "ces groupes terroristes issus de diverses origines nourrissaient un objectif politique commun: faire tomber les gouvernements des pays ciblés pour les remplacer par des Républiques islamiques appliquant la Charia. Ces mouvements terroristes recrutaient généralement au sein des populations défavorisées, profitant de leur situation socio-économique extrêmement fragilisée".Par ailleurs, "il ne fait pratiquement aucun doute que des connexions et des collaborations se sont nouées entre ces groupes terroristes, dont plusieurs avaient fusionné, notamment en mars 2017, dans la région du Sahel". Selon lui, "tous les pays africains de l’Est touchés par le terrorisme, dont le Burundi, ont mis en place des stratégies de lutte contre ce fléau. Il y a également des coopérations qui ont été mises sur pied, à un certain degré, entre les pays de la région en termes de lutte antiterroriste, cependant elles demeurent en deçà du niveau nécessaire pour l’éradiquer totalement".Sans développement, le terrorisme continuera-t-il à prospérer?Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des institutions internationales comme les Nations unies, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, la Banque des règlements internationaux (BRI) avaient vu le jour au moment où pratiquement tous les pays africains étaient encore sous dominations coloniales, donc n’avaient pas participé à leur édification. Ainsi les États africains n’avaient jusque-là pas de levier pour défendre les intérêts de leur peuple au sein de ces institutions qui demeurent sous domination occidentale, notamment américaine.Il faut avoir à l’esprit, poursuit Édouard Bizimana, que "ces politiques du FMI et de la Banque mondiale ont empêché les Africains d’accéder aux technologies avancées, tout en favorisant le pillage des ressources pour le service de la dette, créant au passage l’illusion d’une surpopulation en Afrique. Alors qu’en réalité, ce sont les moyens de subsistance qui manquent relativement à l’augmentation de la population totale, dans un continent aux richesses et potentiels infinis. Voilà le terreau sur lequel se nourrit le terrorisme, dans un climat de faiblesse des systèmes éducatifs et de perte de repères, dû à une méconnaissance de l’histoire civilisationnelle de l’Afrique par la jeune génération".L’Afrique peut-elle "renaître de ses cendres"?En 1978, l’historien camerounais Ebenezer Kotto Essomé publia dans Sciences et vie une série d’études, levant le voile d’une manière inédite sur l’histoire véritable de l’Afrique qui se tient aux antipodes des mythes séculaires véhiculés par une mentalité néocolonialiste, malheureusement rappelés plusieurs fois par des chefs d’État occidentaux en Afrique même.Enfin, il affirme que "contrairement au concept de +négritude+ dans lequel certains ont tenté d’enfermer les Africains, l’Afrique est un phénix qui a les moyens de renaître de ses cendres, pour peu qu’il y en dispose. Actuellement, l’émergence d’un monde multipolaire mené par la Chine, la Russie et les États-Unis offre une chance inouïe aux pays africains pour sortir des griffes du néocolonialisme, en imposant d’une manière lucide, sans angélisme ni diabolisation, à tous leurs partenaires la prise en compte effective des intérêts de leurs peuples dans un cadre gagnant-gagnant"."Sans aucun complexe, nous voulons notre place dans la maîtrise des hautes technologies: les TIC, le spatial, le nucléaire civil, l’agriculture, la médecine et les équipements médicaux, les transports rapides, les énergies renouvelables, l’eau potable, l’industrie transformatrice, etc.", conclut-il.*Organisations terroristes interdites en Russie
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L’Afrique, "un phénix qui a les moyens de renaître de ses cendres"
"Contrairement au concept de +négritude+ dans lequel certains ont tenté d’enfermer les Africains, l’Afrique est un phénix qui a les moyens de renaître de ses cendres", affirme à Sputnik l’ambassadeur du Burundi à Moscou, analysant les origines du terrorisme en Afrique de l’Est à l’aune de "l’émergence d’un monde multipolaire".
En plus du Sahel, la région des Grands Lacs en Afrique de l’Est est également sujette aux activités destructrices des mouvements terroristes qui se développent sur fond de paupérisation économique et sociale, marquée par une pauvreté grandissante de pans entiers de populations dans les pays de la région. Ceci s’ajoute aux graves problèmes ethniques qui compliquent davantage la situation.
L’un des groupes les plus actifs dans cette région est les Forces démocratiques alliées (ADF), né en 1990. En 2013, les ADF ont basculé dans des activités terroristes avant d’annoncer en 2018 leur filiation au mouvement Daech*. Ainsi, le 21 septembre 2021, à l’occasion de la 76e session ordinaire de l’assemblée générale de l’Onu, le chef de l’État congolais Félix Tshisekedi, également président à l’époque de l’Union africaine (UA), a appelé au maintien de la Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco), rappelant le devoir de soutien mutuel des pays de l’Onu face au terrorisme. Engagés dans la lutte antiterroriste depuis près d’une décennie en Afrique, la France, notamment dans le cadre de la Force G5 Sahel, et les États-Unis semblaient être, selon plusieurs experts, les pays auxquels s’adressait le discours du Président Tshisekedi.
Où en est la situation aujourd’hui? Quelles politiques de lutte contre ce fléau mènent les pays de la région? Y a-t-il des connexions avec ce qui se passe en Afrique centrale et au Sahel? Comment lutter contre le terrorisme à l’aune des impacts des nouveaux équilibres entre les grandes puissances?
Pour répondre à ces questions, Sputnik a sollicité l’ambassadeur du Burundi en Russie, son excellence Édouard Bizimana. Pour lui, "le terrorisme est un phénomène mondial qui a également ses ramifications en Afrique, dont la région des Grands Lacs. Le terrorisme affaiblit et désorganise tous les pays africains où il opère, créant les conditions d’un pillage soutenu des ressources du continent par les grandes entreprises transnationales". Par ailleurs, il souligne que "seuls les Africains peuvent, s’ils le décident dans un cadre concerté et unifié, changer la donne sur le plan culturel, politique, économique, social et sécuritaire".
"Faire tomber les gouvernements des pays ciblés"?
"L’origine du terrorisme en Afrique de l’Est, dont dans la région des Grands Lacs, remonte aux années 1990, notamment après les attentats, en 1998, contre les ambassades américaines à Nairobi, au Kenya, et à Dar es -Salaam, en Tanzanie, où l’empreinte d’Al-Qaïda* dans cette région du continent est apparue dans toute son ampleur", expose M.Bizimana, rappelant qu’avant "cette date fatidique, ce phénomène était restreint à la Corne de l’Afrique".
Et d’ajouter que "c’est à partir de la Corne de l’Afrique que le terrorisme s’est étendu par la suite à toute la région du Sahel, notamment le Mali depuis 2013, et beaucoup d’autres pays du continent. Ainsi, dans le sillage de cette propagation sont apparus plusieurs groupes d’obédience islamiste djihadiste comme Al-Qaïda au Maghreb islamique* (AQMI), le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest* (MUJAO), Ansar Dine* et Boko Haram*, pour ce qui est de l’Afrique de l’Ouest, et enfin les Shebabs* sur la Corne de l’Afrique, affectant au passage la République centrafricaine et le lac Tchad".
Dans le même sens, il explique que "ces groupes terroristes issus de diverses origines nourrissaient un objectif politique commun: faire tomber les gouvernements des pays ciblés pour les remplacer par des Républiques islamiques appliquant la Charia. Ces mouvements terroristes recrutaient généralement au sein des populations défavorisées, profitant de leur situation socio-économique extrêmement fragilisée".
Par ailleurs, "il ne fait pratiquement aucun doute que des connexions et des collaborations se sont nouées entre ces groupes terroristes, dont plusieurs avaient fusionné, notamment en mars 2017, dans la région du Sahel". Selon lui, "tous les pays africains de l’Est touchés par le terrorisme, dont le Burundi, ont mis en place des stratégies de lutte contre ce fléau. Il y a également des coopérations qui ont été mises sur pied, à un certain degré, entre les pays de la région en termes de lutte antiterroriste, cependant elles demeurent en deçà du niveau nécessaire pour l’éradiquer totalement".
Sans développement, le terrorisme continuera-t-il à prospérer?
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des institutions internationales comme les Nations unies, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, la Banque des règlements internationaux (BRI) avaient vu le jour au moment où pratiquement tous les pays africains étaient encore sous dominations coloniales, donc n’avaient pas participé à leur édification. Ainsi les États africains n’avaient jusque-là pas de levier pour défendre les intérêts de leur peuple au sein de ces institutions qui demeurent sous domination occidentale, notamment américaine.
À ce titre, l’interlocuteur de Sputnik estime que "ces institutions n’ont pas été d’un grand apport pour aider les pays africains à se développer. Au contraire, elles ont joué un rôle nocif en couvrant des opérations d’endettement asphyxiantes qui ont fini par ruiner le continent, en maintenant la quasi-totalité des pays dans la misère, le sous-développement et la domination néocoloniale. Tout le monde, en particulier les Africains, se rappelle des propos tenus en octobre 1979, à Belgrade, par Robert Mc Namara, ex-secrétaire américain à la Défense (1961-1968), alors président de la Banque mondiale, devant un parterre de banquiers internationaux. Il avait déclaré que la famine et la maladie étaient les plus anciens contrepoids – d'ailleurs toujours d’actualité – dressés par la nature à la croissance démographique".
Il faut avoir à l’esprit, poursuit Édouard Bizimana, que "ces politiques du FMI et de la Banque mondiale ont empêché les Africains d’accéder aux technologies avancées, tout en favorisant le pillage des ressources pour le service de la dette, créant au passage l’illusion d’une surpopulation en Afrique. Alors qu’en réalité, ce sont les moyens de subsistance qui manquent relativement à l’augmentation de la population totale, dans un continent aux richesses et potentiels infinis. Voilà le terreau sur lequel se nourrit le terrorisme, dans un climat de faiblesse des systèmes éducatifs et de perte de repères, dû à une méconnaissance de l’histoire civilisationnelle de l’Afrique par la jeune génération".
L’Afrique peut-elle "renaître de ses cendres"?
En 1978, l’historien camerounais Ebenezer Kotto Essomé publia dans Sciences et vie une série d’études, levant le voile d’une manière inédite sur l’histoire véritable de l’Afrique qui se tient aux antipodes des mythes séculaires véhiculés par une mentalité néocolonialiste, malheureusement rappelés plusieurs fois par des chefs d’État occidentaux en Afrique même.
"Il ne fait aucun doute que l’Afrique possède dans les entrailles de son histoire civilisationnelle un potentiel énorme à même de lui permettre un décollage économique, scientifique, technologique et culturel, comme elle l’avait fait auparavant en développant une civilisation qui avait toute sa place dans l’épopée humaine universelle", souligne M.Bizimana, ponctuant que "rien n’est moins vrai que cette assertion que l’Occident aurait le monopole du progrès et de la civilisation et que l’Afrique serait toujours en marge des deux. Les travaux d’Ebenezer Kotto Essomé ont bien mis à mal ces idées néocoloniales, mettant en avant les réalisations, entre le VIIIe et le Xe siècle, des royaumes africains du Tekrour le long du fleuve Sénégal, du Ghana entre les fleuves Sénégal et Niger, de Haoussa entre le fleuve Niger et le lac Tchad et enfin le royaume du Kanem, au nord de ce même lac Tchad".
Enfin, il affirme que "contrairement au concept de +négritude+ dans lequel certains ont tenté d’enfermer les Africains, l’Afrique est un phénix qui a les moyens de renaître de ses cendres, pour peu qu’il y en dispose. Actuellement, l’émergence d’un monde multipolaire mené par la Chine, la Russie et les États-Unis offre une chance inouïe aux pays africains pour sortir des griffes du néocolonialisme, en imposant d’une manière lucide, sans angélisme ni diabolisation, à tous leurs partenaires la prise en compte effective des intérêts de leurs peuples dans un cadre gagnant-gagnant".
"Sans aucun complexe, nous voulons notre place dans la maîtrise des hautes technologies: les TIC, le spatial, le nucléaire civil, l’agriculture, la médecine et les équipements médicaux, les transports rapides, les énergies renouvelables, l’eau potable, l’industrie transformatrice, etc.", conclut-il.
*Organisations terroristes interdites en Russie