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Djokovic expulsé: "Les pouvoirs du ministre de l’Immigration en Australie sont ceux de Dieu"

© AP Photo / Andy BrownbillNovak Djokovic
Novak Djokovic - Sputnik Afrique, 1920, 20.01.2022
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Malgré son départ forcé d’Australie, le tennisman Djokovic aurait toujours une possibilité de recours au droit international. C’est ce qu’affirme William Julié, avocat spécialiste en droits de l’homme et droit d’extradition, au micro de Rachel Marsden.
Un jour à peine avant le début de l’Open d’Australie Novak Djokovic, le tennisman le mieux classé au monde, a été expulsé du pays le 16 janvier. Ce jour-là, la Cour d’appel fédérale a en effet définitivement rejeté son recours contre son avis d’expulsion.
Devant la cour, le ministre australien de l’Immigration, Alex Hawke, avait affirmé craindre que "la présence continue de M. Djokovic en Australie peut conduire à une augmentation du sentiment antivaccination généré dans la communauté australienne, conduisant potentiellement à une augmentation des troubles civils". Pour William Julié, avocat spécialisé en droits de l’homme et droit d’extradition, l’affaire Djokovic est "une affaire judiciaire qui est devenue politique":
"Les pouvoirs du ministre de l’Immigration sont qualifiés de ‘pouvoirs de Dieu’ en Australie. Il a un pouvoir exorbitant. La décision d’annulation du visa repose sur trois motifs: risque sanitaire, recrudescence des troubles à l’ordre public, encourager le sentiment antivaccination."
En plus de son expulsion, le tennisman se voit interdit de séjour en Australie pendant trois ans. Il avait pourtant obtenu son visa sur la base d’une exemption médicale délivrée par Tennis Australia grâce à un test Covid positif datant de décembre et indiquant qu’il était naturellement immunisé.
Ce premier visa avait ensuite été annulé par le ministère de l’Intérieur à son arrivée à Melbourne, faute de preuve de double vaccination. Djokovic avait en effet laissé entendre qu’il n’avait pas pris les injections nécessaires pour se rendre dans l’un des régimes sanitaires les plus stricts de la planète.
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Le gouvernement australien, dans l’optique des élections fédérales d’avril prochain, a pris en compte la colère de certains de ses citoyens qui estimaient qu’il s’agissait d’un cas de "deux poids, deux mesures".
"La première raison de cette décision est une raison politique et électorale. La question de faire ou ne pas faire d’exception pour certains sujets s’est posée. La loi s’applique pour tout le monde et le politique doit montrer un exemple rigoureux", analyse l’avocat.
D’annulation en contre-annulation de son visa, le numéro un mondial n’aura finalement pu participer au grand chelem. Cela signifie-t-il qu’il est désormais interdit à un non-vacciné comme Djokovic de gagner sa vie? Il est loin d’être le seul à être privé de travail sur la base d’une décision personnelle à caractère médical.
Le cas échéant, existe-t-il d’autres recours, notamment en vertu du droit international et des droits de l’homme? William Julié explique que "ce qui a valeur obligatoire, c’est la loi", mais que cependant, d’autres voies existent pour le tennisman:
"La Déclaration universelle des droits de l’homme octroie aux individus des libertés comme celle de travailler. On a des protections qui figurent aussi dans d’autres textes comme le pacte international relatif aux droits civils et politiques. Est-ce qu’éventuellement Djokovic aurait un recours au-delà de ceux qu’il n’a plus en Australie? Est-ce qu’il pourrait saisir un groupe de travail de l’Onu, par exemple le comité des droits de l’homme qui est chargé de veiller au respect des dispositions du pacte international civile et politique? Il me semble que le mécanisme est possible. L’Australie est signataire du pacte en question et je pense qu’il y aurait une possibilité de soulever l’argument pour avoir un arbitrage."
D’après l’avocat, un tel recours, si Djokovic décidait de le déclencher, pourrait avoir un impact mondial important et faire jurisprudence:
"C’est un sujet qui concerne des salariés. Cela pourrait créer un précédent et il est vrai que pour le moment, il ne me semble pas qu’il y ait déjà eu un arbitrage international sur ces questions-là, qui sont très vives pour les droits de l’homme."
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