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Covid-19

Pénuries en vue? La vaccination obligatoire des camionneurs menace l’économie nord-américaine

© REUTERS / CARLOS OSORIOUn médecin se prépare à administrer une dose du vaccin de Pfizer/BioNTech (archive photo)
Un médecin se prépare à administrer une dose du vaccin de Pfizer/BioNTech (archive photo) - Sputnik Afrique, 1920, 14.01.2022
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À partir du 15 janvier, tous les camionneurs canadiens et américains devront être vaccinés pour entrer au pays de l’érable. Pour l’économiste Louis-Philippe Rochon, la mesure fait peser un risque majeur sur les chaînes d’approvisionnement.
"Le gouvernement Trudeau fait le calcul que les Canadiens sont prêts à accepter des pénuries sur les étagères des épiceries", souligne d’entrée de jeu Louis-Philippe Rochon, économiste à l’Université laurentienne, dans la province ontarienne au Canada.
Le 13 janvier en soirée, Ottawa a confirmé que les camionneurs canadiens devraient être placés en quarantaine s’ils revenaient des États-Unis sans avoir préalablement relevé leur manche au moins deux fois. Concrètement, cela signifie qu’ils ne pourront plus exercer leur métier normalement. Quant à leurs collègues américains, l’entrée leur sera refusée s’ils n’ont pas été vaccinés "adéquatement", c’est-à-dire avec deux doses minimum. Une décision qui pourrait vite mettre en péril une bonne partie des échanges commerciaux entre les deux voisins:
"C’est clair qu’il y a un risque pour les chaînes d’approvisionnement. Il faut essayer de trouver un équilibre entre les risques sanitaires et les risques économiques. Comme citoyen, j’aurais envie de dire qu’il faut vacciner tous les camionneurs, mais comme économiste, je vois bien que le danger est grand aussi", souligne Louis-Philippe Rochon à notre micro.
Selon l’universitaire, les conséquences économiques pourraient être si grandes qu’il n’est pas impossible qu’Ottawa revienne sur sa décision, en accordant le droit aux camionneurs américains rebelles de franchir la frontière.

Des centaines de milliards de dollars en jeu

"Ottawa a tergiversé, car ça n’a pas dû être une décision facile à prendre", laisse-t-il tomber. Du côté américain, l’administration Biden laisse planer la date du 22 janvier comme ultimatum pour les chauffeurs canadiens non vaccinés, d’après les médias étatsuniens.
"Ottawa et Washington doivent sentir qu’ils ont l’appui de leurs populations pour serrer la vis aux chauffeurs non vaccinés. C’est une décision sanitaire et économique, mais aussi politique", poursuit le chercheur.
Selon les chiffres de l’Association du camionnage du Québec, en 2020, l’industrie du camionnage a fait transiter près de 70% des 648 milliards de dollars canadiens d’échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis, ce qui comprend les approvisionnements en alimentation et en biens essentiels.

Camionneurs, vecteurs d’épidémie?

En revanche, le déplacement constant d’un grand nombre de camionneurs non inoculés représenterait un risque sanitaire bien réel dont tiendrait compte Ottawa dans ce dossier:
"Des études montrent une corrélation entre la propagation de virus et le transport de marchandises. En Inde, une étude publiée en 1994 a déjà démontré un lien très clair entre la propagation du virus du sida et les routes qu’empruntaient les camionneurs dans le pays. Et Omicron se propage bien plus facilement que le VIH, car il n’a pas besoin de rapports sexuels", analyse le professeur.
L’Alliance canadienne du camionnage estime que 16.000 camionneurs qui font régulièrement la navette entre les deux pays pourront devoir abandonner leur métier s’ils persistent à refuser la vaccination. Une véritable catastrophe en vue, alors que l’industrie doit déjà composer avec un déficit de 18.000 chauffeurs par rapport aux besoins actuels, selon le même organisme.
Dans ce contexte, le président et chef de la direction de l’Alliance canadienne du camionnage, Stephen Laskowski, demande aux deux pays "de travailler ensemble" pour laisser tomber les exigences relatives à la vaccination.

Pénurie de camionneurs = pénurie de biens essentiels

Pour l’économiste Louis-Philippe Rochon, alors que l’inflation ne cesse de grimper, une pénurie de camionneurs accentuera encore plus la pression financière sur les familles canadiennes:
"Il y a déjà un problème. Il y a déjà un ralentissement. […] On voit dans les épiceries qu’il manque des produits. La mise à pied de camionneurs va empirer le problème", avertit le professeur à l’Université laurentienne.
En date du 1er janvier 2022, plus de 76% des Canadiens avaient été vaccinés "adéquatement" contre le Covid-19. Un nombre qui s’élève aujourd’hui à un peu moins de 63% au pays de l’Oncle Sam.
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