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Pourparlers Russie-Occident: "Il vaut mieux tenir l’UE à l’écart, sinon on n’avance pas"
Pourparlers Russie-Occident: "Il vaut mieux tenir l’UE à l’écart, sinon on n’avance pas"
Sputnik Afrique
Malgré les protestations des responsables bruxellois, l’UE n’a pas été conviée à la table des négociations entre Washington et Moscou. Pierre Lorrain justifie... 12.01.2022, Sputnik Afrique
2022-01-12T19:00+0100
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Les États-Unis et la Russie discuteraient-ils de la sécurité des Européens dans leur dos? C’est en tout cas ce dont semblent se plaindre Bruxelles et les européistes à propos des pourparlers ouverts le 10 janvier entre Moscou et les Occidentaux. "Nous ne sommes plus au temps de Yalta!" aurait ainsi "récemment" écrit le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, à tous les ministres des Affaires étrangères des États membres, relate le New York Times.Dans ce courrier, que le quotidien américain a pu consulter, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité demande aux vingt-sept ministres de s’organiser en marge des négociations entre Américains et Russes. "Notre objectif principal devrait être d'assurer l'implication de l'UE dans le processus", insiste Borrell. Un courrier qui "n'a pas été bien accueilli par tous les ministères", à en croire le média new-yorkais.L’UE, adepte du "kamasutra politique"?"Le problème de Borrell, c’est qu’il veut exister", réagit auprès de Sputnik le journaliste Pierre Lorrain, spécialiste de l’URSS, du monde post-soviétique et de la Russie. "Ce courrier est une manière de dire: "Regardez je veux trouver des solutions et ce sont les États-membres qui ne veulent pas"", poursuit notre intervenant. Selon lui, l’absence d’invitation adressée à Bruxelles tant par Moscou que Washington ne tient pas du camouflet, mais simplement de la "Realpolitik".Aux yeux de notre interlocuteur, il serait contre-productif de convier le représentant d’une organisation dont les vingt-sept membres sont incapables d’aboutir à un consensus vis-à-vis de la Russie. À quoi bon parvenir à un accord avec l’Union européenne si, "ensuite, les États membres se divisent au moment de le ratifier", renchérit-il. Et, du côté des Américains, "il vaut mieux tenir l’UE à l’écart, sinon on n’avance pas", ajoute-t-il encore. Une absence de cohérence de Bruxelles que, de son côté, la diplomatie moscovite a déjà qualifiée de "schizophrénie" ou encore de "kamasutra politique".En somme, convier des instances européennes en quête de légitimité reviendrait, au mieux, à une perte de temps ou, au pis, à un sabordage des pourparlers. Un luxe que ni Washington ni Moscou ne peuvent se permettre après huit ans d’escalade.Bruxelles, non; les Européens, oui!Pour autant, le fonctionnaire européen n’en est pas à son coup d’essai. "Rien" ne sera décidé "si nous ne sommes pas là", confiait déjà fin décembre Josep Borrell au quotidien allemand Die Welt. Il faut direqu’Antony Blinken, secrétaire d’État américain, l’avait assuré une semaine plus tôt qu’aucune décision ne serait prise sans concertation avec les Européens.L’UE incontournable dans la résolution de la crise ukrainienne qui mine les relations Est-Ouest? Un mantra repris par Ursula von der Leyen: "Quelle que soit la solution, elle doit passer par l’Europe", affirmait-elle depuis l’Élysée le 7 janvier. Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes, reprenait en chœur sur CNews: "Les Européens ne doivent pas être absents de la table des négociations." Une proclamation martelée la veille même de l’ouverture des pourparlers!Pour autant, de fait, rien n’oblige les États-membres à laisser la main à Bruxelles en matière diplomatique, insiste Pierre Lorrain. À ses yeux, Josep Borrell est plus un "porte-parole" du Conseil européen qu’un ministre des Affaires étrangères de l’UE.Car, que l’on ne s’y trompe pas, les Européens participent bel et bien aux négociations.Après un premier round lundi à Genève entre Russes et Américains, respectivement emmenés par Sergueï Riabkov et Wendy Sherman, une réunion Otan-Russie s’est ouverte ce mercredi 12 janvier à Bruxelles. Jeudi, à Vienne, se tiendra une rencontre de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Ce format permettra à ses cinquante-sept membres –dont les vingt-sept membres de l’UE– de contribuer aux tractations sur l’architecture de sécurité du continent.L’OSCE: "un retour aux sources", salue Pierre Lorrain. À ses yeux, il s’agit du meilleur format pour parvenir à une désescalade en Europe. En effet, cette organisation internationale a été créée dans les années 1970 à la suite des accords d’Helsinki. Elle a constitué l’"amorce" de la politique de détente entre l’Occident et l’URSS. Un pedigree de bon augure par les temps qui courent...
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Pourparlers Russie-Occident: "Il vaut mieux tenir l’UE à l’écart, sinon on n’avance pas"
Malgré les protestations des responsables bruxellois, l’UE n’a pas été conviée à la table des négociations entre Washington et Moscou. Pierre Lorrain justifie l’absence de l’Union par le besoin d’aboutir dans ces échanges. Un éclairage implacable!
Les États-Unis et la Russie discuteraient-ils de la sécurité des Européens dans leur dos? C’est en tout cas ce dont semblent se plaindre Bruxelles et les européistes à propos des pourparlers ouverts le 10 janvier entre Moscou et les Occidentaux. "Nous ne sommes plus au temps de Yalta!" aurait ainsi "récemment" écrit le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, à tous les ministres des Affaires étrangères des États membres, relate le New York Times.
Dans ce courrier, que le quotidien américain a pu consulter, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité demande aux vingt-sept ministres de s’organiser en marge des négociations entre Américains et Russes. "
Notre objectif principal devrait être d'assurer l'implication de l'UE dans le processus", insiste Borrell. Un courrier qui "
n'a pas été bien accueilli par tous les ministères", à en croire le média new-yorkais.
L’UE, adepte du "kamasutra politique"?
"Le problème de Borrell, c’est qu’il veut exister", réagit auprès de Sputnik le journaliste Pierre Lorrain, spécialiste de l’URSS, du monde post-soviétique et de la Russie. "Ce courrier est une manière de dire: "Regardez je veux trouver des solutions et ce sont les États-membres qui ne veulent pas"", poursuit notre intervenant. Selon lui, l’absence d’invitation adressée à Bruxelles tant par Moscou que Washington ne tient pas du camouflet, mais simplement de la "Realpolitik".
"Pourquoi inviter à une table de négociations un monsieur qui va arriver avec, au-dessus de sa tête, l’épée de Damoclès des États-membres qui vont peut-être refuser ce qu’il aura décidé?" réagit auprès de Sputnik le journaliste Pierre Lorrain, spécialiste de l’URSS, du monde post-soviétique et de la Russie. "Personne ne va lui donner un blanc-seing", insiste-t-il.
Aux yeux de notre interlocuteur, il serait contre-productif de convier le représentant d’une organisation dont les vingt-sept membres sont incapables d’aboutir à un consensus vis-à-vis de la Russie. À quoi bon parvenir à un accord avec l’Union européenne si, "ensuite, les États membres se divisent au moment de le ratifier", renchérit-il.
Et, du côté des Américains, "
il vaut mieux tenir l’UE à l’écart, sinon on n’avance pas", ajoute-t-il encore. Une absence de cohérence de Bruxelles que, de son côté, la diplomatie moscovite a déjà qualifiée de "
schizophrénie" ou encore de "
kamasutra politique".
En somme, convier des instances européennes en quête de légitimité reviendrait, au mieux, à une perte de temps ou, au pis, à un sabordage des pourparlers. Un luxe que ni Washington ni Moscou ne peuvent se permettre après huit ans d’escalade.
Bruxelles, non; les Européens, oui!
Pour autant, le fonctionnaire européen n’en est pas à son coup d’essai.
"Rien" ne sera décidé "
si nous ne sommes pas là", confiait déjà fin décembre Josep Borrell au quotidien allemand
Die Welt. Il faut direqu’Antony Blinken, secrétaire d’État américain, l’avait assuré une semaine plus tôt qu’aucune décision ne serait prise sans concertation avec les Européens.
L’UE incontournable dans la résolution de la crise ukrainienne qui mine les relations Est-Ouest? Un mantra repris par Ursula von der Leyen:
"Quelle que soit la solution, elle doit passer par l’Europe", affirmait-elle depuis l’Élysée le 7 janvier. Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes, reprenait en chœur sur
CNews: "
Les Européens ne doivent pas être absents de la table des négociations." Une proclamation martelée la veille même de l’ouverture des pourparlers!
Pour autant, de fait, rien n’oblige les États-membres à laisser la main à Bruxelles en matière diplomatique, insiste Pierre Lorrain. À ses yeux, Josep Borrell est plus un "porte-parole" du Conseil européen qu’un ministre des Affaires étrangères de l’UE.
"Josep Borrell n’est pas dans son rôle et les États-Unis et la Russie savent très bien qu’il ne peut pas négocier avec l’UE. Américains et Russes négocieront avec les pays européens, individuellement ou collectivement, dans un cadre où ils seront tous égaux."
Car, que l’on ne s’y trompe pas, les Européens participent bel et bien aux négociations.
Après un premier round lundi à Genève entre Russes et Américains, respectivement emmenés par Sergueï Riabkov et Wendy Sherman, une réunion Otan-Russie s’est ouverte ce mercredi 12 janvier à Bruxelles. Jeudi, à Vienne, se tiendra une rencontre de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Ce format permettra à ses cinquante-sept membres –dont les vingt-sept membres de l’UE– de contribuer aux tractations sur l’architecture de sécurité du continent.
L’OSCE: "un retour aux sources", salue Pierre Lorrain. À ses yeux, il s’agit du meilleur format pour parvenir à une désescalade en Europe. En effet, cette organisation internationale a été créée dans les années 1970 à la suite des accords d’Helsinki. Elle a constitué l’"amorce" de la politique de détente entre l’Occident et l’URSS. Un pedigree de bon augure par les temps qui courent...