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Covid-19

"Mesures irréalisables", "totalement folles": parents et profs unis contre les protocoles Covid

© AP Photo / Thibault CamusDes enfants dans une école française
Des enfants dans une école française - Sputnik Afrique, 1920, 12.01.2022
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Le protocole pour les cas Covid positifs à l’école évolue sans cesse. Déboussolés, les enseignants ont appelé à la grève le 13 janvier, soutenus par de nombreux parents touchés par ces mesures. Témoignages.
La gestion de la crise sanitaire à l’école par Jean-Michel Blanquer est parvenue à fédérer contre elle tous les syndicats de l’Éducation nationale dans la grève du 13 janvier. De plus, les réseaux sociaux se font l’écho du soutien massif des parents d’élèves au mouvement.
Même le Premier ministre l’a admis: pour les enfants de moins de 12 ans, c’était "une véritable usine à gaz". Arguant de l’augmentation des hospitalisations d’enfants, le ministère de l’Éducation nationale avait imposé une stratégie de tests multiples. Jusqu’au matin du 11 janvier, le protocole exigeait le retrait immédiat d’un enfant s’il était "cas contact", avec un test antigénique ou PCR le jour même, suivi de deux autotests à la maison, à J+2 et J+4.
Un dispositif qui n’a pas manqué de créer une véritable "pagaille à l’école". Les parents obligés de tout lâcher pour récupérer leur enfant à l’école, les files d’attente interminables dans des labos en sous-effectifs, des élèves traumatisés par les tests à répétition… Le soir du 10 janvier, 10.000 classes avaient été fermées et 50.000 cas officiellement recensés.
Ainsi Jean Castex a-t-il annoncé "trois dispositifs d’assouplissement" du protocole, qui vise toujours à "laisser le maximum d’écoles ouvertes" tout en limitant la pandémie. Désormais, l’établissement pourra garder l’enfant "cas contact" jusqu’à la fin de la journée. Ensuite, trois autotests suffiront, sans avoir à se déplacer en laboratoire ou pharmacie, suivis d’une seule attestation. Plus de files d’attente, donc.

"Ça “saoule” les enfants"

Reste que ces allègements "ne changeront pas grand-chose", estime Clémence, mère de deux enfants, de sept et neuf ans. Dans leur école, une fillette a été déclarée positive. Tous les élèves ont été gardés jusqu’à la fin de la journée, mais les parents ont été contraints de s’organiser pour une journée chômée le lendemain.
"Il s’agit de mesures totalement disproportionnées et je soutiens le mouvement [de grève, ndlr]", nous assure Clémence.
Si la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) appelle les parents d’élèves à ne pas envoyer leurs enfants à l’école publique jeudi prochain, les écoles privées hors contrat profitent de leur statut:
"Nous avons la chance de ne pas être obligés de suivre le protocole du ministère. Dépassés, nous avons fermé à partir du lundi, parce qu’on n’avait que quatre professeurs sur 13 la semaine dernière", détaille au micro de Sputnik Bénédicte, professeur d’une école primaire privée de Paris.
Néanmoins, les collègues de Bénédicte œuvrant dans le public affirment être sur la même longueur d’onde que les parents dans l’optique de la grève le 13 janvier prochain. "Ce sont des mesures [sanitaires, ndlr] irréalisables pour 80% des établissements et ça fait perdre énormément de temps et d’énergie", confirme Bérénice.

"Les maîtresses craquent"

Les mots "épuisement" et "exaspération" reviennent systématiquement dans les communiqués des syndicats, mais les parents n’en souffrent pas moins. Les témoignages du terrain pointent l’imperfection des protocoles successifs mis en place par le ministère de l’Éducation.
Madeleine, mère de deux filles de un et trois ans, qui habite en Saône-et-Loire (71), a contracté le Covid à la mi-décembre et au moment de la rentrée des classes 2022 ses deux filles ont fait quasiment 10 jours d’isolement, "là où le nouveau protocole n’en demande que sept". Elles ne pouvaient revenir que munies d’un test négatif.
"La crèche a fait de l’excès de zèle. Ils ont dit qu’ils suivaient l’ancien protocole qui préconisait 17 jours d’isolement en cas contact avec une personne covidée. Ils ont refusé de prendre ma fille à la crèche", explique Madeleine.
Or, impossible de trouver une pharmacie à proximité réalisant un test salivaire pour ses filles. Et encore, même si elle avait existé, "c’est absolument impossible de faire cracher un enfant de 17 mois dans un tube", souligne la mère. Résultat des courses, elle a été obligée de garder sa petite fille toute la semaine à la maison pour répondre aux exigences de la crèche.
À l’autre bout de France, "dans un petit village bien sympa" à côté d’Aix-en-Provence, Ludmila, mère de trois enfants de neuf, sept et trois ans, a accepté le protocole des tests avec résignation.
"Je le prends avec beaucoup de détachement et en disant que de toute façon, c’est totalement fou. Ça “saoule” les enfants, parce qu’ils ont autre chose à faire, mais à leur âge, ils ne sont pas encore dans la rébellion", explique Ludmila.
Pour les enseignants, c’est une autre histoire: "le plus dur, c’est dans les écoles où les maîtresses craquent".
"J’ai assisté à une scène où une maman a été un peu énervée, du coup la maîtresse a répondu qu’elle aimerait “enfin faire vraiment son métier” au lieu de gérer ces papiers administratifs. Est-ce que ce qu’ils ont mis en place va diminuer le Covid? Je ne suis pas sûre. Je ne suis pas une “anti-tout”, mais la confiance s’estompe", conclut Ludmila.
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