Transition au Mali: "il est nécessaire que la CEDEAO baisse le ton"
"De manière objective, lucide et rationnelle, il est déjà impossible d’organiser des élections au Mali en février 2022. Pourquoi la CEDEAO n’aiderait-elle pas le Mali à restaurer sa sécurité territoriale de sorte à pouvoir organiser des élections crédibles en lieu et place d’élections qui ne seraient possibles que dans une partie du pays avec des autorités qui n’auront qu’une emprise sur des portions du pays, notamment dans le centre et dans le nord? Au regard de cela, je me demande si l’organisation d’élections doit être la priorité dans ce pays d’autant que la CEDEAO sait que le Mali est en partie occupé par des terroristes", souligne le docteur Sylvain Nguessan, analyste politique et sécurité, directeur de l’Institut de stratégies d’Abidjan, interrogé par Sputnik.
Communiqué de la CEDEAO sur le Mali pic.twitter.com/K0Py0JSHeU
— ECOWAS-CEDEAO (@ecowas_cedeao) January 2, 2022
"Il est vrai que les +normes+ d’une transition se situent en général et au maximum autour de deux ans. Alors, quand l’exécutif malien demande à aller jusqu’en 2026, cela peut choquer l’imaginaire collectif. En même temps, je suis surpris que la seule arme que détient la CEDEAO dans les pays en crise soit des menaces d’embargo alors qu’il est de notoriété que ce type de sanctions n’atteint jamais véritablement les cibles. Un embargo contre le Mali ne fera pas souffrir les tenants du pouvoir, ni l’élite, ni même peut-être la classe moyenne, mais le petit peuple. Il est dommage que la CEDEAO, après plus de 45 ans d’existence, n’ait pour alternative que l’embargo contre un pays en crise", constate le politologue ivoirien.
Après les Assises Nationales de la Refondation, les autorités de la transition doivent convaincre la #CEDEAO des décisions prises lors de ces concertations. #Malihttps://t.co/Opg5neSe9U
— WADR (@WadrNews) January 3, 2022
"Il n’y a pas d’autre alternative que le compromis politique entre les deux parties. Les menaces n’y feront rien! La CEDEAO ne doit tirer aucun plaisir à voir nos cousins maliens souffrir de faim en plus des attaques terroristes qu’ils subissent au quotidien et qui ont déjà fait assez de morts. À mon avis, il est nécessaire que la CEDEAO baisse le ton et que les autorités maliennes donnent sa chance à cette recherche de compromis de sorte qu’une solution durable puisse être trouvée. Dans le contexte actuel, le bras de fer n’arrange personne. Pour la CEDEAO, il urge qu’à l’interne elle puisse trouver des mécanismes de résolution du type de crise auquel elle est confrontée avec le Mali et la Guinée", suggère le docteur Sylvain Nguessan.