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Réconciliation Alger-Paris, entre petits arrangements et calculs politiques
Réconciliation Alger-Paris, entre petits arrangements et calculs politiques
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Alger a renvoyé son ambassadeur à Paris, trois mois après son départ causé par des critiques de Macron sur le pouvoir algérien. Les gestes de l’Élysée en... 07.01.2022, Sputnik Afrique
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Entre Paris et Alger, la fin de la crise diplomatique? C’est ce que semble indiquer le retour de l’ambassadeur algérien dans la capitale française, quelques semaines avant le 60e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie (1954-1962). Le pays maghrébin avait rappelé son ambassadeur le 2 octobre dernier en réaction aux propos d’Emmanuel Macron, qui avait affirmé que l’Algérie s’était construite sur "une rente mémorielle [antifrançaise, ndlr.]", entretenue par "le système politico-militaire".Le président de la République avait également affirmé que "la construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française? Ça, c’est la question".Mea culpa de MacronCes déclarations avaient provoqué l’ire du gouvernement algérien. Le Président Abdelmadjid Tebboune avait dénoncé des propos qui auraient "rouvert un vieux conflit de manière totalement inutile." "Pourquoi a-t-il dit ça? Je pense que c’était pour des raisons électorales stratégiques", avait ajouté le chef d’État, dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. Aussi avait-il affirmé qu’il ne ferait pas "le premier pas" vers la France pour mettre un terme à cette crise diplomatique. C’est donc Paris qui a dû prendre les choses en main.Le 9 novembre, l’hôte de l’Élysée avait fait savoir qu’il "regrett [ait] les polémiques et les malentendus engendrés par les propos rapportés" et avait souligné son "plus grand respect pour la nation algérienne, pour son histoire et pour la souveraineté de l’Algérie". L’utilisation des mots "nation algérienne" par le Président dans cette déclaration est importante, tant sa remise en cause préalable à la colonisation est un sujet délicat pour l’Algérie, explique le chercheur.De plus, la visite de Jean-Yves Le Drian à Alger le 9 décembre, soit deux mois après le début cette crise, semble avoir été appréciée. La visite de 48 h du ministre français des Affaires étrangères n’avait pas été annoncée. Le chef de la diplomatie française en avait profité pour appeler à une "relation apaisée" entre les deux pays.Les calculs de ParisLe gouvernement algérien a également salué l’ouverture, avec quinze ans d’avance, des archives sur "les enquêtes judiciaires" de la guerre d’Algérie (1954-1962).Toutefois, l’élément qui aurait fait pencher la balance en faveur d’une détente serait bien moins médiatisé: "Paris aurait promis à Alger de contenir les mouvements du MAK [Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, ndlr] et de Rachad sur le territoire français", confie à Sputnik Yahia Zoubir en se référant à des sources diplomatiques algériennes. Le MAK et le Rachad sont considérés comme des "organisations terroristes" par Alger. Le mouvement séparatiste kabyle et l’organisation islamo-conservatrice sont honnis par le pouvoir algérien. La promesse française de les "contenir" sur le territoire français aurait convaincu l’Algérie de la sincérité de la démarche d’apaisement française, indique le géopolitologue.Les Algériens, d’origine ou de nationalité française, seraient près de trois millions sur le territoire français. Plus importante diaspora en France aujourd’hui, elle représente environ 13% de la population immigrée. Il est donc primordial pour Alger que les membres du Mak et du Rachad ne puissent pas s’organiser depuis la France pour ensuite agir en Algérie.Alger vote MacronReste que la décision de renvoyer l’ambassadeur algérien à Paris découle aussi d’un calcul politique de la part d’Alger, pense notre interlocuteur.En effet, les candidats à la droite d’Emmanuel Macron sont hostiles, voire très hostiles, à la politique de l’actuel Président sur la réconciliation des mémoires. Dans ce dossier délicat, Marine Le Pen a critiqué une politique de culpabilisation unilatérale des Français, ainsi que son amnésie sur les violences du FLN face aux civils et à l’armée française. Et Zemmour, qui rappelle régulièrement ses origines juives d’Algérie, conteste plus vivement encore l’existence de l’Algérie en tant que pays souverain avant la colonisation.Emmanuel Macron, quant à lui, même s’il s’est interrogé devant des Harkis sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française, reste moins catégorique. Ainsi a-t-il déclaré devant des Algériens que la colonisation constituait un crime contre l’humanité. Alger semblerait préférer l’"en même temps" présidentiel à ses alternatives de droite.
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Réconciliation Alger-Paris, entre petits arrangements et calculs politiques
15:24 07.01.2022 (Mis à jour: 18:07 10.01.2022) Alger a renvoyé son ambassadeur à Paris, trois mois après son départ causé par des critiques de Macron sur le pouvoir algérien. Les gestes de l’Élysée en direction de l’Algérie et le contexte des Présidentielles en France expliquent ce revirement.
Entre Paris et Alger, la fin de la crise diplomatique? C’est ce que semble indiquer le retour de l’ambassadeur algérien dans la capitale française, quelques semaines avant le 60e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie (1954-1962). Le pays maghrébin avait rappelé son ambassadeur le 2 octobre dernier en réaction aux
propos d’Emmanuel Macron, qui avait affirmé que l’Algérie s’était construite sur "
une rente mémorielle [antifrançaise, ndlr.]", entretenue par "
le système politico-militaire".
Le président de la République avait également affirmé que "la construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française? Ça, c’est la question".
Ces déclarations avaient provoqué l’ire du gouvernement algérien. Le Président Abdelmadjid Tebboune avait dénoncé des propos qui auraient "rouvert un vieux conflit de manière totalement inutile." "Pourquoi a-t-il dit ça? Je pense que c’était pour des raisons électorales stratégiques", avait ajouté le chef d’État, dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. Aussi avait-il affirmé qu’il ne ferait pas "le premier pas" vers la France pour mettre un terme à cette crise diplomatique. C’est donc Paris qui a dû prendre les choses en main.
"Les Algériens ont apprécié certains gestes de la France depuis le début de cette crise", explique au micro de Sputnik le géopolitologue algérien Yahia Zoubir.
Le 9 novembre, l’hôte de l’Élysée avait fait savoir qu’il "regrett [ait] les polémiques et les malentendus engendrés par les propos rapportés" et avait souligné son "plus grand respect pour la nation algérienne, pour son histoire et pour la souveraineté de l’Algérie". L’utilisation des mots "nation algérienne" par le Président dans cette déclaration est importante, tant sa remise en cause préalable à la colonisation est un sujet délicat pour l’Algérie, explique le chercheur.
De plus, la visite de Jean-Yves Le Drian à Alger le 9 décembre, soit deux mois après le début cette crise, semble avoir été appréciée. La visite de 48 h du ministre français des Affaires étrangères n’avait pas été annoncée. Le chef de la diplomatie française en avait profité pour appeler à une "relation apaisée" entre les deux pays.
Le gouvernement algérien a également salué l’ouverture, avec quinze ans d’avance, des archives sur "
les enquêtes judiciaires" de
la guerre d’Algérie (1954-1962).
"Tout cela a fait baisser les tensions", explique notre interlocuteur.
Toutefois, l’élément qui aurait fait pencher la balance en faveur d’une détente serait bien moins médiatisé: "Paris aurait promis à Alger de contenir les mouvements du MAK [Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, ndlr] et de Rachad sur le territoire français", confie à Sputnik Yahia Zoubir en se référant à des sources diplomatiques algériennes. Le MAK et le Rachad sont considérés comme des "organisations terroristes" par Alger. Le mouvement séparatiste kabyle et l’organisation islamo-conservatrice sont honnis par le pouvoir algérien. La promesse française de les "contenir" sur le territoire français aurait convaincu l’Algérie de la sincérité de la démarche d’apaisement française, indique le géopolitologue.
Les Algériens, d’origine ou de nationalité française, seraient
près de trois millions sur le territoire français. Plus importante diaspora en France aujourd’hui, elle représente environ 13% de la population immigrée. Il est donc primordial pour Alger que les membres du Mak et du Rachad ne puissent pas s’organiser depuis la France pour ensuite agir en Algérie.
Reste que la décision de renvoyer l’ambassadeur algérien à Paris découle aussi d’un calcul politique de la part d’Alger, pense notre interlocuteur.
"Alger voit d’un mauvais œil la montée de la droite et de l’extrême droite à l’approche des élections présidentielles françaises. Dans ce contexte, la préférence d’Alger va vers Macron. Le gouvernement considère qu’il est préférable pour les intérêts algériens de ménager les relations avec l’actuel Président de la République", affirme le géopolitologue.
En effet, les candidats à la droite d’Emmanuel Macron sont hostiles, voire très hostiles, à la politique de l’actuel Président sur la réconciliation des mémoires. Dans ce dossier délicat, Marine Le Pen a critiqué une politique de culpabilisation unilatérale des Français, ainsi que son amnésie sur les violences du FLN face aux civils et à l’armée française. Et Zemmour, qui rappelle régulièrement ses origines juives d’Algérie, conteste plus vivement encore l’existence de l’Algérie en tant que pays souverain avant la colonisation.
Emmanuel Macron, quant à lui, même s’il s’est interrogé devant des Harkis sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française, reste moins catégorique. Ainsi a-t-il déclaré devant des Algériens que la colonisation constituait un crime contre l’humanité. Alger semblerait préférer l’"en même temps" présidentiel à ses alternatives de droite.