À Montréal, les SDF durement touchés par Omicron… et par les mesures sanitaires

© Photo AFPUn SDF à Paris
Un SDF à Paris - Sputnik Afrique, 1920, 05.01.2022
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À Montréal, le variant Omicron et les règles imposées aux centres d’hébergement sont une "catastrophe" pour les SDF, avertissent les associations. En plein hiver, le manque de ressources menace même la vie de certains d’entre eux.
"Nous allons vers une catastrophe humanitaire. Nous sommes au bord du gouffre et nous avons été pris par surprise. […] Beaucoup de gens risquent de décéder dehors cet hiver",s’inquiète Michel Monette, directeur général de CARE Montréal, un important centre d’aide et de réinsertion pour les sans-abri dans la métropole.

Pas de toit, pas de droit?

La situation est plus que critique, puisque la multiplication des cas d’Omicron force les centres d’hébergement à travailler avec du personnel réduit, souvent de moitié, et ce alors que le nombre de SDF ne cesse d’augmenter à Montréal. Au micro de Sputnik, Michel Monette dénonce "les angles morts" du gouvernement du Premier ministre québécois, François Legault, dans sa gestion de l’épidémie.
"Tout employé infecté doit rester chez lui et, chaque jour, j’ai quatre ou cinq employés déclarés positifs... Mon personnel tombe comme des mouches. Nous devons retirer des espaces et des lits. […] Chaque hiver, des itinérants meurent la nuit dehors à cause du froid. Les gouvernements savaient que la situation allait empirer depuis des mois, et ils n’ont rien fait pour corriger le tir", fustige le directeur général du centre CARE Montréal.
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À Montréal durant l’hiver, depuis des dizaines d’années, les SDF ont l’habitude d’aller passer la nuit dans un centre d’hébergement, notamment parce que les risques de souffrir d’hypothermie sont très élevés par temps froid. En janvier, dans la métropole québécoise, la température moyenne minimale est de -12°C et le mercure ne dépasse pas les -5 °C.

Les SDF beaucoup plus nombreux depuis la pandémie

Entre le 26 décembre 2021 et le 1er janvier dernier, vingt-sept lieux d’hébergement de sans-logis, parmi lesquels le centre CARE, ont constitués autant de… foyers de contamination au variant Omicron. Le manque de ressources était déjà criant avant la pandémie, souligne notre interlocuteur, et la crise sanitaire aurait multiplié les "nouveaux visages de l’itinérance"…
"Le gouvernement Legault prend des décisions pour la masse et ferme les yeux devant les dommages collatéraux. Les règles de distanciation ont privé les centres d’hébergement d’une grande quantité de places. Les lits superposés ne sont plus permis […]. Et maintenant, on se retrouve avec de plus en plus de personnes qui ont perdu des emplois précaires avec les fermetures de restaurants et de commerces", précise Michel Monette.
Le dernier recensement des SDF au Québec remonte à 2018 et il faisait état de 3.149 personnes en situation d’itinérance. En septembre 2020, le maire de Montréal, Valérie Plante, a toutefois annoncé que ce nombre avait doublé depuis le déclenchement de l’état d’urgence, en mars 2020.

Les abris de fortune prolifèrent sur les trottoirs

Cependant, selon Michel Monette, le nombre de sans-abri aurait continué à croître dans la métropole québécoise, ce qui porterait la population des SDF bien au-delà des 6.300 évoqués par l’édile montréalais dans son intervention.
"Dans tous les centres d’hébergement à Montréal, on refuse des gens chaque soir. Il y a donc des campements qui s’installent dans l’espace public pour que les gens se réchauffent. On allume des chandelles et ce genre de choses dans les tentes. Des abris hivernaux sont distribués par les centres comme le nôtre. […] Pour l’instant, les campements sont tolérés par la police", rappelle notre interlocuteur.
Depuis le 31 janvier dernier, un couvre-feu est de nouveau en vigueur dans toute la Belle Province. Entre 22h et 5h, les Québécois ne peuvent donc plus se trouver à l’extérieur de leur domicile à moins d’avoir à se déplacer pour le travail. Les contrevenants encourent une amende pouvant aller jusqu’à 6.000 dollars canadiens (4.180 euros).
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Les sans-abri sont exemptés de la règle, ce qui n’était pas le cas durant les premières semaines suivant l’instauration du premier couvre-feu, en janvier 2021. Fin janvier 2021, la Cour supérieure du Québec a suspendu l’application du couvre-feu pour les itinérants, jugeant que cette disposition leur causait un important préjudice. Le Premier ministre François Legault refusait d’en exempter les sans-logis.
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