Covid-19: "Le temps d’un éternuement, on a basculé dans un autre régime"

© AFP 2024 JOEL SAGETCovid 19 crise sanitaire
Covid 19 crise sanitaire - Sputnik Afrique, 1920, 24.12.2021
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Le conflit opposant la Pologne et l’UE et les interrogations posées par l’état d’urgence sanitaire en France ont remis au goût du jour "l’État de droit". Pour Ghislain Benhessa, il est urgent de reprendre la politique des mains des juges.
La Commission européenne a lancé, ce mercredi 22 décembre, une procédure d’infraction contre la Pologne. Le Tribunal constitutionnel polonais a jugé en octobre dernier que certains articles de traités de l’UE étaient contraires à la Constitution du pays. Pour Ghislain Benhessa, docteur en droit public, ce conflit juridique révèle la façon dont le "gouvernement des juges" se fait au détriment de la souveraineté des nations.
"Depuis soixante ans, on a mis la politique sous le radar des juges. À force de confier les clés du camion aux juges, on a conçu un monde juridique qui dérive de plus en plus vers l’appropriation du politique au travers des contrôles juridictionnels. Aujourd’hui, les juges ont pris le pouvoir", assène Ghislain Benhessa devant les caméras de Sputnik.
Une autre facette de ce même problème: le déroulement de la crise sanitaire en France, laquelle aurait marqué une nouvelle étape dans l’inflation normative et juridique. "Le temps d’un éternuement, on a basculé dans un autre régime. En deux ans, on en est venu à accepter que des libertés aussi fondamentales que la liberté de circulation ou la liberté du commerce et de l’industrie aient été mises en suspens avec une facilité déconcertante", avance l’auteur de Le totem de l’État de droit (éd. L’Artilleur).
Mais l’État de droit serait aussi une "notion tentaculaire", dont on discute inlassablement "sans jamais la définir véritablement". Avec ce paradoxe d’un État plus ou moins fort et autoritaire selon le contexte.
"Si l’État de droit abhorre les inégalités de genre, s’il a vocation à défendre les droits individuels à la pointe, s’il voit d’un mauvais œil toute législation musclée contre l’islamisme, il s’accommode plutôt bien de la mise sous cloche de la liberté de franchir les frontières de son domicile", illustre Benhessa.
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