Un ex-agent de la CIA appelle à cesser de considérer la Russie comme l’"empire du mal"

© AP Photo / Carolyn KasterCIA
CIA - Sputnik Afrique, 1920, 19.12.2021
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Alors que les tensions entre la Russie et l’Occident ne cessent de monter, un ancien agent de la CIA revient sur ses activités dans le renseignement et constate que Washington multiplie ces derniers temps ses "actes agressifs" contre la Russie, actes qu’il estime logique de "considérer comme menaçants".
Longtemps après la fin de la guerre froide, les États-Unis continuent de percevoir la Russie comme un "empire du mal", s’estimant être pour leur part "l'incarnation de la vertu", indique un ancien officier de la CIA dans un article pour le Washington Post. Joseph Weisberg se rappelle que lorsqu’il était entré dans le renseignement américain, il était décidé à livrer "une bagarre jusqu'au bout".
"Comme beaucoup de mes collègues de la CIA, je me consacrais à la destruction du KGB et, plus largement, du Goliath soviétique."
Il estime que c’était "génial d’avoir un ennemi" pour concentrer son énergie intellectuelle et morale sur celui-ci.
"Il ne faisait aucun doute que mon pays, et donc moi-même, était une pure incarnation de la vertu. Nous étions les bons gars, et j’étais l’un des bons."
Il explique que sa position était largement alimentée par la propagande et les messages antisoviétiques incessants intégrés dans la culture américaine pendant la guerre froide. Il insiste sur le fait que beaucoup d’Américains sont "toujours sous l’emprise de ces messages" qui affirment que la Russie est "inhabituellement agressive et moralement en faillite".
"J'ai finalement compris à quel point mes vues sur +l'empire du mal+ étaient simplistes", poursuit Joseph Weisberg.

Des "actes agressifs"

Après l’effondrement de l’Union soviétique, des points de vue plus complexes et nuancés sur l’histoire et la politique soviétiques ont commencé à s'épanouir dans le monde universitaire et le flot de nouvelles idées et perspectives émanant de la Russie post-soviétique a obligé à reconsidérer les idées enracinées sur l'URSS, poursuit-il. L'auteur estime dans ce contexte que les États-Unis restent coincés dans le passé.
"Tout comme pendant la guerre froide, nous nous considérons comme les bonnes victimes d’un adversaire immoral. Cette fois, l’État russe, personnifié par Vladimir Poutine, est l’ennemi unidimensionnel."
Mais, selon lui, au lieu d’essayer de comprendre le Président russe, "nous le réduisons à une force malveillante qui attaque notre nation en utilisant la propagande et le mensonge pour monter nos citoyens les uns contre les autres".
Il constate que, ces dernières années, les États-Unis se montrent très agressifs envers la Russie en faisant entrer dans l'Otan certaines anciennes Républiques soviétiques, en mettant en place un bouclier antimissile pour le placer dans des pays autrefois alliés de l’Union soviétique et en imposant "une série interminable de sanctions contre un grand nombre de Russes et d’intérêts russes".
"Que ces mesures soient justifiées ou non, il s’agit d’actes agressifs que toute personne ou État raisonnable pourrait considérer comme menaçants", ajoute-t-il pour conclure.
Ces derniers temps, les États-Unis, l’UE et l’Ukraine affirment souvent que Moscou préparerait une "invasion" de l'Ukraine. La Russie a plus d’une fois rejeté ces déclarations, soulignant qu'elle ne présentait aucune menace pour qui que ce soit et que le déplacement de ses troupes à l’intérieur du pays ne concernait personne. Le Kremlin a expliqué que ces attaques ne faisaient que servir de prétexte pour déployer toujours plus de matériel militaire et de forces de l'Otan à proximité immédiate des frontières russes.

"Nous devons nous parler"

Entretemps, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a déclaré que l’Otan examinerait les propositions de Moscou sur les garanties de sécurité, présentées le 17 décembre, pour "résoudre cette situation tendue dans laquelle nous sommes actuellement".
"Nous devons nous parler, ce qui signifie discuter des propositions avancées par la Russie. C’est juste et important."
Toutefois, "il n’est pas possible que la Russie impose ses vues aux partenaires de l’Otan", a-t-elle déclaré aux journalistes dans le cadre d’un déplacement en Lituanie, ajoutant que les propositions russes seraient examinées "la semaine prochaine".
Le 17 décembre, le ministère russe des Affaires étrangères avait publié les projets de deux documents sur les garanties de sécurité de la Russie avec les États-Unis et l’Otan. Les documents ont déjà été remis à Washington et à ses alliés.
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