Un collectif de gendarmes parle de harcèlements et de menaces pour les pousser à la vaccination
10:11 04.12.2021 (Mis à jour: 15:59 04.12.2021)
© AFP 2024 LOIC VENANCEUne infirmière prépare une injection
© AFP 2024 LOIC VENANCE
S'abonner
Un officier supérieur d’une trentaine d’années d’une compagnie de gendarmerie de Gironde a été relevé de son commandement opérationnel et a été sanctionné par une mutation sans "contact avec le public". Le refus de se faire immuniser contre le Covid est en cause. Le collectif "Gendarmes Libres" s’est prononcé sur la question au micro de Sputnik.
Après les soignants, les gendarmes voient leurs postes menacés en cas de refus de vaccin. Depuis le 15 septembre, tous les militaires sont concernés par l’obligation vaccinale.
En Gironde, un chef d’escadron commandant la compagnie de gendarmerie de Langon a été démis de son engagement opérationnel après avoir refusé de se faire injecter une solution anti-Covid, rapporte le 3 décembre Sud-Ouest. Un événement jugé "rare" dans les rangs des militaires.
Cet officier supérieur de 32 ans à la tête d’un effectif de 150 personnes a été d’abord sanctionné de 10 jours d’arrêt. Il a ensuite été muté à la Direction générale de la gendarmerie à Paris dans un poste sans "contact avec le public", selon le média.
"Quand on n’est pas vacciné chez les gendarmes et que l’on est à un poste qui implique un contact avec le public, on est retiré de ce poste", a noté la colonel Olivia Poupot, commandant le groupement de Gironde, citée par Sud-Ouest.
Comme le relate le quotidien, il sera remplacé le 2 janvier par la cheffe d’escadron Erika Escalin, qui occupe pour l’instant un poste dans la capitale.
Des sanctions prévues
La mise en place de l’obligation vaccinale est suivie par des sanctions en cas de non-respect. Les salariés ou les agents publics soumis à cette règle mais qui la refusent peuvent ainsi être suspendus, sans rémunération. Certains s’exposent même à des sanctions disciplinaires, comme c’était d’abord le cas du militaire concerné.
La réalité du terrain
Contacté par Sputnik, le collectif apolitique "Gendarmes Libres" a indiqué que beaucoup des leurs faisaient l’objet d’une mutation à cause du refus de la vaccination, en plus de sanctions disciplinaires, menaces et harcèlement.
Après que le vaccin anti-Covid est devenu obligatoire le 15 septembre pour cette branche, beaucoup de commandants d’unités élémentaires ont commencé à exiger le certificat de vaccination de leurs gendarmes et "ont réalisé des tableaux des vaccinés et non vaccinés". Ce qui est parfaitement interdit s’agissant des données médicales, stipule "Gendarmes Libres".
"Ceux refusant de répondre ou ceux se disant non vaccinés ont immédiatement été envoyés devant le médecin militaire. Celui-ci, faisant office de médecin du travail et suivant les directives de la DGGN, a délivré des certificats médico-administratifs où les gendarmes se voient mentionner soit une inaptitude totale au métier de gendarme soit une inaptitude au contact du public. À partir de là, le gendarme est mis "au placard" au sein de son unité", a révélé le collectif en ajoutant que "ses permanences sont ainsi redistribuées à ses camarades, ce qui créait inévitablement une animosité".
Quant aux menaces, il a été précisé qu’elles portaient sur le déroulement de carrière et la mutation dans l’intérêt du service:
"Il est clairement dit par les supérieurs hiérarchiques: soit tu te vaccines, soit on te mute à Paris ou au Blanc (dans la commune de Le Blanc où se trouve un centre de soutien de la gendarmerie). Ils sont également menacés de radiation, de ne pas être inscrits au tableau d’avancement (ce qui s’est passé). Ces agissements sont répétés. Beaucoup ont craqué et sont allés se faire vacciner, certains en pleurant".
Pour l’instant, 3% des gendarmes ne sont pas immunisés sur près de 101.000, soit environ 3.000.
Parlant des actions en justice entreprises contre la pression subie, "Gendarmes Libres" a fait savoir que plusieurs militaires avaient déposé plainte pour harcèlement et pour la tenue de fichiers illégaux.
"Mais ils sont peu nombreux car il n’est pas évident pour eux d’entamer une telle démarche".
Un soutien organisé
Tentant d’améliorer le quotidien des fonctionnaires concernés, le collectif affirme:
"Nous ne sommes qu’un mouvement mais nous avons créé des groupes de discussion qui ont permis aux gendarmes non vaccinés de discuter entre eux, de se rendre compte qu’ils étaient isolés dans leur unité mais qu’ils n’étaient pas seuls. L’échange d’informations, de connaissance des droits, de soutien moral ont permis d’éviter des drames et de rester motiver dans leur lutte".
Le collectif a informé qu’une "vraie résistance (pacifique)" s’est mise en marche: "Certains ont même décidé de créer une association professionnelle nationale de militaires (APNM) afin de combattre la défense des droits de l’intérieur. Celle-ci sera soumise à autorisation de la ministre des Armées très prochainement".