Le Président biélorusse parle des sanctions, des migrants et de son déplacement en Crimée

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Alexandre Loukachenko (photo d'archives) - Sputnik Afrique, 1920, 01.12.2021
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Les migrants à la frontière biélorusse, les sanctions contre son pays, ainsi que la Crimée et les armes russes, voici les sujets qui ont été abordés par le Président biélorusse, Alexandre Loukachenko, dans son interview à RIA Novosti.
Expliquant qu’il prévoyait un déplacement en Crimée où Vladimir Poutine l’a invité et évoquant la crise migratoire à la frontière biélorusse, le Président Loukachenko a également abordé les sujets du trafic d’armes illicite et des sanctions occidentales contre son pays, lors d’un entretien accordé à RIA Novosti.
Parlant des sanctions occidentales contre la Biélorussie, le Président a estimé leur impact comme "minimal" sur la croissance économique de son pays.
"Je ne peux pas donner de chiffres pour ces dommages. Nous essayons de minimiser [l'impact des sanctions, ndlr]. Naturellement, nous perdons quelque chose. Mais comparé à la façon dont nous avons travaillé cette année, c'est une somme dérisoire […] et je ne donne pas l'ordre de la compter, car cela coûterait plus cher de le faire", a assuré M.Loukachenko.
Il a expliqué par la suite que les entreprises n'avaient pas été fermées en Biélorussie pendant la pandémie et que les fabricants biélorusses avaient eu la possibilité de développer l'approvisionnement de leurs produits sur les marchés étrangers alors que d'autres États annonçaient un confinement.
Selon les statistiques officielles, de janvier à octobre 2021, le PIB du pays a augmenté de 2,4% par rapport à la même période l'année dernière. Fin novembre, l’adjoint de l'administration présidentielle, Dmitri Kroutoï, a admis que la pandémie et les sanctions occidentales affectaient la croissance économique du pays. Il a cependant ajouté: "Si vous regardez l'ensemble de tous les indicateurs -quantitatifs et qualitatifs- ce sont les meilleurs résultats de ces 12 dernières années".

Les armes russes

La Biélorussie a besoin de systèmes de défense antiaérienne et antimissile S-400 ou S-500 pour contrer d'éventuelles attaques, a estimé le Président. Il a noté qu’il y avait déjà un S-400 dans le pays, dans un centre de formation, et que Minsk prévoyait de demander au dirigeant russe de le laisser dans la république.
Alexandre Loukachenko a expliqué par la suite que ces structures servaient à étudier les autres armes et à apprendre à les utiliser au cas où. Il a évoqué que la Biélorussie possédait un système de missile Polonez mais que ce n’était pas exactement la même chose.

Déplacement en Crimée

En outre, lors de son entretien, le Président biélorusse a raconté qu’il envisageait une visite en Crimée où Vladimir Poutine l’avait déjà invité par le passé. Alexandre Loukachenko a souligné que pour lui, la Crimée était devenue russe de facto et de jure après le référendum de 2014, et a ajouté que son voyage signifierait la reconnaissance de la péninsule comme faisant partie de la Russie. Commentant la déclaration du Président biélorusse, le Kremlin a assuré qu'il la considérait comme très importante, tandis que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a précisé que la Biélorussie n'avait pas besoin d'adopter de lois spéciales pour reconnaître la Crimée comme russe.
De plus, M.Loukachenko a raconté que la Crimée était redevenue russe en 2014 sans combat parce que les militaires ukrainiens servant sur la péninsule à l’époque craignaient le déploiement des forces de l'Otan. Ainsi, ils ont eux-mêmes proposé à leurs collègues russes de prendre le contrôle de la région, d’après les dires du Président biélorusse. Selon lui, les Américains avaient déjà prévu des casernes à Sébastopol.
"De ce fait, ceux qui étaient en service militaire là-bas en Crimée, ils l'ont vu, des généraux et des officiers ukrainiens ex-soviétiques. Et ils l'ont offert aux Russes", a avancé l’homme politique.
Vladimir Poutine a insisté sur une solution juridiquement légale et a proposé un référendum, a précisé le Président biélorusse.

Le trafic d’armes

Les armes de contrebande, dont la tentative de transfert aux migrants à la frontière polonaise a été arrêtée par les forces spéciales biélorusses, provenaient d'Ukraine, et le trafic illicite a débuté avant la crise des réfugiés, selon Alexandre Loukachenko. Il a ajouté que les armes étaient destinées à être utilisées contre lui, le Président, la base militaire russe et les journalistes.
"Nous l'avons remarqué, je pense, il y a trois semaines, et nous avons commencé à le surveiller encore plus tôt. Ce trafic d'armes vient d'Ukraine, c'est une catastrophe. […] Et nous avons déjà montré à la télévision ces caches; nous avons arrêté des personnes", a-t-il dit.
Selon l’interlocuteur de l’agence, les gens qui sont derrière ce trafic illicite d’armes voulaient les utiliser pour organiser un affrontement dans le camp des migrants. Il a ajouté: "Si nous ne sécurisons pas ce camp maintenant, il deviendra comme d'autres camps de l'Union européenne, où il y a ces camps temporaires".

Les migrants et un couloir humanitaire vers l'UE

Se trouvent parmi les réfugiés à la frontière biélorusse-polonaise 200 enfants et autant de femmes et il est nécessaire d'ouvrir pour eux un couloir humanitaire vers l'Union européenne, estime le Président biélorusse.
"Qu'est-ce que c’est pour eux environ 2.000 [réfugiés, ndlr]? Ils sont environ 30.000, je pense, à traverser la Méditerranée, les Balkans seulement cette année. Qu'est-ce que c’est [pour les pays européens, ndlr] 1.500 ou 2.000 [personnes]? Rien!", s’est indigné M.Loukachenko lors de l’entretien.
"Je veux dire, nous avons étudié chaque famille, chaque personne, enfant et femme. Il y a environ 200 enfants et le même nombre de femmes. Les autres sont des hommes. Emmenez-les dans votre pays [les pays de l'UE, ndlr], il y a là de bonnes familles, éduquées dans leur grande majorité", a déclaré le Président biélorusse.
En novembre, un groupe de migrants -pour la plupart des Kurdes- s'est formé à proximité de la frontière entre la Biélorussie et la Pologne. Ses membres ont essayé de la franchir à un point de passage dans la région de Grodno, mais cette tentative a été arrêtée par les forces de sécurité polonaises. Les autorités biélorusses ont mis sur pied un centre de transport et de logistique dans les environs pour accueillir ces personnes.
Dans le même temps, certain des migrants restés sur le territoire de la Biélorussie, après avoir échoué à se rendre dans l'Union européenne, ont commencé à rentrer chez eux, à la fois par des vols d'évacuation et individuellement. Mais la plupart attendent toujours le corridor humanitaire vers l’Europe.
La Biélorussie est en conflit avec l'Union européenne au sujet des migrants depuis plusieurs mois. Sur fond d’accusations réciproques, la Pologne menace de fermer sa frontière avec la Biélorussie, par laquelle une partie du gaz russe est acheminée vers l'Europe. Les Polonais ont alors été invités à le faire pour voir qui en souffrirait le plus.
Pour sa part, la Pologne a prolongé le 30 novembre de trois mois l'interdiction d'accès à la région frontalière avec la Biélorussie, imposée en septembre après le début de la crise migratoire.
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