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Contesté en Afrique, Pékin couvre le continent de vaccins, d’investissements et de remises de dettes
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Sputnik Afrique
Pékin a promis un milliard de vaccins et des investissements mirobolants aux pays d’Afrique. Une générosité dictée par la méfiance croissante des Africains et... 01.12.2021, Sputnik Afrique
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Pékin frappe fort: un milliard de doses de vaccin anti-Covid-19, 10 milliards de dollars d'investissements d’entreprises chinoises pour industrialiser l'Afrique, 300 milliards de dollars d'importations supplémentaires de produits agricoles africains et l'annulation de la dette des pays les moins avancés pour 2021.Voilà ce qu’a promis la Chine aux pays africains à l’issue du Huitième Forum de coopération Afrique-Chine qui s'est achevé ce 30 novembre à Dakar, et auquel ont participé 53 des 54 pays du continent noir. Rien que ça!Celui-ci estime en effet que l’enveloppe mirobolante promise par la Chine à l’Afrique est le fruit de mutations politiques et géopolitiques du continent africains, gênantes pour la Chine.L’empire du Milieu a même essuyé quelques reproches durant ce forum. Par exemple, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a appelé à "rectifier" le partenariat entre la Chine et l’Afrique et à rééquilibrer les échanges commerciaux par-delà l’océan Indien. Dans le même registre, le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a insisté sur le "respect" dû à son continent.La confiance envers la Chine a été érodée par des affaires telles que le "Congo Hold-Up". Une convention signée entre la Chine et la RDC et qui devait permettre l’exploitation du sous-sol congolais en échange de la construction d’infrastructures (routes, hôpitaux…). Or, 43 milliards de dollars ont été détournés, enrichissant les sociétés chinoises et une classe politique congolaise corrompue.Le centre et la périphérieLa multiplication à différents niveaux de ce type d’affaires, mêlées a des investissements en dette plutôt qu’en fonds propres, et un "business model" qui profite davantage à la Chine, auraient ainsi brisé quelque chose au sein de certains gouvernements et certaines sociétés civiles africaines vis-à-vis de la Chine.D’après lui, de plus en plus d’acteurs africains se rendent compte qu’il y a "une asymétrie entre les exportations de l’Afrique vers la Chine constituées en majorité de matières premières". Dans l’autre sens, "les exportations chinoises de produits manufacturés vers l’Afrique représentent le double ou le triple en termes de valeur. Il y a un déficit commercial structurel."Pour le chercheur, il serait ainsi naïf de croire à la fable de la "communauté d’avenir partagé" dans le cadre d’une "coopération Sud-Sud" à l’impact "gagnant-gagnant".L’Afrique, arène géopolitiqueÀ cette première crispation économico-politique née en Afrique même, s’ajoute une concurrence géopolitique accrue sur le continent. En effet, de plus en plus de puissances étrangères se disputent les prometteurs marchés africains.Avec la Turquie, depuis 2003, le volume d’échanges commerciaux a sextuplé, passant de 4 à 26 milliards de dollars. Dans le même temps, le nombre d’ambassades turques en Afrique a grimpé en flèche, de 12 à 43. Avec l’Inde, les échanges commerciaux ont crû de 51,7 milliards de dollars en 2010-2011 à 66,7 milliards de dollars en 2019-2020. Au cours de la même période, les exportations africaines vers l'Inde ont également augmenté d'environ 5 milliards de dollars.Après le sommet Russie-Afrique de 2019 à Sotchi, le Président Poutine a affirmé que le développement de liens mutuellement bénéfiques avec les nations africaines "est désormais l'une des priorités de la politique étrangère de la Russie". Suivant cette rencontre, 92 accords d’une valeur de 13,95 milliards de dollars ont été signés. À ces nouveaux acteurs s’ajoutent les anciennes puissances coloniales, qui gardent un pied sur le continent. Après la Chine, la France et l’Allemagne sont les deux principaux exportateurs vers l’Afrique, avec respectivement 7.35% et 6.57% des parts de marché.Face à ces obstacles proprement africains et géopolitiques, "la Chine a besoin de revaloriser son image et elle le fait par ces annonces, en particulier à travers les vaccins", insiste Loup Viallet.La Chine reste, et de loin, le premier partenaire économique de l’Afrique. Amorcée au début des années 2000, sa stratégie continue de porter ses fruits. Hôte du sommet, le Sénégal a redit d’emblée son soutien au "principe d’une seule Chine". Pas question de crisper Pékin sur la question ultrasensible de Taïwan!La Chine conserve ainsi un accès privilégié à certains marchés dans de nombreux pays. Exemple phare de l’importance de la Chine aux yeux des Africains: en 2018, deux fois plus de présidents africains se sont rendus au sommet africain de la Chine qu'à l'assemblée générale des Nations unies la même année. 51 chefs d’État africains étaient à Beijing, tandis qu’ils n’étaient que 27 à New York.La relation Chine-Afrique, pour ne pas dire la Chinafrique, a donc de beaux jours devant elle.
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Contesté en Afrique, Pékin couvre le continent de vaccins, d’investissements et de remises de dettes
19:07 01.12.2021 (Mis à jour: 18:04 10.01.2022) Pékin a promis un milliard de vaccins et des investissements mirobolants aux pays d’Afrique. Une générosité dictée par la méfiance croissante des Africains et par un environnement géopolitique plus concurrentiel, selon le géopolitologue Loup Viallet.
Pékin frappe fort: un milliard de doses de vaccin anti-Covid-19, 10 milliards de dollars d'investissements d’entreprises chinoises pour industrialiser l'Afrique, 300 milliards de dollars d'importations supplémentaires de produits agricoles africains et l'annulation de la dette des pays les moins avancés pour 2021.
Voilà ce qu’a promis la Chine aux pays africains à l’issue du Huitième Forum de coopération Afrique-Chine qui s'est achevé ce 30 novembre à Dakar, et auquel ont participé 53 des 54 pays du continent noir. Rien que ça!
"La stratégie chinoise d’expansion en Afrique est en train de se gripper. D’où cette générosité chinoise, notamment sur les vaccins", explique le spécialiste de la géopolitique africaine, Loup Viallet.
Celui-ci estime en effet que l’enveloppe mirobolante promise par la Chine à l’Afrique est le fruit de mutations politiques et géopolitiques du continent africains, gênantes pour la Chine.
L’empire du Milieu a même essuyé quelques reproches durant ce forum. Par exemple, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a appelé à "rectifier" le partenariat entre la Chine et l’Afrique et à rééquilibrer les échanges commerciaux par-delà l’océan Indien. Dans le même registre, le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a insisté sur le "respect" dû à son continent.
La confiance envers la Chine a été érodée par des affaires telles que le "
Congo Hold-Up". Une convention signée entre la Chine et la RDC et qui devait permettre l’exploitation du sous-sol congolais en échange de la construction d’infrastructures (routes, hôpitaux…). Or, 43 milliards de dollars ont été détournés, enrichissant les sociétés chinoises et une classe politique congolaise corrompue.
Le centre et la périphérie
La multiplication à différents niveaux de ce type d’affaires, mêlées a des investissements en dette plutôt qu’en fonds propres, et un "business model" qui profite davantage à la Chine, auraient ainsi brisé quelque chose au sein de certains gouvernements et certaines sociétés civiles africaines vis-à-vis de la Chine.
"La demande chinoise en matières premières joue un rôle prépondérant dans le maintien du sous-développement africain. Bien que ce ne soit pas la seule raison", précise notre interlocuteur.
D’après lui, de plus en plus d’acteurs africains se rendent compte qu’il y a "une asymétrie entre les exportations de l’Afrique vers la Chine constituées en majorité de matières premières". Dans l’autre sens, "les exportations chinoises de produits manufacturés vers l’Afrique représentent le double ou le triple en termes de valeur. Il y a un déficit commercial structurel."
Pour le chercheur, il serait ainsi naïf de croire à la fable de la "communauté d’avenir partagé" dans le cadre d’une "coopération Sud-Sud" à l’impact "gagnant-gagnant".
L’Afrique, arène géopolitique
À cette première crispation économico-politique née en Afrique même, s’ajoute une concurrence géopolitique accrue sur le continent. En effet, de plus en plus de puissances étrangères se disputent les prometteurs marchés africains.
Avec
la Turquie, depuis 2003, le volume d’échanges commerciaux a sextuplé, passant de 4 à 26 milliards de dollars. Dans le même temps, le nombre d’ambassades turques en Afrique a grimpé en flèche, de 12 à 43. Avec l’Inde, les
échanges commerciaux ont crû de 51,7 milliards de dollars en 2010-2011 à 66,7 milliards de dollars en 2019-2020. Au cours de la même période, les exportations africaines vers l'Inde ont également augmenté d'environ 5 milliards de dollars.
Après le sommet Russie-Afrique de 2019 à Sotchi, le Président Poutine a affirmé que le
développement de liens mutuellement bénéfiques avec les nations africaines "
est désormais l'une des priorités de la politique étrangère de la Russie". Suivant cette rencontre, 92 accords d’une valeur de 13,95 milliards de dollars ont été signés. À ces nouveaux acteurs s’ajoutent les anciennes puissances coloniales, qui gardent un pied sur le continent. Après la Chine, la France et l’Allemagne sont les deux principaux exportateurs vers l’Afrique, avec respectivement
7.35% et 6.57% des parts de marché.
Face à ces obstacles proprement africains et géopolitiques, "la Chine a besoin de revaloriser son image et elle le fait par ces annonces, en particulier à travers les vaccins", insiste Loup Viallet.
La Chine reste, et de loin, le
premier partenaire économique de l’Afrique. Amorcée au début des années 2000, sa stratégie continue de porter ses fruits. Hôte du sommet, le Sénégal a redit d’emblée son soutien au "
principe d’une seule Chine". Pas question de crisper Pékin sur la question ultrasensible de Taïwan!
La Chine conserve ainsi un accès privilégié à certains marchés dans de nombreux pays. Exemple phare de l’importance de la Chine aux yeux des Africains: en 2018, deux fois plus de présidents africains se sont rendus au sommet africain de la Chine qu'à l'assemblée générale des Nations unies la même année. 51 chefs d’État africains étaient à Beijing, tandis qu’ils n’étaient que 27 à New York.
La relation Chine-Afrique, pour ne pas dire la Chinafrique, a donc de beaux jours devant elle.