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Covid-19

"Perdre le plus précieux": pourquoi le nombre de Russes et de Français heureux s'est accru?

© Sputnik . Alexeï Danitchev / Accéder à la base multimédiaDes Russes se promènent sur la place Rouge, Moscou
Des Russes se promènent sur la place Rouge, Moscou - Sputnik Afrique, 1920, 30.11.2021
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En 2021, 84% des Russes et 78% des Français se sentent heureux, plus que les années précédentes. Pour en trouver les raisons, Sputnik a contacté le psychologue clinicien russe Mikhaïl Khors. Selon lui, la dure réalité de l'épidémie a en effet appris aux populations à chérir les valeurs basiques.
En France et en Russie souffle un même vent de bonheur alors que l’épidémie se poursuit. Dans l'Hexagone, 78% des habitants se considèrent comme heureux, dont quatre sur dix très heureux, révèle un sondage Elabe et Montaigne. Soit dix points de plus qu'il y a trois ans.
En Russie, le nombre de personnes qui se disent heureuses a augmenté de trois points, indique le Centre russe d’étude de l'opinion VTsIOM: 84% cette année, contre 81% en 2020. 14% des Russes sondés ne le sont pas, en revanche.
Durant l’automne 2019, lorsque la pandémie ne faisait que commencer, cet indicateur s’établissait toujours à 81%.
Parmi les facteurs qui rendent les Russes heureux figurent la santé –la leur et celle de leurs proches- (29%), le fait d’avoir une famille (27%) et des enfants (22%). Une satisfaction générale de la vie et un bon travail ont récolté 21% et 20% respectivement.
D’où ces opinions plutôt radieuses dans le contexte de la crise sanitaire? Le directeur du développement stratégique du VTsIOM, Stépan Lvov, estime qu’aux Russes qui "cherchent toujours à rester optimistes" s’ajoutent actuellement ceux qui "ressentent les résultats de la lutte contre la menace mondiale: la pandémie".
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Quant aux Français, ils ont "redécouvert un certain nombre de choses qui apparaissent comme essentielles", constate sur France info Bernard Sananès, président du cabinet d’étude Elabe.
Si l’on creuse plus profond, le psychologue clinicien russe et écrivain Mikhaïl Khors y voit le fait que l’on a réappris à chérir ce que l’on a.
"Le sondage signifie que les Russes ont commencé à plus apprécier et à plus se réjouir de ce dont ils disposent, plutôt que le déprécier", explique-t-il dans un entretien à Sputnik.
"Quand l’individu apprécie plus ce qu’il a? D’habitude lorsqu’il peut en être privé. Voilà le Covid-19: il peut lui voler la santé et même la vie de ses proches: nos valeurs de base. Je suis persuadé qu’une partie de Russes, face au virus qui peut leur faire perdre le plus précieux, la vie ou la famille, ont commencé à mieux les apprécier."
Une conclusion à laquelle fait écho Bernard Sananès: alors que "la hiérarchie des valeurs [a] changé" pour les Français, "les totems de la société de consommation" tels que les voitures ou voyages sont devenus "presque dérisoires", affirme-t-il.

Perception "complètement erronée" du bonheur

En revanche, ce qui met des bâtons dans les roues de leur bonheur, c’est l’ambiance générale dans le pays (8%), des difficultés financières (7%), l’absence de stabilité (6%) et des problèmes familiaux (5%), selon les statistiques du VTsIOM.
Pour la moitié des Russes, leur entourage est composé d’un nombre égal de personnes heureuses et malheureuses. Selon 31% des interrogés, il y a plus d’heureux parmi leurs connaissances, contre 13% qui croient l’inverse.
Le bonheur est une conséquence de notre capacité à chérir le présent, souligne M.Khors. Or, l’approche la plus populaire, qui est "complètement erronée", est la suivante: la personne toujours se hâte et est convaincue qu’elle connaîtra le bonheur une fois qu’elle aura réussi.
"En pratique, c’est tout le contraire. Celui qui sait avoir du plaisir dans le moment présent a un progrès plus important", indique le psychologue. "Le bonheur donne de la ressource émotionnelle et il permet de réussir dans plus de domaines."

Stressant ou inattendu?

Les gens croient pour l’essentiel que le stress est dû à certaines conditions et situations, poursuit-il. Cependant, ils sont stressés "à cause de leur perception de ces évènements".
"La perception la plus populaire est: +Ce qui se passe actuellement est mauvais+. Et quand on demande pourquoi ce n’est pas bon, il s’avère qu’il y a une distorsion cognitive, une erreur logique: si quelque chose ne va pas comme on l’a prévu, c’est automatiquement classé comme +mauvais+".
Ainsi, la quantité du stress est réduite dans la vie une fois que l’on renonce à assimiler ces deux notions, "mauvais" et "autre", résume Mikhaïl Khors.
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