Une ville américaine condamnée à payer 25.000 dollars pour avoir changé le nom d’une avenue

© Photo Pixabay / DWilliamsUn drapeau américain
Un drapeau américain - Sputnik Afrique, 1920, 26.11.2021
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Le maire de Montgomery, la capitale de l’Alabama, a fait changer le nom de l’avenue Jefferson Davis, l’ancien Président des États confédérés. L’État fédéral lui a infligé une amende de 25.000 dollars en raison d’une loi de protection des monuments, selon Association Press. Le phénomène de "cancel culture" touche aussi la France.
Le nom de l’avenue Jefferson Davis à Montgomery, la capitale de l’État d’Alabama, ne plaisait pas à son maire afro-américain Steven Reed. Pour cause, Davis était le Président des États confédérés pendant la guerre de Sécession de 1861-1865. La ville est elle-même reconnue en tant que "berceau de la Confédération", affichant de nombreux monuments et noms en référence à cette période. L’État fédéral lui demande de verser une amende de 25.000 dollars, car l’élu viole une loi visant à protéger cet héritage, rapporte Associated Press (AP).
Fin octobre, l’avenue a été rebaptisée en Fred D. Gray, un avocat qui a défendu Rosa Parks et d’autres Afro-Américains poursuivis lors du mouvement des droits civiques. L’édile souhaitait davantage mettre à l’honneur le rôle clé de sa ville dans ce mouvement.
"Nous voulons honorer ces héros qui se sont battus pour rendre cette union aussi parfaite que possible. Quand je vois les nombreux symboles confédérés que nous avons dans la ville, cela envoie le message que nous nous concentrons sur la cause perdue, par opposition aux choses qui nous rassemblent sous le drapeau américain", plaide-t-il auprès d’AP.
M.Reed ne compte pas payer l’amende qui lui a été infligée au nom d’une loi de 2017 sur la protection des monuments commémoratifs de la Confédération. À l’époque, plusieurs villes tentaient déjà de supprimer des monuments et mémoriaux de guerre confédérés. C’est la première fois que cette loi est invoquée pour un nom de rue.
Des donateurs se sont déjà proposé de payer l’amende pour la ville, mais le maire n’écarte pas la possibilité de porter l’affaire devant les tribunaux. Les noms de deux écoles faisant référence à des Confédérés devraient eux aussi changer prochainement.

Cancel culture

Dans le sillage du mouvement Black Lives Matter, de nombreux monuments et noms faisant référence à des dirigeants controversés ont été retirés aux États-Unis, et cette tendance se poursuit encore aujourd’hui. Cette semaine, la statue du troisième Président des États-Unis Thomas Jefferson, qui trônait depuis 187 ans à l’hôtel de ville de New York, a été déboulonnée sur décision d’une commission publique. Ses liens avec les Confédérés et son passé de propriétaire d’esclaves ont joué contre lui.

En France

La cancel culture touche aussi l’Hexagone, où des statues et monuments de Colbert, Napoléon ou encore Voltaire sont régulièrement la cible de tags et autres dégradations. Le sujet est revenu dans l’actualité la semaine dernière avec une déclaration de l’ancienne secrétaire d’État Rama Yade dans L’Express qui n’est pas passée inaperçue: "Passer à Paris devant la figure de Colbert, ce grand ennemi de la liberté, dont la statue est devant l'Assemblée nationale, est une micro-agression".
Aux Sables-d’Olonne, en Vendée, la statue de l’archange Saint-Michel, qui donne son nom à la place où elle se trouve, fait l’objet d’une attaque en justice d’une association de défense de la laïcité qui réclame son retrait. Elle affirme que l’œuvre d’art impose "une préférence religieuse", et constitue dès lors un signe de prosélytisme. "Cette œuvre d’art a toute sa place aux Sables-d’Olonne; la “cancel culture” n’en a aucune. La Ville ne se laissera pas intimider", a défendu le maire dans Le Figaro.
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