"On en a marre qu’on se fiche de notre gueule": des féministes réclament la démission de Darmanin
08:52 26.11.2021 (Mis à jour: 18:21 10.01.2022)
© SputnikManifestation militantes féministes contre le gouvernement Castex
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Des collectifs féministes se sont rassemblés à Paris dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, tandis que la place Beauvau s’illuminait en orange pour l’occasion, rapporte le HuffPost. Ils ont réclamé la démission de Gérald Darmanin, visé dans deux affaires pour viol et abus de faiblesse.
Jeudi 25 novembre, le ministère de l’Intérieur était illuminé en orange à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Non loin de la place Beauvau, des collectifs féministes s’étaient rassemblés pour dénoncer cette campagne, rappelant que Gérald Darmanin avait fait l’objet de deux plaintes pour viol et abus de faiblesse.
#SputnikVidéo | «#Darmanin démission», «Un complice à la justice, un violeur à intérieur»: une #manifestation à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes se tient sur la place #SaintAugustin à #Paris pic.twitter.com/YEWvHDZqnv
— Sputnik France (@sputnik_fr) November 25, 2021
"On en a marre qu’on se fiche de notre gueule", s’insurgent-elles auprès du HuffPost.
"Quelqu'un accusé de viol n'a rien à faire dans un ministère clé pour les femmes victimes de violences", plaide Claire Charlès, porte-parole de l’association Les Effrontées.
Les manifestantes ont notamment scandé "Darmanin démission" et "un violeur à l’Intérieur, un complice à la Justice".
Le nom de Nicolas Hulot, ancien ministre de l’Écologie lui aussi accusé de viol, était cité sur l’une des pancartes. La responsabilité du ministre de l'Intérieur dans le récent drame du 24 novembre dans la Manche, faisant 27 morts, a également été soulignée. Les collectifs étaient accompagnés de la militante féministe et conseillère de Paris Alice Coffin ainsi que de la conseillère régionale, avocate et chroniqueuse Raquel Garrido.
.@alicecoffin, militante féministe: «Nous demandons aux hommes politiques de parler, de dire quand ils savent que leur collègue est un agresseur. Ça va bien de poser tout le courage sur les femmes mais il est grand temps que les hommes politiques s’en saisissent aussi» pic.twitter.com/aQEN5AbwVz
— Sputnik France (@sputnik_fr) November 26, 2021
"On demande un peu aux hommes [...] qui ont le pouvoir de le faire de prendre des décisions, de prendre leurs responsabilités", a déclaré Alice Coffin à notre micro. Elle réclame une certaine libération de la parole du côté de ceux témoins de comportements abusifs envers leurs collègues et qui se taisent. "Il est grand temps que les hommes politiques (se) saisissent aussi" de cette question.
Jamais condamné
Pour rappel, Gérald Darmanin n’a pas jusqu’à maintenant été condamné dans les deux affaires. La première l’oppose à Sophie Patterson, laquelle l’accuse de l’avoir violée en échange de son aide sur un dossier judiciaire. Les faits datent de mars 2009. En septembre, la juge d’instruction a clos les investigations sans mettre le ministre en examen, orientant l’enquête vers un non-lieu.
L’autre affaire, relative à un abus de faiblesse, remonte à 2016. Alors maire de Tourcoing, M.Darmanin aurait formulé des "demandes à caractère sexuel" à une habitante en échange d’un logement, car celle-ci se plaignait de vivre dans un appartement insalubre. Le Parquet de Paris a confirmé le classement sans suite du dossier.
Metoo politique
Près de 10 ans après l’affaire DSK, près de 300 femmes politiques de gauche ont appelé dans une tribune publiée dans Le Monde à "écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes" de la sphère politique.
"Au sein du Parlement, des mairies, des conseils départementaux et régionaux, des hommes mis en cause, parfois condamnés pour viol, pour agression sexuelle, pour atteinte sexuelle sur mineur, pour violences conjugales, sont élus, malgré les discours affichés sur la lutte contre les violences faites aux femmes, malgré nos alertes répétées", dénoncent-elles, appelant à "faire preuve d’exemplarité dans les désignations".
Deux jours plus tard, quatre syndicats avaient réclamé des "actions concrètes et efficaces" contre des faits de "harcèlement moral et sexuel" constatés à l’Assemblée nationale. La mise en place d’une cellule anti-harcèlement en février 2020 n’avait pas été jugée suffisante car elle n’a "pas permis de mettre fin aux situations de harcèlement".
Violences conjugales et meurtres
Annoncée fin octobre par Gérald Darmanin, l’expérimentation du dispositif de dépôt de plainte "chez autrui", hors des commissariats, a été lancée le 15 novembre dans plusieurs départements. Il permet à une victime de violences sexuelles et conjugales de déposer plainte en compagnie de policiers et gendarmes depuis chez elle, chez un proche, un avocat, dans une mairie ou dans les locaux d’une association.
Alors qu’Emmanuel Macron a fait de l’égalité entre les femmes et les hommes la priorité de son quinquennat, les violences conjugales ont augmenté en 2020 avec 159.400 victimes, soit une hausse de 10% par rapport à 2019. Le nombre d’appels traités au 3919 a augmenté de 114% entre 2017 et 2020. 125 personnes, dont 102 femmes, ont été tuées par leur partenaire, moins que les 173 enregistrées l’année précédente.