Le drame de la Manche relance le débat sur la question migratoire

© AP Photo / Michel SpinglerLa Manche
La Manche - Sputnik Afrique, 1920, 25.11.2021
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Plusieurs associations d’aide aux migrants ont réagi au drame qui s’est joué le 24 novembre dans la Manche, où une embarcation a chaviré,faisant au moins 27 morts. Elles sont unanimes à parler de véritable tragédie, mais aussi à dénoncer la responsabilité politique de la France et du Royaume-Uni.
Un drame dans la Manche a emporté le 24 novembre la vie d’au moins 27 personnes dont l’embarcation a fait naufrage au large de Calais, alors qu’elles tentaient de rejoindre le Royaume-Uni.
"On est tous totalement abattus", a déclaré le soir même à Franceinfo Yann Manzi, cofondateur d'Utopia 56, une association qui aide les migrants.
Il fustige "les réseaux de passeurs […] criminels", mais affirme que "la France et l'Europe sont aussi criminelles, avec tous ces traitements qui poussent ces gens à prendre des risques". Pour lui, l’État doit également assumer ses responsabilités et mettre en place des mesures afin que "la migration puisse être sécurisée". Selon lui, "ces gens continueront à prendre des risques" pour fuir "la guerre et la misère". Évoquant les raisons pour lesquelles les migrants cherchent à gagner le Royaume-Uni, il affirme que c’est parce qu’il y a "moins de contrôles d'identité et du travail au noir".
"C’est un drame absolu", convient Pierre Henry, le président de France Fraternités, qui rappelle que "depuis le début de l'année, il y a eu 30.000 tentatives de passage de la France vers la Grande-Bretagne par la Manche".
Le drame actuel est de loin le plus meurtrier depuis l'envolée en 2018 des traversées migratoires de la Manche. Avant ce naufrage, le bilan humain depuis janvier s'élevait à trois morts et quatre disparus, après six morts et trois disparus en 2020.

"Le vrai sujet"

Dans le cadre de l’enquête en cours après le drame, une cinquième personne soupçonnée d'appartenir au réseau de passeurs impliqué dans le naufrage a été arrêtée cette nuit, après l'interpellation de quatre autres suspects mercredi. Toutefois, la directrice générale de l’association France terre d’asile, Delphine Rouilleault, appelle sur Franceinfo à ne pas "réduire ce drame à la question des passeurs" et à voir "les causes réelles et profondes de la situation".
"Le vrai sujet, c'est la fermeture des routes migratoires légales", affirme-t-elle.
L’unique moyen pour l’Europe et la France de résoudre le problème est de trouver "des harmonisations pour accueillir ces populations dignement", renchérit Yann Manzi.
Les traversées irrégulières de la Manche par bateau ont commencé à augmenter il y a environ deux ans, notamment parce que le passage par camion est devenu plus complexe à cause de l’augmentation des contrôles, explique France Culture. Un record a été enregistré le 11 novembre, avec 1.185 arrivées sur le sol britannique en une seule journée, ce qui avait ravivé les tensions entre Paris et Londres.

"Travailler ensemble"

Tout de suite après avoir appris la tragédie survenue dans la Manche, Emmanuel Macron a déclaré que les responsables seraient retrouvés.
"La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière", a-t-il martelé.
Boris Johnson, qui a tenu une réunion interministérielle de crise mercredi soir, s'est dit "choqué, révolté et profondément attristé".
Lors d'un entretien téléphonique, le Président français et le Premier ministre britannique ont convenu d'intensifier leurs efforts communs dans la lutte contre les "traversées mortelles" de la Manche, selon un porte-parole de Downing Street.
Gérald Darmanin a lui aussi appelé les pays voisins de la France à collaborer davantage dans la lutte contre les réseaux de passeurs et estimé que "la Grande-Bretagne et la France [devaient] travailler ensemble".
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