Un policier musulman porte plainte pour discrimination religieuse et harcèlement contre Castaner

© AP Photo / Thibault CamusChristophe Castaner
Christophe Castaner - Sputnik Afrique, 1920, 22.11.2021
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Un officier musulman, suspendu de ses fonctions mais finalement lavé de tous soupçons de radicalisation, a porté plainte contre le ministre de l’Intérieur de l’époque, qu’il juge responsable de sa carrière brisée.
"Principe de précaution exacerbé": l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN) pointe l’engrenage des faits autour d’un officier de la préfecture de police de Paris soupçonné sans fondement de radicalisation.
Comme le révèle Libération, trois ans après les faits, il a décidé de porter plainte contre le ministre de l’Intérieur de l’époque Christophe Castaner.
Dans le sillage de la tuerie à la préfecture de police de Paris en octobre 2019, quand un agent administratif avait tué quatre collègues, Castaner avait décidé de suspendre cet officier, travaillant également à la préfecture de police et également de confession musulmane, pour vérifier sa possible radicalisation.
Le 10 octobre, quelques jours après l’attaque, ce policier de la brigade d’exécution des décisions de justice (BEDJ), qui est chargée de traquer les personnes condamnées tentant d’échapper à leur peine, a été désarmé et contraint de prendre ses congés. Le 28 octobre 2019 il a été écarté.
Il a ensuite été interdit d’accès au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions terroristes (Fijait), un volet sur lequel il travaillait depuis des mois.

Blanchi de tous soupçons

Le 26 février 2020, sa suspension a pris fin, l’officier a été totalement blanchi mais a muté au groupe dédié à la lutte contre les fraudes financières.
La police des polices, l’IGPN, a rendu son rapport le 8 juin 2020 en faveur de l’officier en question, l’affaire a été classée. Selon les conclusions du rapport, "aucun prosélytisme religieux" ne peut être reproché au fonctionnaire, qui "semble avoir parfaitement intégré le devoir de neutralité et le principe de laïcité".

"En l’absence de toute faute, la carrière de cet agent a été considérablement affectée […] avec un impact négatif pérenne sur sa personne", indique le rapport de l’IGPN, cité par Libération.

"Discriminé par la seule raison de sa religion"

D’après le quotidien, l’officier a porté plainte devant la Cour de justice de la République (CJR), accusant l’ancien ministre de l’Intérieur de "discrimination à raison de l’appartenance à une religion déterminée" et "harcèlement moral".

"Le problème fondamental dans cette affaire, c’est qu’un policier musulman, suspecté à tort, ne peut pas contribuer à la lutte contre le terrorisme avec son pays. Mon client est discriminé par la seule raison de sa religion, en l’occurrence l’islam", indique son avocat Anass Khafif toujours auprès de Libération.

Il précise que l’officier en question n’a pas eu "la moindre excuse […] ni la moindre réparation".
Hormis la CJR, le 21 octobre, l’officier a également déposé une plainte au pénal contre X pour "discrimination" et "dénonciation calomnieuse".

Attaque à la préfecture de police

L’attaque à la préfecture de la police a eu lieu le 3 octobre 2019 à Paris. Mickaël Harpon, informaticien à la direction du renseignement, radicalisé depuis un certain temps, a assassiné quatre policiers à coup de couteau. L’attaquant a été abattu par un autre policier.
Sa radicalisation a été remarquée par ses collègues, mais pas par sa hiérarchie. Plusieurs de ses collègues ont indiqué aux enquêteurs s’être inquiétés de la dérive religieuse de cet informaticien converti à l’islam: il éprouvait de l’hostilité envers la police, refusait de saluer des collègues féminines.
La préfecture de police a, depuis, pris des mesures pour mieux déceler les cas de radicalisation dans ses rangs et procédé à des retraits d’habilitation secret-défense.
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