"Profanateur de sépulture": les propos de Zemmour sur les attentats de 2015 suscitent l'indignation
19:45 14.11.2021 (Mis à jour: 17:49 10.01.2022)
© AFP 2024 KENZO TRIBOUILLARD Minute de silence en mémoire des victimes des attentats du 13 novembre à Paris
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Éric Zemmour, un "profanateur de sépulture": les accusations du polémiste envers François Hollande qui n'aurait pas "protégé les Français" contre les attentats de 2015, et sa venue devant le Bataclan au soir des six ans des attaques, ont provoqué une vague d'indignation parmi victimes et politiques.
Le polémiste, qui ne cache pas ses ambitions présidentielles, s'est rendu samedi 13 novembre dans la soirée devant le Bataclan où il a réitéré ses critiques envers l'ancien chef de l'État François Hollande.
"Il savait qu'il y aurait des terroristes et n'a pas protégé les Français et a pris une décision criminelle de laisser les frontières ouvertes", a déclaré Éric Zemmour devant la presse.
Vendredi à Bordeaux, il avait soutenu que "le pouvoir était au courant du danger et [qu']il a[vait] préféré que des Français meurent plutôt que d'empêcher des +migrants+ de venir en France".
François Hollande s'est vivement élevé dimanche sur Radio J contre des déclarations "infondées, indécentes et indignes". "Les terroristes du 13-Novembre sont venus de Belgique, ils sont Belges ou Français", a-t-il souligné, rappelant les mesures prises pour "contrôler les arrivées extérieures" à l'UE.
"C'est indécent d'être devant le Bataclan, de parler de guerre de civilisation devant le bâtiment lui-même" en reprenant "le langage même des terroristes", a aussi relevé l'ancien Président.
Et c'est "indigne parce que ça laisse penser que ceux qui ont dirigé la France sont des criminels", a ajouté François Hollande, invitant à mettre Éric Zemmour et ceux suivant sa "dérive" de "côté dans le pacte républicain".
Propos que "personne n'a envie d'entendre"
Le Premier ministre d'alors, Manuel Valls, a fustigé sur Twitter les "mensonges distillés par ce personnage dont le seul but est de semer le doute et la haine".
Marion Maréchal, nièce de Marine Le Pen et amie d’Éric Zemmour, a dit pour sa part à Europe 1-CNews-Les Échos dimanche qu'elle ne croyait "à aucun moment qu'il y ait eu l'intentionnalité de François Hollande de causer la mort de qui que ce soit" mais que "son irresponsabilité à l'époque [était] une irresponsabilité criminelle".
Arthur Dénouveaux, président de l'association de victimes Life for Paris, a lui qualifié Éric Zemmour de "profanateur de sépulture" dans un communiqué: "Aucun politique n'avait jamais parlé un 13-Novembre sur un des sites visés".
Selon l’association, le polémiste "a franchi une espèce de palier dans l'ignominie".
"C'est quelqu'un qui ne respecte pas les victimes", a estimé de son côté le vice-président de l'association Life for Paris, Olivier Laplaud, lui-même rescapé, sur BFM TV.
Récupération politique des attentats : les victimes du 13 novembre ne seront pas le marchepied d’Éric Zemmour. pic.twitter.com/JRFhI601Fz
— Life for Paris (@lifeforparis) November 14, 2021
L’association Fraternité et Vérité a à son tour condamné l’"instrumentalisation des victimes des attentats à des fins politiques". Un fait surtout inacceptable et incompréhensible vu que ces propos ont été prononcés un 13 novembre.
Nous n’accepterons jamais l'instrumentalisation des victimes des attentats à des fins politiques, encore moins le 13 novembre, jour de commémoration.@lifeforparis
— Fraternité et Vérité (@13onze15) November 13, 2021
"C'est de la lâcheté politique que d'utiliser ces victimes. Ce n'est pas possible d'utiliser de fausses informations, infondées et injustes pour raviver cette douleur", a abondé sur BFM TV Me Samia Maktouf, avocate d'une quarantaine de parties civiles au procès en cours des attentats.
"Personne n'a envie d'entendre ce type de propos dans un moment de recueillement", a aussi déclaré dimanche sur France info Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté.
Son collègue à l'Économie Bruno Le Maire a affirmé vouloir "démasquer M.Zemmour quand il introduit de la division là où les Français ont été capables d'une unité exceptionnelle face au terrorisme, (et) dénoncer cette espèce de fascination morbide, malsaine, pour les terroristes" chez le polémiste.
"Sa parole de saltimbanque est sale et indigne de notre pays", a également jugé le vice-président de l'Assemblée Hugues Renson (LREM), parmi d'autres élus de la majorité.