Didier Lallement explique pourquoi le "mur de la honte" à Pantin a "une utilité"

© AP Photo / Thibault CamusDidier Lallement
Didier Lallement - Sputnik Afrique, 1920, 09.11.2021
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Le préfet de police Didier Lallement a assuré sur BFM TV que personne ne lui avait demandé de démolir le mur érigé à Pantin contre les toxicomanes, signe selon lui de son "utilité". Valérie Pécresse avait pourtant fait le déplacement en septembre pour dénoncer cette mesure.
Le 24 septembre, à la suite de l’évacuation des toxicomanes des jardins d’Éole vers le square de la porte de la Villette à Paris, un mur a été érigé en urgence par la préfecture pour les séparer des habitants de Pantin et Aubervilliers. Indignés, des habitants et élus l’avaient rapidement baptisé "mur de la honte". Le préfet de police Didier Lallement est venu défendre sa décision lundi 8 novembre sur BFM TV.
"Ce mur, je l’ai fait construire pour une raison essentielle, pour que les toxicomanes ne se réfugient pas dans le tunnel", précise-t-il, rappelant qu’il a fait murer les deux extrémités du passage, ce qui permet de "voir tout le temps ce qui se passe dans le campement".
Il assure avoir choisi ce lieu car c’est "l’un des plus isolés dans le sens où les riverains proches ne le sont pas tant que cela" et qu’il s’agit d’une "solution provisoire".
Face aux critiques, M.Lallement pointe "un certain paradoxe" chez ses détracteurs. "Ce que j’observe, c’est que personne ne m’a demandé de démonter ce mur, personne, pas plus la mairie de Paris que de Pantin ou Aubervilliers. C’est donc qu’il a une utilité", souligne-t-il.
"Penser que ce simple mur suffise à éviter d’aller à Pantin ou Auber est paradoxal. On me reproche qu’il y ait quelques consommateurs de crack de l’autre côté".

Visite de Pécresse

La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse s’était rendue à Pantin le 25 septembre pour y rencontrer élus locaux, représentants du monde associatif et habitants qui partageaient leur mécontentement face à cette mesure. "Ce mur ne résoudra pas le problème", avait-elle déclaré au micro de Sputnik, estimant que "créer un mur, ça veut dire enfermer les gens dans leur situation sociale, dans leur territoire, et ça ce n’est pas possible". À en croire le préfet de police, elle non plus n’a pas réclamé sa destruction.
Elle avait insisté sur la mise en place d’une "réponse sanitaire" pour ces toxicomanes, notamment la création d’un "vrai centre de lutte contre les addictions". La maire de Paris Anne Hidalgo mise de son côté sur le développement des "salles de consommation à moindre risque", mais celles-ci provoquent une opposition farouche des habitants.
Didier Lallement appelle les riverains à être "raisonnables" car "on ne fera pas disparaître les toxicomanes d’un coup de baguette magique". Il espère lui aussi que les "acteurs institutionnels […] vont aider à trouver des solutions. C’est le rôle de tous ceux qui ont des compétences".

Crack à Paris

La consommation de crack s’est faite de plus en plus visible dans la capitale, sans que les autorités n’aient été en mesure de trouver une solution pérenne. En novembre 2019, la "colline du crack" située près de la porte de la Chapelle, avait été démantelée, provoquant le déplacement des drogués vers la place de Stalingrad.
La colère des habitants est alors devenue de plus en plus violente, poussant la mairie à regrouper les consommateurs dans les jardins d’Éole. Le problème a finalement été déplacé en septembre dernier en bordure de la Seine-Saint-Denis. Aucune autre solution n’a été proposée depuis. Fin octobre, une femme a été retrouvée morte dans ce nouveau camp temporaire, victime d’une overdose d’héroïne.
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