Emmanuel Macron a-t-il déjà gagné 2022?

© AFP 2024 LUDOVIC MARINEmmanuel Macron lors du sommet France Afrique 2021 à Montpellier
Emmanuel Macron lors du sommet France Afrique 2021 à Montpellier - Sputnik Afrique, 1920, 05.11.2021
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Sondage après sondage, le Président sortant arrive toujours en tête. Loin devant ses adversaires. Mais, à six mois des Présidentielles, la route pour 2022 est encore semée d’incertitudes, rappelle Arnaud Benedetti au micro de Sputnik.
Parmi toutes les interprétations tirées des sondages, une constante n’aura échappé à personne. Emmanuel Macron s’installe confortablement en haut des graphiques, oscillant entre 23% et 27% des intentions de vote au premier tour. Devant Éric Zemmour et Marine Le Pen. Quelles que soient d’ailleurs les configurations testées par Harris Interactive, Emmanuel Macron se retrouve aussi réélu chaque fois au second tour. Pour autant, à en croire le professeur Arnaud Benedetti, «à six mois d’une élection, il faut être très prudent sur l’interprétation à donner aux chiffres».

Un électorat qui sommeille

Avec 24% d’intentions de vote, Emmanuel Macron semble bien parti pour reproduire son résultat du premier tour de 2017. De même, à en croire le dernier baromètre du Figaro Magazine, la cote de confiance du Président de la République se stabilise depuis près d’un an aux alentours de 36%. Pour le rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, plusieurs hypothèses peuvent donner sens à ces chiffres. Et dissiper les interprétations hâtives. Le «socle sociologique d’Emmanuel Macron» serait, selon lui, «bien plus mobilisé électoralement» que les classes populaires ou la classe moyenne inférieure.
«Tout va dépendre de la mobilisation de cette population qui peut infléchir les dynamiques électorales, analyse Arnaud Benedetti. Sauf que, à ce stade de la campagne, il est bien plus difficile à quantifier par les sondages, qui sont surtout capables de mesurer les intentions de vote des populations les plus politisées.»
Les catégories moins favorisées pourraient avoir «un rapport plus compliqué à la politique», mêlé de «désillusions et de manque d’intérêt». Un réservoir électoral d’indécis qui pourrait donc donner tort aux prophéties des sondages, s’il se mobilisait d’ici le mois d’avril prochain.
«Si on se réfère à une configuration similaire, à savoir l’élection de 1981, le Président sortant, Valéry Giscard d’Estaing, bénéficiait aussi d’un haut niveau de confiance et d’intentions de vote. Tout le monde se souvient ce qu’il en a été»: la victoire du socialiste François Mitterrand, rappelle notre interlocuteur.

Gauche et droite fractionnées

À cette incertitude électorale s’en superposent d’autres, et pas des moindres. À commencer par une inconnue de taille, celle des candidatures officielles pour 2022. Du côté des Républicains, le congrès qui se tiendra entre le 1er et le 4 décembre prochain devrait éclaircir cette zone d’ombre. Et donc donner un peu plus de clarté aux sondages à venir. Les rumeurs voudraient également que le polémiste Éric Zemmour déclare enfin sa candidature le 9 novembre prochain, jour de la date anniversaire de la mort du général de Gaulle.
Quand à Emmanuel Macron, ce ne sera «pas avant le début de la présidence française de lUnion européenne (UE) en janvier, imagine-t-on à l’Élysée», écrit Le Figaro. Un Président de la République qui, à en croire Arnaud Benedetti, bénéficierait donc pour le moment de ce flou généralisé.
«Sur le marché politique aujourd’hui, la concurrence est particulièrement éclatée à gauche comme à droite. Avec un congrès LR qui n’a pas encore désigné son candidat, l’offre politique n’est donc pas encore stabilisée au point de donner vraiment sens aux sondages», précise notre interlocuteur.

LR, Macron: même programme?

Ce jeudi, les Républicains officialisaient leur liste définitive des cinq candidats au congrès, Michel Barnier recueillant le plus grand nombre de parrainages. Dans le dernier sondage Harris Interactive, le score du Président sortant au premier tour continuait pourtant de se maintenir entre 23 et 24%. Et ce, quel que soit le candidat LR désigné. De quoi conforter Emmanuel Macron? Certains commentateurs en doutent. Ils évoquent l’extrême volatilité d’une partie de l’électorat de droite susceptible de se porter sur l’hôte de l’Élysée. Un électorat prêt à s’envoler et à rejoindre le candidat LR officialisé une fois sa dynamique électorale enclenchée? Pour Arnaud Benedetti, les Républicains se retrouvent dans une double impasse.
«Quel que soit leur candidat désigné, une partie de l’opinion de droite des LR est en demande d’une autre politique. Celle qu’incarne notamment Éric Zemmour. Leur offre politique, enfin, apparaît dans ses contours assez floue en comparaison de celle d’un Emmanuel Macron qui a beaucoup triangulé à droite».
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