Des épidémiologistes contestent le demi-million de morts du Covid prévu par l’OMS cet hiver
15:33 05.11.2021 (Mis à jour: 15:34 05.11.2021)
© Sputnik . Alexey Vitvitsky / Accéder à la base multimédiaLe siège de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève
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Après qu’une augmentation de plus de 55% des nouveaux cas de Covid-19 a été enregistrée en Europe au cours des quatre dernières semaines, l’OMS redoute un demi-million de décès d’ici le mois de février. Des craintes qui ne sont pas partagées par tous les épidémiologistes.
Dans une déclaration faite jeudi 4 novembre, le directeur de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Europe Hans Kluge a trouvé très préoccupant le rythme de transmission du Covid-19 dans les 53 pays de la Région européenne de l’OMS. Selon lui, cela fait craindre un demi-million de décès d’ici le 1er février 2022.
Son pronostic est soutenu par certains, mais désapprouvé par d’autres.
Le professeur de Santé publique Philippe Amouyel a déclaré sur BFM TV que l’OMS ne dramatisait pas, car l’Europe se trouve toujours dans une quatrième vague violente du fait du variant Delta qui se diffuse en Europe avec une très grande transmissibilité.
Une mortalité possible mains non inéluctable
"On voit que dans un certain nombre de pays, en fonction de leur taux de vaccination, de la présence d’un pass sanitaire, de leurs actions diverses et variées sur l’épidémie, la percussion de l’arrivée de ce variant est très différente. Si l’on prend les pays de l’ex-bloc de l’Est, l’augmentation des cas est très forte à cause d’une vaccination qui est très faible et… le nombre de décès sera donc élevé si on ne fait rien de plus", a-t-il signalé ce vendredi 5 novembre.
L’épidémiologiste a cependant précisé que l’OMS donne ces chiffres pour le printemps ce qui laisse deux ou trois mois pour mettre en place des campagnes de vaccination. Une aggravation n’est donc pas inéluctable.
L’OMS essaie d’exister après deux ans d’absence
Le généticien au CHU de Lille Philippe Froguel juge cependant que cette annonce de l’OMS est plutôt fausse alors qu’on n’est capable d’anticiper ce qu’il va se passer sur pas plus de deux ou trois semaines.
"Je pense que ce n’est pas très digne. L’OMS essaie aussi d’exister. Elle n’a pas beaucoup existé depuis deux ans", avance-t-il sur RMC.
🎙 "L'OMS essaie d'exister avec ce genre d'annonce qui ne sert à rien. C'est du 'coucou fait moi peur', c'est pas très utile de terroriser les populations".
— RMC (@RMCinfo) November 5, 2021
Philippe Froguel, généticien au CHU de Lille. #ApollineMatin pic.twitter.com/e1L2aBa2In
Il signale en plus que "l’Europe, c’est très très hétérogène".
"Tout ça, c’est un petit peu du +coucou, fais-moi peur+, pour tancer un peu les gouvernements, pour faire parler de soi. Je ne pense pas que c’est très utile de terroriser les populations", a-t-il conclu.
Atteindre 95% de port du masque en Europe
Dans une déclaration publiée le 4 novembre, le directeur régional de l’OMS pour l’Europe Hans Kluge a tiré la sonnette d’alarme sur la transmission du Covid-19 sur le continent.
"Nous sommes, une fois de plus, à l'épicentre", a-t-il constaté.
"Selon une projection fiable, si nous restons sur cette trajectoire, nous pourrions voir un autre demi-million de décès dus au Covid-19 en Europe et en Asie centrale d'ici le 1er février de l'année prochaine."
Les raisons à l’origine de cette aggravation sont, selon lui, une couverture vaccinale insuffisante et l'assouplissement des mesures de santé publique et sociales.
"Les vaccins sont notre atout le plus puissant, s'ils sont utilisés avec d'autres outils. Des projections fiables montrent que si nous atteignions 95% d'utilisation universelle des masques en Europe et en Asie centrale, nous pourrions sauver jusqu'à 188.000 vies sur le demi-million de vies que nous pourrions perdre avant février 2022", a-t-il prévenu.
Le seuil des cinq millions de morts franchi
Le nombre de nouveaux cas par jour est en hausse depuis près de six semaines consécutives en Europe et le nombre de morts par jour est en hausse depuis un peu plus de sept semaines de suite, avec environ 250.000 cas et 3.600 décès quotidiens, selon les données officielles par pays compilées par l'AFP.
Selon le même comptage réalisé le 1er novembre, la pandémie de Covid-19 a fait plus de cinq millions de morts.
L’OMS estime cependant qu’en considérant la surmortalité directement et indirectement liée au Covid-19, le bilan de la pandémie pourrait être deux à trois fois plus élevé que celui officiellement recensé.