"Le climat s’en fiche du lieu d’émission de gaz à effet de serre": un climatologue décrypte

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Une femme dans un champ - Sputnik Afrique, 1920, 01.11.2021
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Alors que la COP26 débute à Glasgow, les catastrophes naturelles qui s'enchaînent inquiètent de plus en plus les climatologues. Dans une interview pour Sputnik, Christophe Cassou, chercheur d'un centre européen lié au CNRS, a décrit les menaces qui nous attendent, si les pays ne trouvent pas une solution collective pour agir.
Une action collective et l’arrêt "d’utilisation des énergies fossiles" sont nécessaires pour contrer le réchauffement climatique, estime Christophe Cassou, chercheur au Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (CERFACS) lié au CNRS, dans un entretien avec Sputnik, alors que la 26e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26) réunit des dirigeants de différents pays pour discuter de l’agenda climatique.
"L’augmentation de température dans son intégralité est liée aux activités humaines" et pour que les températures de demain baissent, "il faut bannir, il faut arrêter d’utiliser les énergies fossiles", indique-t-il. Les climatologues soulignent que "demain" pour les experts du domaine "c’est vers 2030-2040, sur les 20 prochaines années".
"Le seuil de 1,5 degré [l’objectif climatique d’une hausse maximale de 1,5 degré Celsius par rapport aux températures moyennes de l’ère préindustrielle, ndlr] qui est dans l’accord de Paris, va être franchi avant 2040. Pourquoi? Parce qu’on émet toujours des gaz à effet de serre. Même dans les scénarios les moins émissifs on va dire, on en émet toujours jusqu’en 2040-2050. Et le CO2, il a cette mauvaise propriété de s’accumuler dans l'atmosphère. En fait, il faut arrêter les émissions de CO2 pour retrouver le niveau global de la température et donc contrer aussi les extrêmes de température", ajoute-t-il.

Une action collective

L’interlocuteur de Sputnik souligne qu’il faut une action collective, car "le climat s’en fiche complètement du lieu d’émission de gaz à effet de serre. C’est pour cela qu’il faut absolument arriver à ce qu’on appelle le net zéro, c’est-à-dire l’absence d’accumulation du CO2 dans l’atmosphère sur l’ensemble de la planète. […] S’il y a des pays qui continuent à émettre, ça s’accumule".
"Le CO2, il a une mauvaise propriété de s’accumuler dans l'atmosphère et il a une mauvaise propriété d’être ce qu’on appelle un gaz mélangé. C’est-à-dire qu’une molécule qui est émise par exemple en France ou en Russie, elle fait le tour de l’hémisphère nord en trois semaines. Et elle fait le tour de la planète en six mois", détaille Christophe Cassou.
Les activités humaines sont seules coupables du réchauffement climatique et des changements qu’elles provoquent, estime-t-il.
"Le réchauffement est attribuable aux activités humaines c’est-à-dire aux rejets de gaz à effet de serre. Ils proviennent de la combustion du pétrole, du gaz et du charbon et de la déforestation. […] Évidemment, dans le passé le climat a varié. Il a varié de manière naturelle en particulier dû à la quantité d’énergie qui vient du Soleil qui est plus ou moins grande ou dû à l’activité volcanique sur la planète. On a évalué ces facteurs naturels et on montre que sur la dernière décennie, ces facteurs naturels n'ont pas du tout joué, […] et que l’augmentation de température dans son intégralité est liée aux activités humaines."

Quelles régions du monde sont les plus menacées?

En ce qui concerne les menaces, dans le scenario où la température va plus haut que deux degrés, si les gens peuvent y encore s’adapter, les écosystèmes auront des difficultés.
"Il y a les études qui montrent qu’en dessous du seuil de 2 degrés (dans l’accord de Paris il y a cette valeur-là: entre 1,5 et 2 degrés), jusqu’à 1,5-2 degrés, l’activité humaine pourrait s’adapter. Ce n’est pas le cas déjà pour les écosystèmes: les écosystèmes ne peuvent pas s’adapter au réchauffement de 1,5-2 degrés consignés", précise-t-il.
Les scientifiques définissent plusieurs "hot spots", des zones, qui subiront le plus gros impact des changements climatiques. Ils précisent que certaines zones souffriront de sècheresse, d’autres deviendront plus humides.
"Il y a des zones qui s’assèchent le plus: c’est les zones qu’on appelle subtropicales, c’est-à-dire les zones au niveau de la latitude de la Méditerranée, c’est tout le bassin méditerranéen, toute la Californie, et puis aussi vers le Caucase, le sud de la Russie. C’est la latitude subtropicale qui se caractérise par des étés chauds et secs mais des étés qui vont devenir encore plus chauds et encore plus secs. Et aujourd’hui, si l’on regarde juste sur la Méditerranée, on voit que le réchauffement y est deux fois plus rapide que sur l’ensemble de la planète", détaille Christophe Cassou.

Les nouvelles technologies sont à venir

Tandis que les pays sont toujours en quête d’un consensus pour agir et trouver un moyen collectif de contrer les changements climatiques qui frappent la planète, les experts du domaine comptent surl’arrivée de nouvelles technologies dans les années 2050-2060 qui pourraient contribuer à cette lutte, note M.Cassou.
"On fait l'hypothèse aussi qu’à partir des années 2050-2060 on aura une technologie qui permettra de capturer le CO2 émis de manière résiduelle, c’est-à-dire qu’on aura toujours des émissions de CO2, il faut les réduire heureusement, il faut les réduire de 75 à 80% avant 2050, et pour les 20% ou 15% qui restent, on fait l’hypothèse d’avoir une technologie pour capturer le CO2 de l’atmosphère et le stocker. Donc l’enlever de l’atmosphère", explique-t-il.
Il ajoute qu’il y a des recherches partout et que plusieurs pays travaillent déjà pour mettre en place ce genre des technologies qui s’appellent "les technologies de capture et de séquestration de carbone".

COP 26

Six ans après l’Accord de Paris, qui vise de limiter d’ici la fin du siècle le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C et si possible de 1,5°C, la COP 26 de Glasgow, qui se tient du 31 octobre au 12 novembre, devra marquer une accélération des efforts de la communauté internationale pour atténuer le réchauffement climatique et financer la transition partout dans le monde.
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