Néoconservatisme américain: "il y a eu un avant et un après-Powell"
10:15 29.10.2021 (Mis à jour: 18:02 10.01.2022)
© AP Photo / Greg GibsonПредседатель Объединенного комитета начальников штабов Колин Пауэлл указывает на авиабазы в Ираке во время презентации в Пентагоне, 1991 год
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La mort de Colin Powell signera-t-elle le retour des néoconservateurs sur la scène politique américaine? John MacArthur, président de Harper’s Magazine, fait le point au micro de Rachel Marsden.
Colin Powell est mort le 18 octobre à l’âge de 84 ans. C’est un personnage charnière de l’histoire de la droite américaine. Le général quatre étoiles est à l’origine d’une évolution idéologique majeure. Celle-ci devrait finalement être considérée comme son héritage.
Car, il y a bien un avant et un après-Powell! Avant Powell, la droite américaine vouait une confiance quasi aveugle à son armée. Depuis lors, les résultats décevants des multiples interventions militaires ont instillé dans ses rangs une méfiance vis-à-vis de la guerre, une méfiance qui confine parfois au pacifisme. Car si naguère, les faucons du mouvement néoconservateur faisaient la pluie et le beau temps à Washington aujourd’hui ces va-t-en-guerre ont-ils encore un avenir?
John MacArthur, président de Harper’s Magazine, explique que la mort de Powell coïncide avec le retour sur scène de ses anciens alliés néoconservateurs lors du retrait des troupes US de l’Afghanistan en fin d’été 2021. Il revient sur les origines du néoconservatisme qui dominait la politique étrangère américaine. Il rappelle l’ère du Vietnam, où il fallait combattre le communisme et établir des sociétés démocratiques et presque américaines. "Au départ, il y avait cette idée de la mission sainte de l’Amérique et le sentiment de bonté du devoir bénévole s’est converti en une lutte anticommuniste. Mais au moins, il y avait une menace communiste dans quelques endroits."
"Cela s’est transformé dans une politique plus agressive où nous avons inventé cette doctrine de guerre préventive. Au Vietnam, il y avait des insurgés communistes sur le terrain, il y avait une guerre civile. Mais en Iraq, voire au Kosovo, on a décidé qu’on avait le droit, en tant qu’Américains, d’arrêter un génocide, une guerre, une attaque, avant même que cela ne se produise", poursuit le patron de presse américain.
En effet, difficile d’oublier le 5 février 2003… Colin Powell, alors secrétaire d’État américain, s’adresse au Conseil de sécurité des Nations unies. Agitant une fiole dans un geste théâtral, il dépeint les ravages qu’une si petite quantité d’anthrax pourrait causer dans le monde. Un tableau effrayant brossé avec un lyrisme crépusculaire. Selon le haut gradé, l’Irak détiendrait cette arme redoutable et continuerait de la développer. Depuis ce quart d’heure de gloire mondiale qui a contribué à déclencher l’invasion de l’Irak, Powell n’a eu de cesse que de se répandre en excuses pour ce qui s’est avéré être une manipulation.
Sans doute les piètres résultats de l’intervention US ont-ils favorisé son travail d’introspection et facilité l’émergence de ses remords. Était-il au courant que ses informations n’étaient pas tout à fait fiables?
John MacArthur qualifie Powell de "bureaucrate" plutôt que d’idéologue:
"C’est le fonctionnaire type qui reçoit toutes les infos et les manipule pour faire avancer sa carrière."
Aujourd’hui, où sont passés ces néoconservateurs qui dominaient auparavant la politique étrangère, notamment avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche?
"Ils sont très bien subventionnés par des gens importants et riches et se cachent dans des think tanks. Ils sont protégés et attendent un retour au pouvoir parce qu’en ce moment, Biden est beaucoup plus prudent. Il a l’air d’avoir appris quelque chose après 40 ans passés à voter pour des interventions", observe John MacArthur.