Dans une école du Togo, une opération de sensibilisation controversée contre les grossesses précoces

© Photo Pixabay / takenUne école
Une école - Sputnik Afrique, 1920, 22.10.2021
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Au Togo, le directeur d’un collège et son adjoint ont été suspendus pour avoir organisé une opération de sensibilisation auprès des filles de l'établissement scolaire en indexant celles qui ne seraient plus "vierges"! Leur démarche fait suite à des plaintes de parents d’élèves au sujet de grossesses précoces.
Tout est parti d’une dénonciation anonyme, dans un message vocal devenu viral. Dans l'enregistrement, qui fait environ 6 minutes, est dénoncée l’attitude de deux responsables d’un collège de la ville d’Atakpamé, à 160 kilomètres au nord de Lomé, qui auraient stigmatisé des jeunes filles qui ne seraient plus vierges.
Les faits remontent au 15 octobre. Ce jour-là, toujours selon le message repris ensuite par les médias locaux, le directeur du collège de Doulassamé (un quartier d’Atakpamé), et son adjoint, se sont livrés à une opération pour le moins controversée, censée sensibiliser contre les grossesses précoces, un fléau qui touche particulièrement le milieu scolaire au Togo.
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En faisant le tour des classes, les deux responsables demandaient systématiquement "aux filles vierges", et à elles seules, de se mettre debout, jetant ainsi l'opprobre sur celles qui reconnaissaient ne pas l'être pour une raison ou une autre.
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Dans plusieurs groupes de discussions sur WhatsApp, une messagerie très prisée au Togo, c’est l’indignation totale. À tel point que trois jours plus tard, l’inspection de l’enseignement Plateaux-Est dont relève cet établissement scolaire a décidé de "suspendre [les deux responsables] de leurs activités administratives et pédagogiques".
La décision n’explique pas les motifs de cette suspension. Approchée par Sputnik, l'inspection ne donne pas plus de détails. Mais, les faits ont été confirmés à Sputnik par Atsou Atcha, secrétaire général de la coordination des syndicats de l’enseignement du Togo- CSET.
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Méthode

"Même si cette sensibilisation pour encourager les jeunes filles à ne pas avoir de relations sexuelles à cet âge est une bonne chose" la méthode n'était pas heureuse.

"Demander aux filles qui sont vierges de se lever, conduit de facto à reconnaître dans chaque classe, celles qui ont déjà perdu leur virginité. Ce n’est pas du tout une bonne chose pour la psychologie des enfants", reconnaît Atsou Atcha.

Cela d'autant plus que "la virginité est une question très sensible pour être traitée de cette manière. Les filles qui ont perdu leur virginité peuvent se sentir exposées, blessées ou devenir la risée des autres. C’est même possible que par honte, d’autres ne viennent plus au cours", détaille Atsou Atcha.
D’après Eusébio Aménouvé, sage-femme au Togo interrogée par Sputnik, "traditionnellement au Togo, une fille vierge est une fierté pour son futur époux et pour ses parents, surtout pour avoir pu se préserver jusqu’à l’âge du mariage".

"Mais quand elle est dépucelée avant le mariage, elle est toujours considérée dans la plupart des communautés comme une honte pour ses parents", précise-t-elle.

Le syndicaliste togolais trouve néanmoins"la sanction exagérée".
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"On aurait pu commencer par une mise en garde au lieu de lever le bâton si haut pour cette faute commise pour la première fois" détaille-t-il, en promettant des actions de lobbying auprès de l’inspection d’enseignement régionale Plateaux-Est en vue de "solliciter leur clémence".

"Nous nous engageons aussi à sensibiliser nos collègues pour une meilleure connaissance des règles de fonctionnement du système éducatif togolais, afin d’éviter de pareilles erreurs à l’avenir", a conclu Atsou Atcha.

D’après des médias togolais, la sensibilisation menée par les deux dirigeants du collège de Doulassamé faisait suite à une demande des parents d’élèves.
Ceux-ci se seraient plaints auprès de l’administration de l’école après plusieurs grossesses précoces enregistrés dans cet établissement pendant l’année scolaire précédente.
Les élèves des collèges publics au Togo sont généralement âgés de 12 à 20 ans.
Selon une enquête menée par la direction de la Planification de l’éducation en collaboration avec l’Unicef et la Banque mondiale, 1.222 grossesses précoces en milieu scolaire ont été enregistrées entre septembre 2020 et mars 2021.
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