Le Parlement européen "dévalorise" le prix Sakharov en l’attribuant à Navalny, estime le Kremlin

© Sputnik . Pavel Biedniakov / Accéder à la base multimédiaAlexeï Navalny lors de son procès dans le cadre de l’affaire Yves Rocher
Alexeï Navalny lors de son procès dans le cadre de l’affaire Yves Rocher - Sputnik Afrique, 1920, 21.10.2021
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Réagissant à l’attribution du prix Sakharov à l’opposant russe Alexeï Navalny, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a regretté une décision du Parlement européen qui "dévalorise" le sens de la "liberté de pensée".
Le Parlement européen a décerné mercredi 20 octobre le prix Sakharov à l’opposant russe Alexeï Navalny, fondateur du Fonds de lutte contre la corruption (FBK)*. Un prix qui honore les défenseurs de la liberté de pensée, accompagné d’un chèque de 50.000 euros. Le Kremlin affirme respecter l’instance européenne, mais pas sa décision.

"Une telle décision du Parlement européen dévalorise significativement le sens de ces mots [liberté de pensée, ndlr], réagit ce jeudi le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov. "Personne ne peut nous obliger à respecter de telles décisions".

Il estime que les personnes qui ont attribué ce prix "ne disposent tout simplement pas d’informations fiables" sur "l’histoire de ce condamné".
Pour rappel, M.Navalny est emprisonné depuis début 2021, lorsqu’il est revenu en Russie après son empoisonnement présumé à un agent neurotoxique de type Novitchok, selon la version des Occidentaux. Condamné dans le cadre de l’affaire Yves Rocher de 2014, il a violé à plusieurs reprises les conditions de son contrôle judiciaire, ce qui a poussé le tribunal à remplacer sa peine avec sursis par de la prison ferme.

"Instrument politique"

Plusieurs élus russes se sont indignés de cette décision, notamment Léonid Sloutsky, chef du comité des relations internationales de la Douma, qui accuse le Parlement européen d’avoir "transformé le prix en un nouvel instrument politique", uniquement attribué aux "combattants dévoués de l’Occident". L’année dernière, le prix Sakharov avait été attribué à l’opposition au Président Loukachenko en Biélorussie, dont l’ancienne candidate à la présidentielle Svetlana Tikhanovskaïa.
Du côté français, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, saluant la remise du prix à Navalny, a affirmé vouloir continuer "d’appeler à sa libération immédiate et au respect de ses droits élémentaires". Pour le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, ce prix est "la reconnaissance du rôle important qu'il a joué depuis de nombreuses années pour défendre les valeurs de la démocratie et être une voix forte en Russie".
Ce prix tire son nom du physicien soviétique Andreï Sakharov, inventeur de la bombe à hydrogène. Conscient des risques de son invention, il avait milité contre la course à l’armement nucléaire, dès lors vu comme un dissident en Union soviétique et assigné à résidence.
Cette année, les derniers retenus par le Parlement européen, outre l’opposant russe, étaient l’ex-Présidente par intérim de Bolivie Jeanine Anez, et un collectif de femmes afghanes. À sa création en 1988, le prix avait été décerné à Nelson Mandela, lequel a ensuite reçu le prix Nobel de la paix.
*Organisation extrémiste interdite en Russie
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