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Le nouveau gouvernement marocain a-t-il les moyens de redresser l’économie du pays?
Le nouveau gouvernement marocain a-t-il les moyens de redresser l’économie du pays?
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Dans un entretien à Sputnik, Fouad Abdelmoumni analyse la situation économique au Maroc à l’aune du Projet de loi de finances 2022 proposé par l’actuel... 20.10.2021, Sputnik Afrique
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Nommé le 7 octobre au poste de chef de gouvernement par le roi Mohammed VI suite à sa victoire aux élections législatives du 8 septembre, Aziz Akhannouch, âgé de 60 ans, a présidé dimanche 17 octobre son troisième Conseil de gouvernement consacré à l’examen et à l’adoption du Projet de loi de Finances 2022 (PLF 2022).Dans un contexte de sévère récession de l’économie marocaine à cause, comme dans tous les pays du monde, de la pandémie de Covid-19, le PLF 2022 table sur un taux de croissance de 3,2%, un déficit budgétaire de 5,9% du PIB et prévoit la création de 250.000 emplois directs en deux ans, a annoncé la ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, lors d’un point presse à l’issue du Conseil des ministres.Selon une note de prévisions pour l’année 2022, publiée en juillet par le Haut-Commissariat au plan (HCP), le taux d’endettement du Trésor devrait poursuivre sa tendance haussière, passant de 76,4% du PIB en 2020, à 77,3% en 2021 puis à 79% en 2022. Pour ce qui est de la dette publique globale, elle serait portée à hauteur de 93,9% du PIB au lieu de 92,7% attendu en 2021, d'après la même source.Ainsi, dans ce contexte, le jeune gouvernement a-t-il les moyens de faire face à la crise et relancer la machine économique? Conformément aux orientations formulées dans le nouveau modèle de développement économique, quelles réformes seront engagées par le gouvernement à même de remettre le pays sur le chemin de la croissance?"L’économie marocaine ne peut pas décoller""À ce jour, nous ne disposons pas encore de chiffres précis du budget pour pouvoir se faire une idée précise de ce que le projet du gouvernement pourrait apporter au pays", affirme M.Abdelmoumni.Et d’expliquer que "le Maroc est actuellement dans une situation où la baisse drastique de la croissance économique l’année dernière, s’établissant entre - 5,8% et -7,5%, selon certaines estimations, et l’important endettement extérieur qui s’est accumulé, plaçant le pays dans les limites de ses capacités de mobilisation de fonds sur les marchés financiers internationaux. Ceci fait que, dans le contexte où l’État et ses élites refusent de remettre en cause les fondements de l’économie qui ont généré cette situation, le Maroc ne peut pas décoller économiquement"."Ni dirigiste volontariste, ni libérale compétitive"En décembre 2019, le souverain chérifien a mis en place la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) à qui il a confié la tâche de réfléchir à un nouveau plan.En effet, en 2014 et 2017, dans des discours officiels à la Nation, le roi Mohammed VI a constaté l’inaptitude du modèle de développement, suivi au moins depuis 60 ans au Maroc, à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, à réduire les disparités catégorielles et les écarts territoriaux, ainsi qu’à rendre la justice sociale.Le 25 mai, le président de la CSMD, Chakib Benmoussa, actuellement ministre de l’Éducation nationale, a remis officiellement au souverain le rapport final de la Commission, suscitant depuis un débat passionné dans la société.Et de ponctuer qu’"elle est dominée par quelques familles qui s’agglutinent autour de l’État, accaparant les richesses et les capacités du pays dans le cadre d’un système rentier, corrompu et autoritaire. Ceci fait qu’il n’y a pas de vrai décollage en matière de création de richesses et d’emplois".Quid de la création d’emplois?L’économie marocaine, dont le secteur agricole demeure un moteur déterminant, reste marquée par le caractère volatil de la croissance, en raison de sa soumission aux aléas climatiques.En effet, selon les chiffres officiels, à cause de la sécheresse qui a frappé le pays ces dernières années, le taux de croissance économique était de 2,5% du PIB en 2019, alors qu’il était de 4,1% en 2017 et de 3% en 2018. Ce qui confirme une tendance baissière. En 2020, l’économie marocaine a enregistré une forte contraction de son activité avec une baisse du taux de croissance de 7,2%, à cause de la pandémie de Covid-19 qui a frappé le monde entier. Par ailleurs, le déficit de la balance commerciale était de 18,3% du PIB en 2018 et de 18,2% en 2019, avant d’enregistrer un léger repli en 2020 à 16,3% en raison de la crise due au coronavirus. Pour ce qui est du déficit budgétaire, il était de près de 3% du PIB entre 2018 et 2019 et de 7,4% en 2020, à cause de la crise de Covid-19.Par ailleurs, il ajoute que "vu l’état de secteurs stratégiques de l’économie nationale, comme le tourisme, le transport et l’événementiel, qui sont sinistrés, beaucoup d’experts jugent qu’il n’est même pas sûr que l’économie marocaine puisse retrouver le niveau de croissance de 2019, ce qui serait déjà en soi un énorme exploit".
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Le nouveau gouvernement marocain a-t-il les moyens de redresser l’économie du pays?
17:20 20.10.2021 (Mis à jour: 17:42 10.01.2022) Dans un entretien à Sputnik, Fouad Abdelmoumni analyse la situation économique au Maroc à l’aune du Projet de loi de finances 2022 proposé par l’actuel gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch. Selon lui, "il n’est même pas sûr que l’économie marocaine puisse retrouver le niveau de croissance de 2019".
Nommé le 7 octobre au poste de chef de gouvernement par le roi Mohammed VI suite à sa victoire aux élections législatives du 8 septembre, Aziz Akhannouch, âgé de 60 ans, a présidé dimanche 17 octobre son troisième Conseil de gouvernement consacré à l’examen et à l’adoption du Projet de loi de Finances 2022 (PLF 2022).
Dans un contexte de sévère récession de l’économie marocaine à cause, comme dans tous les pays du monde, de la pandémie de Covid-19, le PLF 2022 table sur un taux de croissance de 3,2%, un déficit budgétaire de 5,9% du PIB et prévoit la création de 250.000 emplois directs en deux ans, a annoncé la ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, lors d’un point presse à l’issue du Conseil des ministres.
Selon une note de prévisions pour l’année 2022, publiée en juillet par le Haut-Commissariat au plan (HCP), le taux d’endettement du Trésor devrait poursuivre sa tendance haussière, passant de 76,4% du PIB en 2020, à 77,3% en 2021 puis à 79% en 2022. Pour ce qui est de la dette publique globale, elle serait portée à hauteur de 93,9% du PIB au lieu de 92,7% attendu en 2021, d'après la même source.
Ainsi, dans ce contexte, le jeune gouvernement a-t-il les moyens de faire face à la crise et relancer la machine économique? Conformément aux orientations formulées dans le nouveau modèle de développement économique, quelles réformes seront engagées par le gouvernement à même de remettre le pays sur le chemin de la croissance?
Pour répondre à ces questions, Sputnik a sollicité l’économiste marocain Fouad Abdelmoumni, également militant des droits de l’homme et membre du conseil d’administration de l’ONG Transparency International Maroc. Pour lui, compte tenu de "la note d’orientation budgétaire pour l’année 2022 élaborée et diffusée par l’ancien gouvernement, ce qui est promis globalement au Maroc c’est un resserrement des capacités d’engagement de l’État, c’est-à-dire une austérité qui ne dit pas son nom".
"L’économie marocaine ne peut pas décoller"
"À ce jour, nous ne disposons pas encore de chiffres précis du budget pour pouvoir se faire une idée précise de ce que le projet du gouvernement pourrait apporter au pays", affirme M.Abdelmoumni.
Et d’expliquer que "le Maroc est actuellement dans une situation où la baisse drastique de la croissance économique l’année dernière, s’établissant entre - 5,8% et -7,5%, selon certaines estimations, et l’important endettement extérieur qui s’est accumulé, plaçant le pays dans les limites de ses capacités de mobilisation de fonds sur les marchés financiers internationaux. Ceci fait que, dans le contexte où l’État et ses élites refusent de remettre en cause les fondements de l’économie qui ont généré cette situation, le Maroc ne peut pas décoller économiquement".
Dans le même sens, il détaille: "parmi ces fondements, nous pouvons énumérer la prédation et l’accaparement de la richesse du pays par une petite élite autour du roi, la mauvaise gestion et la corruption du système administratif marocain. Actuellement, il est clair qu’il n’y a pas de volonté politique de prendre à bras le corps ces blocages majeurs de l’économie et de la société marocaines".
"Ni dirigiste volontariste, ni libérale compétitive"
En décembre 2019, le souverain chérifien a mis en place la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) à qui il a confié la tâche de réfléchir à un nouveau plan.
En effet, en 2014 et 2017, dans des discours officiels à la Nation, le roi Mohammed VI a constaté l’inaptitude du modèle de développement, suivi au moins depuis 60 ans au Maroc, à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, à réduire les disparités catégorielles et les écarts territoriaux, ainsi qu’à rendre la justice sociale.
Le 25 mai, le président de la CSMD, Chakib Benmoussa, actuellement ministre de l’Éducation nationale, a remis officiellement au souverain le rapport final de la Commission, suscitant depuis un débat passionné dans la société.
Pour Fouad Abdelmoumni, "le diagnostic présenté par le rapport est superficiel et n’aborde pas les problèmes structurels profonds qui entravent le développement au Maroc". En effet, selon lui, "l’un des plus importants blocages structurels de l’économie marocaine réside dans le fait qu’elle n’est ni dirigiste volontariste, ni libérale compétitive".
Et de ponctuer qu’"elle est dominée par quelques familles qui s’agglutinent autour de l’État, accaparant les richesses et les capacités du pays dans le cadre d’un système rentier, corrompu et autoritaire. Ceci fait qu’il n’y a pas de vrai décollage en matière de création de richesses et d’emplois".
Quid de la création d’emplois?
L’économie marocaine, dont le secteur agricole demeure un moteur déterminant, reste marquée par le caractère volatil de la croissance, en raison de sa soumission aux aléas climatiques.
En effet, selon les chiffres officiels, à cause de la sécheresse qui a frappé le pays ces dernières années, le taux de croissance économique était de 2,5% du PIB en 2019, alors qu’il était de 4,1% en 2017 et de 3% en 2018. Ce qui confirme une tendance baissière. En 2020, l’économie marocaine a enregistré une forte contraction de son activité avec une baisse du taux de croissance de 7,2%, à cause de la pandémie de Covid-19 qui a frappé le monde entier. Par ailleurs, le déficit de la balance commerciale était de 18,3% du PIB en 2018 et de 18,2% en 2019, avant d’enregistrer un léger repli en 2020 à 16,3% en raison de la crise due au coronavirus. Pour ce qui est du déficit budgétaire, il était de près de 3% du PIB entre 2018 et 2019 et de 7,4% en 2020, à cause de la crise de Covid-19.
"Alors que la perspective de croissance pour l’année à venir est de 3,2%, il y a lieu de préciser que pour que le Maroc puisse garder son niveau d’emploi actuel, il a besoin au moins d’une croissance de 6% à 8% par an", explique à Sputnik Fouad Abdelmoumni. Il précise: "actuellement nous sommes à 20% du taux d’activité des femmes et à 70% des hommes, ce qui fait que 55% de nos capacités humaines se trouvent neutralisées à cause de la baisse drastique de l’activité économique. Ceci en plus d’un million et demi de chômeurs, de trois millions d'aides familiaux non rémunérés et de trois millions de travailleurs dans le secteur informel qui ne disposent d’aucune sécurité sociale".
Par ailleurs, il ajoute que "vu l’état de secteurs stratégiques de l’économie nationale, comme le tourisme, le transport et l’événementiel, qui sont sinistrés, beaucoup d’experts jugent qu’il n’est même pas sûr que l’économie marocaine puisse retrouver le niveau de croissance de 2019, ce qui serait déjà en soi un énorme exploit".
Enfin, M.Abdelmoumni estime que "la baisse des investissements, la hausse phénoménale du coût du fret, notamment maritime, et de la production industrielle, en particulier dans l’automobile à cause du manque d’intrants informatiques ou de la fermeture des usines durant les mois de confinement, font que l’économie marocaine arrive mal à encaisser le choc, qui a certes frappé toutes les industries du monde, à cause du faible taux d’intégration et de participation à des processus industriels complexes". "Actuellement, pas moins de 55% de Marocains se sentent pauvres à cause de l’érosion du pouvoir d’achat", conclut-il.