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Crack: au cœur d’une bataille politique, les toxicomanes seuls face à leurs démons
Crack: au cœur d’une bataille politique, les toxicomanes seuls face à leurs démons
Sputnik Afrique
Comment résoudre le problème insoluble du crack à Paris? À cette question, entre Anne Hidalgo et le gouvernement, c’est le dialogue de sourds. Faute de... 15.10.2021, Sputnik Afrique
2021-10-15T15:54+0200
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Mylène, une consommatrice de crack (un mélange de cocaïne et d’ammoniac très addictif), rencontrée dans le XIXe arrondissement, explique vouloir s’en sortir, mais cela n’est pas chose aisée. Elle précise néanmoins "ne pas fumer tant que ça", par rapport à certains de ses compagnons d’infortune. Comme elle, ce sont des centaines de toxicomanes qui errent dans les rues du nord-est parisien, en quête de salut. Face à eux, élus locaux, pouvoirs publics et médecins sont désemparés.En effet, ces "crackeurs" sont un danger pour eux-mêmes mais également pour les autres. Du fait de leur intoxication, les usagers peuvent parfois être violents ou délirants, indique le docteur Thomas Gonzalez, médecin en addictologie au centre hospitalier de Saint-Anne à Paris. La cocaïne peut aussi induire chez eux des attitudes spécifiques comme "le comportement compulsif de recherche de cocaïne".Le docteur Thomas Gonzalez prévient que cette drogue peut provoquer sur le long terme des effets psychiatriques: "C’est de la dépression, parfois de la psychose, ou encore de la paranoïa. Mais également, d’autres maladies psychiatriques comme la schizophrénie et des troubles anxieux."Des effets sur la santé mentaleCe n’est pas tout, il existe aussi des complications sur le plan somatique avec une toxicité cardiaque de la cocaïne par exemple. Par ailleurs, les usagers de crack peuvent souffrir de problèmes pulmonaires comme le "crack lung" –appelé aussi poumon du "crackeur".Certains toxicomanes ont fait part à Sputnik de la difficulté de ne pas "rechuter", même après avoir reçu des soins. "C’est effectivement difficile de s’arrêter parce que le produit est très puissant, on peut s’en procurer assez facilement maintenant selon les endroits", constate le docteur Gonzalez. "De plus, le crack provoque, en cas de manque, des signes subjectifs tels qu’une humeur dysphorique: il y a une tristesse mais ce n’est pas de la dépression. C’est ce que l’on appelle l’anhédonie, une perte de la capacité à éprouver du plaisir. Du coup, la seule chose qui procure du plaisir, c’est le crack. Cela fait que l’on peut rechuter."Néanmoins, le spécialiste veut tordre le cou à l’image que l’on se fait du consommateur de crack et de l’impossibilité de sortir de l’addiction.Possible de s’en sortirIl rappelle que des associations sont sur le terrain et qu’il existe une offre de soins en région parisienne. À l’image des ELSA (équipe de liaison en soins d’addiction), des CAARUD (Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues) et des CSAPA (Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie), ou encore, des consultations d’addictologie hospitalières.Selon une enquête de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), on dénombre près de 43.000 usagers de cocaïne basée en France, dont 13.000 en Île-de-France. Bien loin donc des 300, voire 400, toxicomanes traînant dans les rues parisiennes.Des toxicos baladés dans tout le nord-est parisienCette présence cristallise néanmoins les tensions avec les riverains. Signe de leur lassitude: depuis plusieurs mois, chaque semaine, ils manifestent pancartes et casseroles à la main, intimant les pouvoirs publics d’agir. Le 13 octobre, ce sont des élus de Seine-Saint-Denis et des riverains qui se sont mobilisés à quelques encablures de Matignon. En cause: le déplacement des toxicomanes à la porte de la Villette et la construction du "mur de la honte". Un édifice de parpaings censé bloquer le passage des consommateurs de crack entre Paris et sa banlieue.Durant cette mobilisation, au Conseil de Paris, Anne Hidalgo et Didier Lallement, préfet de police, ont une nouvelle fois montré leur opposition sur la question de la prise en charge des toxicomanes. "Je considère que l’action en matière de lutte contre le crack est tout à fait au niveau", a indiqué le préfet. Il a néanmoins concédé "qu’elle pourrait bien sûr être supérieure" mais qu’une action "médicale et sociale" est aussi nécessaire.Un ping-pong sans fin qui dure depuis la mi-mai à l’occasion de l’installation des "crackeurs" dans les jardins d’Éole (XIXe). Or ces querelles politiques, notamment sur la question des salles de consommation ou "salles de shoot", sont loin de répondre à cette problématique de santé publique qui dure depuis les années 1990.Alors faute de solutions concrètes qui fassent l’unanimité, les toxicomanes sont livrés à eux-mêmes et déplacés régulièrement. Fin 2019, ils étaient chassés de la porte de la Chapelle et sa fameuse "colline du crack", puis du tunnel désaffecté passant sous la gare RER Rosa-Parks (XIXe) en septembre 2020, en juin dernier des jardins d’Éole, puis de la rue Riquet (XIXe) en septembre. Pour finir, enfin, porte de la Villette. En attendant d’être sûrement à nouveau délogés.
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Crack: au cœur d’une bataille politique, les toxicomanes seuls face à leurs démons
15:54 15.10.2021 (Mis à jour: 17:48 10.01.2022) Comment résoudre le problème insoluble du crack à Paris? À cette question, entre Anne Hidalgo et le gouvernement, c’est le dialogue de sourds. Faute de solution pérenne, les "crackeurs" sont livrés à eux-mêmes.
"C’est le crack qui ne veut pas en finir avec moi. Sinon, ça ferait longtemps que j’aurais déjà arrêté."
Mylène, une consommatrice de crack (un mélange de cocaïne et d’ammoniac très addictif), rencontrée dans le XIXe arrondissement, explique vouloir s’en sortir, mais cela n’est pas chose aisée. Elle précise néanmoins "ne pas fumer tant que ça", par rapport à certains de ses compagnons d’infortune. Comme elle, ce sont des centaines de toxicomanes qui errent dans les rues du nord-est parisien, en quête de salut. Face à eux, élus locaux, pouvoirs publics et médecins sont désemparés.
En effet, ces "crackeurs" sont un danger pour eux-mêmes mais également pour les autres. Du fait de leur intoxication, les usagers peuvent parfois être violents ou délirants, indique le docteur Thomas Gonzalez, médecin en addictologie au centre hospitalier de Saint-Anne à Paris. La cocaïne peut aussi induire chez eux des attitudes spécifiques comme "le comportement compulsif de recherche de cocaïne".
"C’est le fait de voir des gens sur des scènes de consommation de crack qui vont chercher frénétiquement des résidus par terre, tout en sachant qu’ils n’en trouveront pas. Donc ils sont un peu comme des poules, en train de picorer le sol pour essayer de trouver du crack", précise le médecin.
Le docteur Thomas Gonzalez prévient que cette drogue peut provoquer sur le long terme des effets psychiatriques: "C’est de la dépression, parfois de la psychose, ou encore de la paranoïa. Mais également, d’autres maladies psychiatriques comme la schizophrénie et des troubles anxieux."
Des effets sur la santé mentale
Ce n’est pas tout, il existe aussi des complications sur le plan somatique avec une toxicité cardiaque de la cocaïne par exemple. Par ailleurs, les usagers de crack peuvent souffrir de problèmes pulmonaires comme le "crack lung" –appelé aussi poumon du "crackeur".
"Et puis, il y a aussi tout ce qui est lié au mode de consommation, de l’ordre des brûlures au niveau des lèvres avec les doseurs, les maladies transmissibles (hépatite B, C), ce qui va être lié aux prises de risque sexuelles (syphilis, VIH). Ainsi que les maladies liées à la précarité", détaille le médecin.
Certains toxicomanes ont fait part à Sputnik de la difficulté de ne pas "rechuter", même après avoir reçu des soins. "C’est effectivement difficile de s’arrêter parce que le produit est très puissant, on peut s’en procurer assez facilement maintenant selon les endroits", constate le docteur Gonzalez.
"De plus, le crack provoque, en cas de manque, des signes subjectifs tels qu’une humeur dysphorique: il y a une tristesse mais ce n’est pas de la dépression. C’est ce que l’on appelle l’anhédonie, une perte de la capacité à éprouver du plaisir. Du coup, la seule chose qui procure du plaisir, c’est le crack. Cela fait que l’on peut rechuter."
Néanmoins, le spécialiste veut tordre le cou à l’image que l’on se fait du consommateur de crack et de l’impossibilité de sortir de l’addiction.
Il rappelle que des associations sont sur le terrain et qu’il existe une offre de soins en région parisienne. À l’image des ELSA (équipe de liaison en soins d’addiction), des CAARUD (Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues) et des CSAPA (Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie), ou encore, des consultations d’addictologie hospitalières.
"En ce moment, il y a un focus sur les toxicomanes de la place de la Villette, mais tous les consommateurs ne sont pas dans ce quartier. Il y en a un certain nombre qui sont insérés, qui en font un usage quotidien, ou une à trois fois par semaine. Ils arrivent aussi à s’en sortir."
Selon une enquête de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), on dénombre près de 43.000 usagers de cocaïne basée en France, dont 13.000 en Île-de-France. Bien loin donc des 300, voire 400, toxicomanes traînant dans les rues parisiennes.
Des toxicos baladés dans tout le nord-est parisien
Cette présence cristallise néanmoins les
tensions avec les riverains. Signe de leur lassitude: depuis plusieurs mois, chaque semaine, ils manifestent pancartes et casseroles à la main, intimant les pouvoirs publics d’agir. Le 13 octobre, ce sont des élus de Seine-Saint-Denis et des riverains qui se sont mobilisés à quelques encablures de Matignon. En cause: le déplacement des toxicomanes à la porte de la Villette et la construction du "
mur de la honte". Un édifice de parpaings censé bloquer le passage des consommateurs de crack entre Paris et sa banlieue.
Durant cette mobilisation, au Conseil de Paris, Anne Hidalgo et Didier Lallement, préfet de police, ont une nouvelle fois montré leur opposition sur la question de la prise en charge des toxicomanes. "Je considère que l’action en matière de lutte contre le crack est tout à fait au niveau", a indiqué le préfet. Il a néanmoins concédé "qu’elle pourrait bien sûr être supérieure" mais qu’une action "médicale et sociale" est aussi nécessaire.
"Je trouve scandaleux que la seule réponse des pouvoirs publics soit le déplacement du problème [...]. Je pense et je le redis, que sur la question qui relève plutôt de la compétence du ministre de l’Intérieur, là il faut mettre les bouchés doubles", a fustigé quant à elle l’édile de Paris.
Un ping-pong sans fin qui dure depuis la mi-mai à l’occasion de l’installation des "crackeurs" dans les jardins d’Éole (XIXe). Or ces querelles politiques, notamment sur la question des salles de consommation ou "
salles de shoot", sont loin de répondre à cette problématique de santé publique qui dure depuis les années 1990.
Alors faute de solutions concrètes qui fassent l’unanimité, les toxicomanes sont livrés à eux-mêmes et déplacés régulièrement. Fin 2019, ils étaient chassés de la porte de la Chapelle et sa fameuse "
colline du crack", puis du tunnel désaffecté passant sous la gare RER
Rosa-Parks (XIXe) en septembre 2020, en juin dernier des jardins d’Éole, puis de la rue Riquet (XIXe) en septembre. Pour finir, enfin, porte de la Villette. En attendant d’être sûrement à nouveau délogés.