Le premier médicament "vivant" efficace contre des infections bactériennes aurait été créé en Europe

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Des bactéries (image d'illustration) - Sputnik Afrique, 1920, 07.10.2021
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Afin de lutter contre les microbes résistants aux antibiotiques, des scientifiques espagnols ont mis en usage pour la première fois des bactéries modifiées, envoyant ces médicaments "vivants" vers la source de la maladie. Ils évoquent également l’avantage à long terme d’une telle thérapie.
Pour la première fois, une équipe de scientifiques de l’Institut des sciences et technologies de Barcelone (BIST)et d’autres établissements espagnols ont utilisé des bactéries modifiées pour lutter contre les microbes résistants aux antibiotiques qui forment des biofilms sur la surface des cathéters, des stimulateurs cardiaques, des prothèses articulaires et d'autres implants médicaux, fait savoir un article publié dans la revue Molecular Systems Biology.
"À notre connaissance, il s'agit de la première bactérie à génome réduit capable de lutter contre les infections bactériennes cliniquement pertinentes associées au biofilm", indiquent les chercheurs dans leur étude.
L'un des types les plus courants de bactéries qui forment des biofilms est le staphylocoque doré. Les infections, qu’ils causent, ne sont pas traitables à l’aide d’antibiotiques ordinaires, ce qui exige l'élimination chirurgicale d’implants médicaux infectés. Les traitements alternatifs avec des anticorps ou des enzymes qui pourraient être menés dans ces cas sont très toxiques pour les tissus sains et provoquent des effets secondaires indésirables.

Une nouvelle méthode proposée

Les scientifiques, qui mettent l’accent sur le traitement des maladies respiratoires, proposent d'utiliser les enzymes pour envoyer directement aux biofilms des microorganismes, des bactéries modifiées qui peuvent produire elles-mêmes ces enzymes.
Les auteurs de cette expérience estiment que cette méthode peut devenir un moyen sûr et pas cher pour traiter les infections résultant d'une intervention médicale. Selon eux, les bactéries sont le porteur idéal pour ce genre de livraison, car elles ont de petits génomes qui peuvent être modifiés par des manipulations génétiques simples sans représenter un danger pour la santé de l’organisme.

Résultats d’expériences prometteurs

La méthode expérimentale de traitement a été testée sur des souris de laboratoire auxquelles on a administré des cathéters infectés. Les injections d'un médicament contenant des bactéries baptisées Mycoplasma pneumoniae, modifiées avec un génome réduit, ont permis de guérir 82% des animaux infectés, relate l’article.
Les chercheurs ont d'abord modifié le génome de cette bactérie pulmonaire de façon à ce qu'elle ne puisse pas se reproduire, puis avec de nouvelles modifications ils ont fait en sorte qu'elle commence à produire deux enzymes différentes qui dissolvent les biofilms et attaquent les parois cellulaires dans lesquelles se trouvent les bactéries.
"Notre technologie fondée sur la biologie synthétique et les moyens biothérapiques vivants a été conçue en tenant compte de toutes les normes de sécurité et d'efficacité pour une utilisation dans les poumons, car les maladies respiratoires sont l'un de nos objectifs prioritaires", indique dans un communiqué le Dr Maria Lluch-Senar, responsable de l'étude, du Centre de régulation génomique (CRG) de Barcelone.

La production à grande échelle pourrait être lancée d’ici 2023

Les chercheurs ont prévu d'effectuer des essais cliniques en 2023, puis de passer à la production à grande échelle de médicaments "vivants".
Les bactéries modifiées peuvent également être utilisées à long terme pour d'autres maladies, ajoutent les chercheurs.
"Les bactéries sont des véhicules idéaux pour la "médecine vivante" parce qu'elles peuvent transporter n'importe quel élément thérapeutique pour traiter la source d'une maladie. L’un des grands avantages de la technologie est qu'une fois arrivées à destination, les bactéries offrent une production continue et localisée de la molécule thérapeutique. Comme tout véhicule, nos bactéries peuvent être modifiées avec différentes charges utiles qui visent différentes maladies, avec potentiellement plus d'applications dans l'avenir", expose le professeur de recherche à l’Institut catalan de recherche et d'études avancées (ICREA), Luis Serrano, coauteur de l'étude.
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