Au Tchad, l'opposition exige "la fin d'un régime qui a confisqué le pouvoir par les armes"

© AFP 2024 DJIMET WICHEManifestation à N'Djaména contre la junte qui dirige le Tchad depuis la mort d'Idriss Déby, le 11 septembre 2021
Manifestation à N'Djaména contre la junte qui dirige le Tchad depuis la mort d'Idriss Déby, le 11 septembre 2021 - Sputnik Afrique, 1920, 05.10.2021
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Des manifestants ont été violemment dispersés le 2 octobre au Tchad. Une coalition des partis de l’opposition et de la société civile avait prévu de manifester pour protester contre la gestion du pays par la junte au pouvoir. Malgré la répression, les organisateurs entendent poursuivre leurs actions jusqu’au passage à la démocratie dans le pays.
Jusqu’où iront les manifestants opposés au Conseil militaire de transition (CMT) qui dirige le Tchad depuis le décès d’Idriss Déby Itno en avril dernier?
"Nous marchons pour exiger la fin d'un régime qui a confisqué le pouvoir par les armes. Cependant, ce que nous faisons va au-delà de la contestation de la junte militaire au pouvoir. Le peuple a décidé de se mettre debout et de marcher pour imposer sa voix. Nous voulons un pays dans lequel le peuple qui s'est levé pour marcher réussira à choisir librement et démocratiquement ses dirigeants. Nous allons poursuivre nos manifestations jusqu’à l’instauration de la démocratie au Tchad", clame au micro de Sputnik Succès Masra, farouche opposant des Déby et fondateur du mouvement politique Les Transformateurs, membre de la coalition organisatrice des manifestions.
Le 2 octobre, la coalition Wakit Tama, coordination de partis politiques et d'organisations de la société civile, opposée à la transition militaire, a appelé à de nouvelles manifestations. Une marche "violemment" dispersée par la police tchadienne. Selon les organisateurs, les forces de l'ordre ont fait usage de bombes à gaz lacrymogène pour disperser des manifestants au siège du parti Les Transformateurs, dans la capitale tchadienne. Des échauffourées qui auraient fait une cinquantaine de blessés, selon les organisateurs. Ces derniers exigeaient une nouvelle fois "la révision de la charte régissant la transition" et dénoncent les "arrêtés mettant en place les comités non inclusifs du dialogue".

"Nous avons notre avis, c'est l'avis du peuple"

La marche avait été initialement autorisée, mais les autorités tchadiennes reprochent aux organisateurs le refus du respect de l’itinéraire prédéfini. Cette manifestation n’est pourtant pas la première du genre depuis l’arrivée de la junte militaire au pouvoir. Le 11 septembre, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté sans heurts dans les rues de N'Djaména. En avril, au moins 15 personnes avaient été tuées lors d’une autre manifestation contre la transition militaire. Si le CMT, dirigé par Mahamat Idriss Déby Itno, 37 ans, successeur de son défunt père, s’active depuis peu à la mise sur pied d’un "dialogue national", qui doit permettre l'organisation dans les prochains mois d'élections présidentielle et législatives, la rue ne décolère pas. Des opposants et des membres de la société civile comme Succès Masra refusent de prendre part au dialogue national inclusif dans les conditions actuelles, notamment la composition des équipes chargées de le mettre en place.
Manifestation à N'Djaména contre la junte qui dirige le Tchad depuis la mort d'Idriss Déby, le 11 septembre 2021 - Sputnik Afrique, 1920, 15.09.2021
Tchad: «En France, on n'a pas demandé aux enfants de de Gaulle de prendre le pouvoir»
Mi-août dernier, un décret du Premier ministre de la transition Albert Pahimi Padacké a donné la composition de l’équipe de 70 membres qui aura la charge de préparer la tenue du dialogue national prévu pour les mois de novembre et décembre 2021. Trois anciens opposants de l’ancien Président Idriss Déby Itno font partie de ce comité d’organisation, dont Saleh Kebzabo. Si dans le pays de plus en plus de leaders veulent donner une chance au processus de transitionen rejoignant le dialogue national annoncé, la coalition Wakit Tama craint une machination du CMT pour confisquer le pouvoir.
"Ces dernières années, le Tchad en a organisé des dialogues! La question que tout le monde doit se poser, c'est pourquoi, à la fin de ces dialogues et fora de discussions, nous sommes encore au point de départ. C'est bien parce qu’il y a un manque de sincérité. Et ce que nous demandons, ce sont des garanties pour créer des conditions de confiance mutuelle. Les mêmes personnes qui ont trompé le peuple, en 2018 et en 2020, à travers des fora dont les conclusions avaient été prérédigées, sont encore aux manettes aujourd'hui. Le peuple exige un minimum de garanties! Le dialogue ne peut avoir lieu qu'entre deux personnes qui n'ont pas les mêmes avis. Nous avons notre avis, c'est l'avis du peuple", poursuit l’opposant.
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