Talibans au pouvoir en Afghanistan

Le prix de l’opium s’envole en Afghanistan en raison des promesses des talibans

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Sur fond d’une éventuelle interdiction des drogues en Afghanistan, avancées par les talibans* qui veulent en échange un soutien international, les prix de l’opium se sont envolés sur les marchés noirs du pays, un kilogramme de résine de pavot atteignant 125 dollars.
Alors que de l’Afghanistan vient plus de 80% de la production mondiale d’opium, les talibans* ont promis en août de supprimer du pays cette drogue. Un mois plus tard, son prix a triplé sur le marché noir, rapporte l’AFP.
Selon les témoignages de commerçants afghans interrogés par l’agence, le prix d’un kilogramme de résine de pavot, susceptible d’être transformée en héroïne, est désormais compris entre 100 et 125 dollars.
En attendant une éventuelle interdiction de la culture du pavot, dont le trafic représente entre 20 à 30% du PIB du pays, les vendeurs affirment avoir peur de faire faillite. Pour eux, cette activité n’est qu’un moyen de gagner leur vie, faute d’autres cultures adéquates à ce sol peu fertile.
Mais les talibans* ne veulent pas lutter contre les drogues par eux-mêmes, cela doit être soutenu par les autres pays, estiment-ils.
"L’Afghanistan sera désormais un pays sans drogue", a déclaré Zabihullah Mujahid, le porte-parole des talibans*. "Cependant, nous avons besoin d’un soutien international. La communauté mondiale doit nous aider à trouver une alternative. Mettez d’autres cultures à notre disposition et nous mettrons un terme aux drogues".

Production d’opium en Afghanistan

Le pays réalise 83% de la production mondiale de cette drogue, dont les volumes ne cessent d’augmenter. L’opium approvisionne les marchés des pays voisins et ceux d’Europe, du Proche-Orient et du Moyen-Orient, d’Asie du Sud et d’Afrique, détaille l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), dans un rapport publié en juin 2021.
La superficie totale des cultures de pavots à opium en Afghanistan était d'environ 224.000 hectares en 2020, l’année de déclenchement de la pandémie de Covid-19, un chiffre représentant une augmentation de 37% (61.000 hectares) par rapport à 2019. Cette superficie est l'une des plus élevées jamais recensées, précise l’ONUDC.
Environ 6.300 tonnes d’opium y ont été produites en 2020, un chiffre quasiment stable depuis 2018. Dans les années 1990, sa production annuelle allait de 2.200 à 4.500 tonnes jusqu’à une chute vertigineuse en 2001, après que les talibans* l’ont interdite.
À quelques mois de l’arrivée des troupes américaines dans la région, l’Onu "a observé le succès quasi total de l'interdiction d'éliminer la culture du pavot dans les zones contrôlées par les talibans*". Depuis la chute du régime, le rythme de production a progressivement repris et a fini par doubler voire parfois tripler, comme en 2017. Ce alors que les États-Unis ont dépensé quelque huit milliards de dollars dans l'éradication du pavot en Afghanistan au cours des 15 dernières années, selon Reuters.

Bénéfices

"Les talibans* ont compté sur le commerce de l'opium afghan comme l'une de leurs principales sources de revenus", a déclaré à Reuters Cesar Gudes, chef du bureau de Kaboul de l'ONUDC. "Plus de production apporte des médicaments à un prix moins cher et plus attractif, et donc une accessibilité plus large".
Les talibans* tirent jusqu'à 60% de leurs revenus annuels via le trafic de drogue, a estimé le général John Nicholson dans un rapport de l'Inspection générale spéciale pour la reconstruction de l'Afghanistan (Sigar), publié en 2018. En 2020, la production d’opium y a été estimée à 350 millions de dollars, a déclaré l’ONUDC.
*Organisation terroriste interdite en Russie
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