Un tiers des moins de 24 ans a récemment eu des pensées suicidaires, que va faire l’État?

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dépression - Sputnik Afrique, 1920, 27.09.2021
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Alors que se tiennent aujourd’hui et demain les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, un baromètre de la dépression révélé par Europe 1 livre des tendances inquiétantes. Les professionnels espèrent un plan d’urgence.
Promises depuis janvier 2020 par Macron puis reportées, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie se tiennent finalement en vidéoconférence ces 27 et 28 septembre, dans un contexte toujours inquiétant. En effet, Europe 1 vient de révéler le dernier baromètre de la dépression de l’Unafam (Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques), selon lequel 30% des moins de 24 ans ont eu des pensées suicidaires au cours des derniers mois.
Autre tendance constatée: seul un tiers des malades est pris en charge par un professionnel de santé. La crise sanitaire a d’autant plus aggravé le problème en saturant le système de soins, sans compter l’impact des confinements successifs.
"C'est quelque chose à prendre très au sérieux. Je rappelle que la dépression est la maladie qui a l'impact en termes d'incapacité le plus élevé dans le monde, largement au-dessus d'autres maladies comme les maladies cardio-vasculaires", alerte sur Europe 1 le psychiatre Pierre de Maricourt, chef de service à l’hôpital Saint-Anne à Paris.
"C'est vraiment une maladie qui touche le fonctionnement au quotidien et qui, chez les jeunes, peut pénaliser leur développement, leur scolarité et donc la suite de leur vie. C'est un enjeu majeur", ajoute-t-il.

Chiffres inquiétants

Une étude comparative entre 2018 et mars 2021 relevait déjà une hausse des tentatives de suicide chez les 12-24 ans. Dans un même temps, le Conseil scientifique avait alerté le gouvernement sur une hausse de 80% des hospitalisations des jeunes pour motif psychiatrique. Tous âges confondus, la France affiche l’un des taux de suicide les plus élevés d’Europe, environ 9.000 par an.
En janvier 2021, une enquête Ipsos pour la fondation FondaMental soulignait une importante détresse psychologique chez les jeunes, 32% d’entre eux souffrant de troubles de santé mentale, et 40% des moins de 25 ans rapportaient un trouble anxieux généralisé, et un sur cinq des symptômes de troubles dépressifs.
En mai, une étude de l’institut CSA a confirmé la tendance: six Français sur 10 ont déclaré que la situation sanitaire a "des répercussions sur leur état de santé en général", citant en premier des sentiments de déprime. Le chiffre monte à 72% pour les 25-34 ans. Ces conséquences impactent davantage les jeunes femmes: trois fois plus chez les 18-24 ans et deux fois plus chez les 25-34 ans. Passé les 65 ans, ce sont les hommes qui ont souligné plus d’effets négatifs sur leur état de santé.

Annonces attendues

Le ministère de la Santé définit ce rendez-vous comme "un moment historique du débat national". L’objectif affiché est de "dresser un état des lieux partagé de la prise en charge de la santé mentale des Français, de l’offre de soins en psychiatrie et de l’accompagnement qui leur est proposé". Actuellement, quelque 12 millions de Français souffrent de troubles psychiques.
Contactés par l’AFP, des professionnels du secteur attendent que le Président annonce le remboursement des consultations chez les psychologues, tandis que les syndicats espèrent un tarif raisonnable. Tous espèrent aussi "sans grande conviction", un plan d’urgence "au secours d’une psychiatrie publique sinistrée".

Sujet oublié

Samedi 25 septembre, 187 professionnels, dont 90 soignants, ont signé une tribune dans Le Parisien dénonçant que certaines pratiques jugées déviantes du soin en psychiatrie ne soient pas abordées aux Assises. Ils citent notamment l’isolement et la contention des patients, particulièrement d’usage pendant la pandémie.
"La question de harcèlement, d’abus de pouvoir et de maltraitance se pose", estiment-ils.
Certains se plaignent d’ailleurs d’avoir subi des pressions voire perdu leur emploi pour avoir dénoncé ces pratiques. "Sans volonté politique d’envergure et sans une obligation de moyens pour les hôpitaux psychiatriques visant à enrayer ce phénomène délétère, les sangles et les portes continueront de se resserrer et de se fermer sur nos concitoyens. Il est urgent qu’un débat national s’ouvre sur la question", concluent-ils.
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