Contrat rompu avec l’Australie: «coup dans le dos» pour les élus, «déception modérée» pour la CGT

© AFP 2024 Thierry ZoccolanJean-Yves Le Drian
Jean-Yves Le Drian - Sputnik Afrique, 1920, 16.09.2021
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À la suite de l’annonce de la rupture du contrat de fourniture de sous-marins nucléaires français à l’Australie, les réactions de personnalités politiques se multiplient. De son côté, la CGT Naval Group à Cherbourg évoque une «déception modérée».
Mercredi 15 septembre, les États-Unis ont annoncé un nouveau partenariat de sécurité dans la zone indopacifique avec l’Australie et le Royaume-Uni, une information confirmée ce jeudi par Canberra. Cela entraîne la rupture du contrat de livraison de sous-marins français au profit de Washington, qui livrera les siens.
Du côté des Républicains (LR), le député Julien Aubert dénonce un «bilan catastrophique en termes d’indépendance nationale», son collègue Éric Ciotti y voit un «symbole manifeste de la naïveté coupable vis-à-vis de Joe Biden» tandis que Bruno Retailleau, patron de LR au Sénat, estime que «la France et l’Europe doivent en tirer des leçons», mentionnant le «America’s First» de M.Biden.
Certains voient dans ce revers un signe que la France doit changer de politique étrangère. Le député de La France insoumise Bastien Lachaud espère donc que Paris quittera l’OTAN pour «sortir de notre dépendance aux USA». «Dans la guerre impitoyable que se livrent les pays, les intérêts français ont besoin d’être portés avec force par un État actif, puissant, souverain», commente Florian Philippot, lequel souhaite quitter l’UE. Autre partisan du «Frexit», François Asselineau souligne que le Royaume-Uni montre ainsi qu’il n’est «pas du tout coupé du reste du monde».
L’affaire a également fait réagir des candidats à l’élection présidentielle. Michel Barnier, participant à la primaire de la droite, considère que «l’Australie porte un coup injuste à une coopération stratégique prometteuse», ajoutant que «ce comportement entre alliés n’est pas acceptable». Valérie Pécresse parle d’un «camouflet diplomatique» et s’inquiète pour le «déficit croissant de notre commerce».

«Déception modérée» de la CGT

La CGT de Naval Group Cherbourg, le constructeur directement impacté par cette décision, a pour sa part fait état d’une «déception modérée». «On avait un enthousiasme modéré lors de la signature du contrat. Le risque était connu», précise son secrétaire général Vincent Hurel à l’AFP, ajoutant que «tout ne roulait pas parfaitement». Selon lui, 500 emplois de Naval Group étaient liés à ce contrat.
Il espère que les activités du groupe se reconcentreront sur «la marine nationale» et non sur «cette construction capitalistique sur tout ce qui peut rapporter du profit». Signé en 2016, le programme de défense entre la France et l’Australie avait été estimé à 34,5 milliards d’euros, mais a depuis pris en valeur (50 milliards d’euros) en raison des dépassements de coûts et d’effets de change, indique Le Monde.

«Coup dans le dos»

Invité à s’exprimer ce matin sur Franceinfo, Jean-Yves Le Drian qualifie cette décision de «coup dans le dos». «Nous avions établi avec l'Australie une relation de confiance, cette confiance est trahie», fustige-t-il. Il déplore également l’attitude de Washington: «Cela ne se fait pas entre alliés. […] Nous parlions de tout cela avec les États-Unis il y a peu de temps et là, voilà cette rupture. C’est assez insupportable».
Le ministre des Affaires étrangères compte demander des «explications» et des «clarifications» aux Australiens par rapport aux modalités de sortie des contrats signés. Des indemnités financières ne sont pas exclues.
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