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Quatre ex-détenus de Guantanamo au sein du gouvernement taliban: la prison controversée continue de hanter Washington
Quatre ex-détenus de Guantanamo au sein du gouvernement taliban: la prison controversée continue de hanter Washington
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Quatre ancien prisonniers de Guantanamo figurent au sein du gouvernement taliban*. Un énième rappel du cuisant échec qu’a été la création de ce tristement... 09.09.2021, Sputnik Afrique
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Dire que Guantanamo n’a pas été un grand succès «relève de l’euphémisme», estime avec une pointe d’ironie l’historien Roland Lombardi. Les récentes nominations de quatre anciens détenus du fameux centre de détention américain aux postes de ministres au sein du gouvernement taliban* sont là pour le rappeler. Ceux-ci ont été respectivement promus chef du service de renseignement, ministre des Frontières, ministre de la Défense et ministre de l’Information et de la Culture.Des représailles d’après 11-septembre «légitimes mais beaucoup d’erreurs»Aux États-Unis, le Républicain Mike Waltz, ancien béret vert ayant servi en Afghanistan, ne s’est pas privé d’exprimer son dégoût à cette occasion:Une indignation certes partisane, qui s’inscrit dans le jeu politique entre Républicains et Démocrates, mais qui souligne la profondeur de la blessure qu’inflige à de nombreux Américains auparavant engagés en Afghanistan l’image du retour des talibans* au pouvoir. De surcroît, d’anciens détenus de Guantanamo.Le tristement célèbre centre de détention inauguré en 2001, aux aurores de «la guerre contre la terreur», est, depuis son ouverture, le sujet d’importantes controverses. À de nombreux égards, il est considéré comme l’un des échecs les plus cuisants de cette guerre post-11 septembre contre le djihadisme. Pour Roland Lombardi, Guantanamo a surtout été un formidable outil de propagande pour les terroristes. Dans la prison, située au sud-est de Cuba sur une base américaine, les interrogateurs et autres surveillants avaient les mains plus libres qu’ailleurs. Les images de torture, les faits d’injustice et autres erreurs judiciaires, notamment après les révélations de Wikileaks en 2011, ont grandement desservi la lutte américaine. Pour un djihadiste arrêté et interrogé, dix autres surgissaient par solidarité avec ces musulmans torturés.Pour le «partisan de la force» qu’est Roland Lombardi, «les Américains ont manqué dès le départ de discrétion et de finesse». Car, selon lui, «une lutte face à une contre-insurrection avec une idéologie, ça se fait avec précision et discrétion».En n’arrivant pas à contenir la médiatisation à outrance de cette usine de la torture made in USA, Washington l’a laissée devenir un brevet de validation pour l’internationale djihadiste. À l’image des quatre ministres talibans* passés par la case Guantanamo et aujourd’hui au pouvoir, nombre de terroristes sont ressortis de cette prison avec une plus grande crédibilité et une plus grande influence que lorsqu’ils y sont entrés.732 détenus sur 780 libérés sans inculpationUn rapport de la Defense Intelligence Agency daté du 12 mai 2008 indique par exemple que 36 sur plusieurs centaines de détenus avaient repris des activités liées au terrorisme islamiste après leur sortie ou leur transfert. D’après ce même rapport, le taux de réengagement dans des activités terroristes se situait entre 5% et 8%.Une note du CF2R datée de 2009 indique pour sa part que «61 des 520 anciens détenus de Guantanamo ayant été libérés auraient repris du service au sein d’Al-Qaïda*. Les services de renseignement américains détiendraient des preuves formelles de l’implication de 18 d’entre eux dans des activités terroristes».Depuis sa création, «Gitmo» a accueilli jusqu’à 780 prisonniers. Il en reste aujourd’hui 39, et neuf sont décédés en détention. Sur ces 780, 732 ont été libérés sans inculpation, beaucoup après avoir été détenus pendant plus de dix ans sans pouvoir contester leur emprisonnement. Un blockbuster hollywoodien a même vu le jour pour dénoncer ces cas de détenus innocents torturés et enfermés pendant des années sans procès ni droit à la défense. Durant ses huit années à la tête du pays, Barack Obama avait promis de fermer la prison, devenue aussi impopulaire aux États-Unis qu’à l’étranger. En vain, du fait des nombreuses restrictions du Congrès et l’impossibilité de trouver un point de chute aux détenus restants. *Organisation terroriste interdite en Russie.
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Quatre ex-détenus de Guantanamo au sein du gouvernement taliban: la prison controversée continue de hanter Washington
18:04 09.09.2021 (Mis à jour: 22:23 08.04.2023) Quatre ancien prisonniers de Guantanamo figurent au sein du gouvernement taliban*. Un énième rappel du cuisant échec qu’a été la création de ce tristement célèbre centre de détention dans la «guerre contre la terreur», estime le spécialiste du Moyen-Orient Roland Lombardi. Analyse.
Dire que Guantanamo n’a pas été un grand succès «relève de l’euphémisme», estime avec une pointe d’ironie l’historien Roland Lombardi.
Les
récentes nominations de quatre anciens détenus du fameux centre de détention américain aux postes de ministres au sein du gouvernement taliban* sont là pour le rappeler. Ceux-ci ont été respectivement promus chef du service de renseignement, ministre des Frontières, ministre de la Défense et ministre de l’Information et de la Culture.
Des représailles d’après 11-septembre «légitimes mais beaucoup d’erreurs»
Aux États-Unis, le Républicain Mike Waltz, ancien béret vert ayant servi en Afghanistan, ne s’est pas privé d’exprimer son dégoût à cette occasion:
«Voir ces ex-prisonniers de Guantanamo à la tête d’un État terroriste qui menacera à nouveau la patrie est une gifle pour tous les anciens combattants, les familles de militaires morts et les victimes du 11-septembre.»
Une indignation certes partisane, qui s’inscrit dans le jeu politique entre Républicains et Démocrates, mais qui souligne la profondeur de la blessure qu’inflige à de nombreux Américains auparavant engagés en Afghanistan l’image du retour des talibans* au pouvoir. De surcroît, d’anciens détenus de Guantanamo.
Le tristement célèbre centre de détention inauguré en 2001, aux aurores de «la guerre contre la terreur», est, depuis son ouverture, le sujet d’importantes controverses. À de nombreux égards, il est considéré comme l’un des échecs les plus cuisants de cette guerre post-11 septembre contre le djihadisme.
Pour Roland Lombardi, Guantanamo a surtout été un formidable outil de propagande pour les terroristes. Dans la prison, située au sud-est de Cuba sur une base américaine, les interrogateurs et autres surveillants avaient les mains plus libres qu’ailleurs. Les images de torture, les faits d’injustice et autres erreurs judiciaires, notamment après les révélations de Wikileaks en 2011, ont grandement desservi la lutte américaine. Pour un djihadiste arrêté et interrogé, dix autres surgissaient par solidarité avec ces musulmans torturés.
Pour le «partisan de la force» qu’est Roland Lombardi, «les Américains ont manqué dès le départ de discrétion et de finesse». Car, selon lui, «une lutte face à une contre-insurrection avec une idéologie, ça se fait avec précision et discrétion».
«Les représailles après le 11-septembre étaient légitimes, le problème c’est qu’il y a eu beaucoup d’erreurs dès le départ», estime l’historien au micro de Sputnik.
En n’arrivant pas à contenir la médiatisation à outrance de cette usine de la torture made in USA, Washington l’a laissée devenir un brevet de validation pour l’internationale djihadiste. À l’image des quatre ministres talibans* passés par la case Guantanamo et aujourd’hui au pouvoir, nombre de terroristes sont ressortis de cette prison avec une plus grande crédibilité et une plus grande influence que lorsqu’ils y sont entrés.
732 détenus sur 780 libérés sans inculpation
Un rapport de la Defense Intelligence Agency daté du 12 mai 2008 indique par exemple que 36 sur plusieurs centaines de détenus avaient repris des activités liées au terrorisme islamiste après leur sortie ou leur transfert. D’après ce même rapport, le taux de réengagement dans des activités terroristes se situait entre 5% et 8%.
Une note du CF2R datée de 2009 indique pour sa part que «61 des 520 anciens détenus de Guantanamo ayant été libérés auraient repris du service au sein d’Al-Qaïda*. Les services de renseignement américains détiendraient des preuves formelles de l’implication de 18 d’entre eux dans des activités terroristes».
Depuis sa création, «
Gitmo» a accueilli jusqu’à 780 prisonniers.
Il en reste aujourd’hui 39, et neuf sont décédés en détention. Sur ces 780, 732 ont été libérés sans inculpation, beaucoup après avoir été détenus pendant plus de dix ans sans pouvoir contester leur emprisonnement. Un blockbuster hollywoodien a même vu le jour pour dénoncer ces cas de détenus innocents torturés et enfermés pendant des années sans procès ni droit à la défense.
Durant ses huit années à la tête du pays, Barack Obama avait promis de
fermer la prison, devenue aussi impopulaire aux États-Unis qu’à l’étranger. En vain, du fait des nombreuses restrictions du Congrès et l’impossibilité de trouver un point de chute aux détenus restants.
*Organisation terroriste interdite en Russie.