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Entreprise moderne: «Ce que l’on appelle taylorisme a souvent peu à voir avec les intentions de Taylor»
Entreprise moderne: «Ce que l’on appelle taylorisme a souvent peu à voir avec les intentions de Taylor»
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Dans ce dixième cours d’«Anti-néolibéralisme», Omar Aktouf explique à Sputnik les conditions et les objectifs ayant présidé à l’apparition de la théorie du... 06.09.2021, Sputnik Afrique
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Aux XVIIIe et XIXe siècles, le développement de la manufacture et la Révolution industrielle qui s’est ensuivie ont induit un changement radical quant à l’organisation et à la conduite du travail en usine. En effet, la qualité principale recherchée dans un dirigeant est son habilité à organiser, subdiviser, discipliner et surveiller le travail de dizaines de personnes sans compétences précises. Le but est essentiellement d’obtenir plus, toujours plus, de profits en maximalisant le facteur travail par unité de temps.Au départ, il s’agissait, souvent avec armes, fouets et bâtons, de surveiller et de pousser sans relâche les employés à l’effort. Mais, peu à peu, avec la complexification des contextes et des opérations, notamment avec l’apparition des machines, avec les luttes ouvrières, les syndicats, les lois sociales sur le travail et la concurrence, la seule fonction de contrôle-surveillance n’était plus suffisante, imposant l’évolution des rôles du gestionnaire.Au XIXe et au début du XXe siècle, la généralisation de la machine, du moteur, du chemin de fer, etc. va apporter dans son sillage la conviction de la nécessité d’organiser le travail suivant des rouages bien réglés, semblables aux automates et aux systèmes mécaniques. La discipline la plus stricte, la spécialisation la plus poussée, la division du travail la plus détaillée et, enfin, la rationalité opératoire, le calcul scientifique et la prévision méticuleuse seraient donc garants d’un succès scientifiquement fondé.C’est dans ce contexte qu’apparaissent les premiers balbutiements de la théorie du management avec des auteurs, dont les écrits et les principes allaient servir de première base à cette nouvelle discipline. L’un des plus célèbres est l’ingénieur américain de l’industrie de l’acier Frederick Winslow Taylor (1856-1915), considéré comme le «père de l’organisation scientifique du travail».En quoi consiste la méthode développée par Taylor? Est-elle réellement basée sur des principes scientifiques? Quels étaient les premiers objectifs recherchés par ce dernier en termes d’organisation du travail? Ses propositions concernant l’harmonisation de la relation entre ouvriers et patrons ont-elles été respectées?Quid «des méthodes empruntées à la démarche scientifique»?«Il y a une différence entre recourir à des méthodes empruntées à la démarche scientifique pour réaliser un objectif donné et attribuer à cet objectif lui-même un statut scientifique», affirme le professeur Aktouf.«La grande amertume»Dans le même sens, le professeur Omar Aktouf souligne que «les découvertes et les intentions de Taylor, comme il en témoignera lui-même en 1912, ont été trop souvent mal comprises, mal interprétées et même détournées, au profit des patrons et des compagnies, et au détriment du climat social et de la coopération dirigeants-dirigés. Ce que l’on appelle "taylorisme" ou "système Taylor" en management traditionnel a souvent peu à voir directement avec les travaux et les intentions de Taylor lui-même».
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Entreprise moderne: «Ce que l’on appelle taylorisme a souvent peu à voir avec les intentions de Taylor»
Dans ce dixième cours d’«Anti-néolibéralisme», Omar Aktouf explique à Sputnik les conditions et les objectifs ayant présidé à l’apparition de la théorie du management, ayant accompagné le passage de la manufacture à l’entreprise moderne. Il évoque notamment les travaux de Taylor, considérés à tort comme une organisation scientifique du travail.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, le développement de la manufacture et la Révolution industrielle qui s’est ensuivie ont induit un changement radical quant à l’organisation et à la conduite du travail en usine. En effet, la qualité principale recherchée dans un dirigeant est son habilité à organiser, subdiviser, discipliner et surveiller le travail de dizaines de personnes sans compétences précises. Le but est essentiellement d’obtenir plus, toujours plus, de profits en maximalisant le facteur travail par unité de temps.
Au départ, il s’agissait, souvent avec armes, fouets et bâtons, de surveiller et de pousser sans relâche les employés à l’effort. Mais, peu à peu, avec la complexification des contextes et des opérations, notamment avec l’apparition des machines, avec les luttes ouvrières, les syndicats, les lois sociales sur le travail et la concurrence, la seule fonction de contrôle-surveillance n’était plus suffisante, imposant l’évolution des rôles du gestionnaire.
Au XIXe et au début du XXe siècle, la généralisation de la machine, du moteur, du chemin de fer, etc. va apporter dans son sillage la conviction de la nécessité d’organiser le travail suivant des rouages bien réglés, semblables aux automates et aux systèmes mécaniques. La discipline la plus stricte, la spécialisation la plus poussée, la division du travail la plus détaillée et, enfin, la rationalité opératoire, le calcul scientifique et la prévision méticuleuse seraient donc garants d’un succès scientifiquement fondé.
C’est dans ce contexte qu’apparaissent les premiers balbutiements de la théorie du management avec des auteurs, dont les écrits et les principes allaient servir de première base à cette nouvelle discipline. L’un des plus célèbres est l’ingénieur américain de l’industrie de l’acier Frederick Winslow Taylor (1856-1915), considéré comme le «père de l’organisation scientifique du travail».
En quoi consiste la méthode développée par Taylor? Est-elle réellement basée sur des principes scientifiques? Quels étaient les premiers objectifs recherchés par ce dernier en termes d’organisation du travail? Ses propositions concernant l’harmonisation de la relation entre ouvriers et patrons ont-elles été respectées?
Dans ce dixième cours d’«Anti-néolibéralisme», Omar Aktouf, professeur titulaire à HEC Montréal et membre du conseil scientifique d’ATTAC Québec, estime auprès de Sputnik que «le système de production édifié par Taylor répondait non pas aux exigences de la science, mais à des exigences d’augmentation du rendement financier dans des ateliers d’usines».
Quid «des méthodes empruntées à la démarche scientifique»?
«Il y a une différence entre recourir à des méthodes empruntées à la démarche scientifique pour réaliser un objectif donné et attribuer à cet objectif lui-même un statut scientifique», affirme le professeur Aktouf.
Par ailleurs, il explique qu’il «convient d’admettre qu’il existe un côté scientifique au travail de Taylor, mais c’est plus sous son chapeau d’ingénieur que d’organisateur du travail des ouvriers: par exemple, ses travaux sur l’adéquation entre outils et matières traitées, sur la coupe des métaux ou sur la fatigue des ouvriers».
Dans le même sens, le professeur Omar Aktouf souligne que «les découvertes et les intentions de Taylor, comme il en témoignera lui-même en 1912, ont été trop souvent mal comprises, mal interprétées et même détournées, au profit des patrons et des compagnies, et au détriment du climat social et de la coopération dirigeants-dirigés. Ce que l’on appelle "taylorisme" ou "système Taylor" en management traditionnel a souvent peu à voir directement avec les travaux et les intentions de Taylor lui-même».
Cela a beaucoup contribué, selon lui, «à la grande amertume qu’a ressentie Taylor durant une bonne partie de sa vie. Il répétait sans cesse qu’il désirait avec force, sincérité et sans doute bonne foi la paix, l’harmonie entre travailleurs et patrons et la prospérité conjointe, dont le principe du partage des profits en est le fer de lance».