Match à huis clos Cameroun-Malawi: «Cache-t-on quelque chose aux Camerounais»?

© Photo Pixabay/ThorstenFUn terrain de football
Un terrain de football  - Sputnik Afrique, 1920, 03.09.2021
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Évoquant comme motif le protocole sanitaire imposé par la CAF et la FIFA, les autorités camerounaises n’autorisent pas la présence du public ni des médias pour un match opposant les Lions indomptables au Malawi. Une décision qui a du mal à passer dans le pays, surtout dans le milieu de la presse sportive où l’on juge la raison inacceptable.
Au Cameroun, un premier match se joue dans les vestiaires entre le public, la presse sportive privée et les autorités en charge du football, en prélude à la rencontre opposant ce vendredi 3 septembre l’équipe nationale au Malawi, et comptant pour la première journée des éliminatoires du mondial 2022.
Dans deux communiqués publiés le jeudi 2 septembre, l’un par la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et l’autre par le ministère des Sports, le public sportif a appris que ce match prévu au Stade Olembe de Yaoundé «se jouera[it] dans un huis clos total», en application des protocoles anti-Covid-19 de la Fédération internationale de football (FIFA) et de la Confédération africaine de football (CAF).
«Aucune dérogation expresse à ces principes n’ayant été accordée pour la circonstance (…) la rencontre Cameroun-Malawi se déroulera en l’absence des spectateurs de toutes catégories confondues», précise le communiqué du ministre des Sports et de l’éducation physique.
Seulement, explique à Sputnik Franck Éric Diffo, directeur de publication de Sport-vibes.net, malgré l'existence de ces protocoles, chaque pays est responsable de sa réglementation sanitaire et «chaque pays peut demander une jauge de public de 10% de la capacité du stade qui va accueillir la rencontre. Pour faire cette demande, il faut rassurer la CAF de ce que toutes les mesures sanitaires seront respectées. Le Cameroun avait cette option mais ne l’a pas fait», croit savoir le journaliste sportif.

Interrogations et incompréhension

Dans l’opinion au Cameroun et sur la Toile, cette décision passe mal pour les supporters. En effet cette rencontre est la première programmée au stade Olembe de Yaoundé en construction depuis une décennie déjà et objet de toutes les controverses au sujet de la durée des travaux et des coûts engendrés. Si les autorités ont toujours rassuré sur l’état d’avancement des travaux, ils n'ont jamais annoncé la fin du chantier. Pour certains, cette dernière information indique que le calendrier n'est pas respecté.
Cet internaute va jusqu'à affirmer que le stade est dépourvu de buts!
Beaucoup comptaient profiter de cette rencontre inaugurale pour découvrir enfin ce qui est présenté comme le plus grand stade du pays. Si les autorités rassurent que la rencontre sera bien diffusée à la télévision nationale, pour certains, cette décision ne manque pas de susciter des interprétations de toute sorte.

La presse camerounaise en colère

Plus surprenant encore, dans la même journée du 2 septembre, la Fecafoot va décider dans un autre communiqué, en application des mêmes mesures, «de ne pas autoriser la présence des médias», autre que la télévision nationale, pour ce match à Yaoundé: «En conséquence aucun média n’est accrédité pour cette rencontre». Pourtant, quelques jours plutôt, la fédération avait décidé d’accréditer une trentaine de journalistes. Pour manifester leur mécontentement, les professionnels camerounais ont décidé de boycotter le 2 septembre, la conférence de presse des Lions indomptables.
Pour des journalistes sportifs comme Léandre Nzié, l’on a déjà du mal à comprendre «qu’on joue un match inaugural à huis clos au Cameroun alors qu’on a été le premier pays à organiser une compétition internationale (le Championnat d’Afrique des nations) en 2021 avec un public, bien que limité, dans les stades. Un match de football comporte-t-il plus de danger qu’une compétition internationale?», s’interroge le reporter du site d’information Camerbe au micro de Sputnik.
«C’est une grande première de voir la presse exclue d’un événement à cause de la crise sanitaire quand on sait que même dans les hôpitaux, la presse a accès pour donner la bonne information», poursuit-il, avant de conclure: «Cette décision ne peut que laisser libre cours aux esprits qui pensent qu’on cache quelque chose au Camerounais».
Frank Éric Diffo abonde dans ce sens: «Le stade est loin d'être achevé et c'est ce qu’on cache à la presse nationale.»
Les plus sceptiques attendront la diffusion du match pour voir si leurs craintes étaient justifiées. Cela suppose aussi qu'ils puissent se faire une idée de l'état général de l’infrastructure en se remettant exclusivement aux plans diffusés par la télévision nationale.
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