Le drame de l’abandon des civils qui ont servi l’armée française en Afghanistan

© AP Photo / Francois MoriUn avion d’exfiltrés de Kaboul à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle
Un avion d’exfiltrés de Kaboul à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle - Sputnik Afrique, 1920, 28.08.2021
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Alors que la France a mis fin à son opération d’évacuation Apagan depuis l’Afghanistan, de nombreux auxiliaires qui ont travaillé comme interprètes mais aussi en tant que chauffeurs et cuisiniers pour les forces françaises restent dans le pays et courent un grand danger.
Avec la chute de Kaboul et le retour des talibans* au pouvoir en Afghanistan, le 15 août, de nombreux pays ont commencé à évacuer leurs personnels. Mais si ces derniers sont en droit de s’attendre à un départ garanti, la situation est tout autre pour les ex-auxiliaires afghans.
Dans cette situation, la France a lancé l’opération Apagan et accueilli plus de 2.600 Afghans, selon la ministre des Armées.
Florence Parly a indiqué que l’opération était terminée, mais que la France restait «mobilisée pour permettre le départ de tous ceux qui doivent être protégés».
Le porte-parole du ministère, Hervé Grandjean, a pour sa part déclaré que Paris avait proposé dès 2012 l’asile «à ceux qui avaient travaillé avec nous».
«Entre 2012 et 2019, ce sont 800 auxiliaires et leurs familles qui ont été accueillis en France», a-t-il précisé, ajoutant qu’à partir de mai dernier, cela avait été le cas de 600 personnes supplémentaires, «qui avaient travaillé avec les services de l’ambassade».
Entretemps, un rapport élaboré par le Norwegian center for global analyses (RHIPTO) pour l’Onu affirme que les talibans* recherchent ceux qui ont été employés par les forces de l'Otan ou par le précédent gouvernement afghan. Ils ont dressé une liste noire de ces personnes, même s’ils ont promis une amnistie générale.

Des risques «bien réels»

Dans une tribune au Monde publiée dès le lendemain de la prise du pouvoir par les djihadistes, un collectif d’avocats avait indiqué que «les exactions commises par les talibans* tout au long de leur offensive foudroyante laiss[ai]ent craindre le pire pour les anciens interprètes et auxiliaires».
«Les menaces et les risques pour leurs vies ne sont pas hypothétiques, mais bien réels. Ils sont identifiés par les talibans* et représenteront des proies faciles pour en faire des exemples et asseoir leur nouvelle autorité», soulignent-ils.
La sénatrice UDI Nathalie Goulet a affirmé sur la chaîne Public Sénat que les auxiliaires afghans avaient été abandonnés.
«On va avoir du sang sur les mains, car les talibans*, eux, ont des listes de ces auxiliaires de l’armée française», a-t-elle lancé.

Un nombre précisé

Les auxiliaires afghans embauchés par l’armée française ont été listés dans un rapport à l’Assemblée nationale du 12 avril 2021. Ainsi, selon le ministère des Armées, «1.067 personnels civils de recrutement local ont servi les forces armées françaises en Afghanistan, dont 538 interprètes», mais aussi des chauffeurs et des cuisiniers.
Nombreux sont ceux qui souhaitent quitter leur pays mais voient leur demande, souvent réitérée, rejetée par la France.
Dans le cadre de l’opération internationale lancée en Afghanistan en 2001, la France s’est engagée au sein de la force de l’Otan –la FIAS (Force internationale d’assistance à la sécurité)–, mais s’en est retirée en 2014.
*Organisation terroriste interdite en Russie
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