«L’immunité collective est quasiment inatteignable» face au variant Delta, selon Martin Blachier
15:13 27.08.2021 (Mis à jour: 16:09 19.11.2021)
© Photo Pixabay / 1662222Lit d'hôpital (image d'illustration)
© Photo Pixabay / 1662222
S'abonner
L’objectif de l'immunité collective face au variant Delta est remis en cause par de plus en plus d’épidémiologistes. Sur CNews, Martin Blachier a appelé à se concentrer sur les personnes à risque au lieu des enfants, dont la vaccination pourrait bientôt démarrer.
De plus en plus d’épidémiologistes trouvent illusoire d'atteindre l'immunité collective uniquement grâce aux vaccins, en particulier après la publication du rapport des autorités de santé américaines sur l’efficacité des vaccins de Pfizer et de Moderna contre le variant Delta. Invité mercredi 25 août sur CNews, l’épidémiologiste Martin Blachier considère que vacciner pour protéger les autres «n’est plus la priorité».
L'efficacité des vaccins contre le Covid-19 pour prévenir l'infection a diminué de 91% à 66% alors que le variant Delta est devenu dominant aux États-Unis, indique un rapport mis à jour des Centres de lutte et de prévention des maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique, publié mardi 24 août.
Dr Martin Blachier : «L’immunité collective dont on nous parle depuis longtemps est quasiment inatteignable [...] Quoi qu'on fasse le virus continuera à circuler donc il vaut mieux que ce soit dans une population vaccinée sinon ça embouteille les services de réanimation» #HDPros pic.twitter.com/HBnD0lDK6k
— CNEWS (@CNEWS) August 25, 2021
L’épidémiologiste note que cette étude porte sur «l’efficacité sur la transmission du virus» et non sur «l’efficacité de la protection par rapport à la maladie», ce qui signifie que les vaccins restent très efficaces pour lutter contre les formes graves du Covid-19.
«L’idée qu’il faut vacciner tout le monde et qu’on fera disparaître la circulation virale grâce à ce vaccin s’éloigne de plus en plus. Mais l’idée est plutôt de vacciner tout le monde pour qu’il y ait un minimum de gens qui arrivent à l’hôpital.»
Par ailleurs, il estime qu’au lieu de vacciner d’urgence les enfants, il faut continuer à se concentrer sur les populations qui risquent d’être atteintes de formes graves pour éviter une nouvelle saturation des services de soins intensifs.
«Quoi qu’on fasse, le virus continuera de circuler et donc cela sert à rien à s’exciter à vacciner les enfants s’ils n’en ont pas besoin pour leur propre santé.»
Un avis partagé par d’autres spécialistes
Avec ces propos, Martin Blachier abonde dans le sens de plusieurs autres experts, comme Jean-Daniel Lelièvre (chef du service immunologie clinique et maladies infectieuses à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil), Andrew Pollard (directeur de l’Oxford Vaccine Group), Alain Fischer (président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale française, COSV).
«Avec ce variant [Delta, ndlr], nous sommes dans une situation où l’immunité collective n’est pas possible à atteindre, car il infecte toujours les individus vaccinés», expliquait le 10 août aux parlementaires britanniques Andrew Pollard.
Le «M. Vaccin» du gouvernement trouvait l’objectif d’une immunité collective «plus ambitieux», «puisqu’il s’agit théoriquement du contrôle complet du virus». «Avec le variant Delta, c’est un scénario extrêmement plus difficile à atteindre», explique au Monde Alain Fischer.
«Imaginer qu’il existe un seuil à partir duquel il n’y aura plus de problèmes et qu’une partie de la population sera protégée sans avoir besoin de s’immuniser est une illusion», renchérit auprès du journal Jean-Daniel Lelièvre.
La vaccination des enfants évoquée
La nouvelle intervient alors que le gouvernement compte vacciner l’ensemble de la population française. Son objectif: qu’au moins une dose ait été injectée d’ici fin août à 50 millions de personnes, soit 75 % de la population. Au total, 48.096.179 personnes (71,3%) avaient reçu au moins une injection au 26 août en France, selon le ministère des Solidarités et de la Santé.
Après la validation de la vaccination des 12-17 ans par les autorités sanitaires, celle des moins de 12 ans peut devenir la prochaine étape dans la lutte contre la pandémie.
Invité lundi 23 août sur France Inter, Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du Conseil scientifique, estimait qu’elle n’arriverait «pas avant pas 2022 […]. Les essais se poursuivent pour avoir des données les plus précises sur l’innocuité et la tolérance de ces vaccins sur les moins de 12 ans. C’est pour ça que nous aurons la réponse plus tard en novembre décembre pour une vaccination en 2022».