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OnlyFans revient sur sa décision d’interdire le porno: le sexe plus fort que les banques?
OnlyFans revient sur sa décision d’interdire le porno: le sexe plus fort que les banques?
Sputnik Afrique
Alors que, sous la pression de ses partenaires bancaires, le site OnlyFans avait annoncé la fin des contenus pornographiques, la plateforme a finalement fait... 26.08.2021, Sputnik Afrique
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Un retournement, à la surprise générale. Quelques jours après avoir annoncé l’interdiction des contenus sexuellement explicites sur sa plateforme, OnlyFans est revenu sur sa décision. Dans une déclaration publiée sur Twitter le 25 août, l’entreprise a ainsi indiqué: «Nous avons obtenu les garanties nécessaires pour soutenir notre communauté de créateurs diversifiée et avons suspendu le changement de politique prévu le 1er octobre.»Surnommé «l’Instagram du sexe», OnlyFans permet aux créateurs de contenus érotiques et pornographiques de vendre des photos et vidéos aux internautes abonnés à leur compte. Or, la plateforme a tenté de modifier ses règles. Une décision étonnante puisque l’entreprise a en très grande partie développé son activité économique grâce à ce type de contenu. L’industrie bancaire met la pressionDans un communiqué daté du 19 août, elle tentait de s’expliquer: «Ces changements sont mis en place pour nous conformer aux demandes de nos partenaires bancaires et de solutions de paiement.» En effet, sans ce virage à 180 degrés, trois géants du secteur bancaire –à savoir BNY Mellon, Metro Bank et JPMorgan Chase– auraient menacé de lâcher OnlyFans. Sans parler de l’entreprise de paiement Mastercard qui, en octobre prochain, appliquera de nouvelles règles pour ses clients dont les activités commerciales incluent des contenus à caractère sexuel. Le secteur bancaire entretient en effet des relations compliquées avec l’industrie pornographique. En raison notamment du durcissement de la législation aux États-Unis, avec la loi Sesta-Fosta de 2018 («Stop Enabling Sex Traffickers Act», «Fight Online Sex Trafficking Act») qui vise le trafic sexuel en ligne. Elle prévoit, par exemple, des sanctions pour les sites hébergeant des contenus pédopornographiques ou étant utilisés pour faire la promotion de la prostitution. Par ailleurs, le monde financier considère également que les risques de fraude concernant les transactions liées à la pornographie sont plus élevés. En outre, les sociétés bancaires subissent du lobbying de groupes conservateurs, à l’image du mouvement antipornographie chrétien américain Exodus Cry.«Nous payons plus d’un million de créateurs plus de 300 millions de dollars chaque mois. Pour s’assurer que ces fonds parviennent aux créateurs, il faut utiliser le secteur bancaire», a expliqué au Financial Time Timothy Stokely, le fondateur d’OnlyFans.Le sexe fait vendreMalgré ces vents contraires, le site semble donc vouloir tenir bon. Il faut dire que le bannissement de la plateforme avait provoqué un véritable tollé chez les travailleurs du sexe.Contactée par Sputnik, Bebe Melkor-Kadior, autrice, actrice X, confie que ce rétropédalage d’OnlyFans «va la faire rester sur la plateforme», elle qui avait pourtant «décidé de fermer son compte». Et pour cause, elle fustigeait le fait que l’on puisse se «servir des travailleurs du sexe (TDS) pour gagner de l’argent puis, une fois que les entreprises comme OnlyFans sont bien établies, elles cherchent à “nettoyer” leur image», notamment en censurant le travail des TDS. Des accusations que l’entreprise s’est efforcée de démentir en déclarant que «OnlyFans est synonyme d’inclusion et nous continuerons à offrir un foyer à tous les créateurs».Pourtant, ce revirement est loin d’être uniquement philanthropique. OnlyFans revendique 130 millions d’utilisateurs et plus de 2 millions de créateurs et créatrices. Grâce aux restrictions sanitaires en 2020, sa popularité a d’ailleurs explosé.Une somme non négligeable qui s’explique notamment par le prix de l’abonnement mensuel obligatoire situé entre 4,99 dollars et 49,99 dollars. De plus, certains créateurs peuvent mettre en place des messages privés payants à partir de 5 dollars. Pour se rémunérer, OnlyFans prélève 20% sur les sommes générées.Alors ce choix de bannir la pornographie aurait pu être fatal à la plateforme et, de fait, profiter à la concurrence. Le site Fansly, qui fonctionne sur le même principe, déplorait ironiquement avoir reçu un très grand nombre de candidatures de la part de créateurs de contenus.Pour Bebe Melkor-Kadior, cette polémique autour d’OnlyFans souligne l’importance d’aborder la question du travail du sexe, et notamment de sa reconnaissance, de «manière apaisée et moins immature».«Il y a un rapport un peu schizophrénique au travail du sexe et aux TDS. D’une façon idéologique, les gens disent que l’on aimerait que cela n’existe pas. En attendant, c’est l’une des plus grosses industries dans le système capitaliste. Les gens consomment, les gens en demandent», résume notre interlocutrice.
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OnlyFans revient sur sa décision d’interdire le porno: le sexe plus fort que les banques?
18:30 26.08.2021 (Mis à jour: 16:09 19.11.2021) Alors que, sous la pression de ses partenaires bancaires, le site OnlyFans avait annoncé la fin des contenus pornographiques, la plateforme a finalement fait machine arrière face au tollé provoqué par ce changement de règle et la crainte d’un exode massif de ses utilisateurs vers la concurrence.
Un retournement, à la surprise générale. Quelques jours après avoir annoncé l’interdiction des contenus sexuellement explicites sur sa plateforme, OnlyFans est revenu sur sa décision. Dans une déclaration publiée sur Twitter le 25 août, l’entreprise a ainsi indiqué: «Nous avons obtenu les garanties nécessaires pour soutenir notre communauté de créateurs diversifiée et avons suspendu le changement de politique prévu le 1er octobre.»
Surnommé «l’Instagram du sexe», OnlyFans permet aux créateurs de contenus érotiques et pornographiques de vendre des photos et vidéos aux internautes abonnés à leur compte. Or, la plateforme a tenté de modifier ses règles. Une décision étonnante puisque l’entreprise a en très grande partie développé son activité économique grâce à ce type de contenu.
L’industrie bancaire met la pression
Dans un communiqué daté du 19 août, elle tentait de s’expliquer: «
Ces changements sont mis en place pour nous conformer aux demandes de nos partenaires bancaires et de solutions de paiement.» En effet, sans ce virage à 180 degrés, trois géants du secteur bancaire –à savoir BNY Mellon, Metro Bank et JPMorgan Chase– auraient menacé de lâcher OnlyFans. Sans parler de l’entreprise de paiement Mastercard qui, en octobre prochain, appliquera de nouvelles règles pour ses clients dont les activités commerciales incluent des contenus à caractère sexuel.
Le secteur bancaire entretient en effet des relations compliquées avec l’industrie pornographique. En raison notamment du durcissement de la législation aux États-Unis, avec la loi Sesta-Fosta de 2018 («Stop Enabling Sex Traffickers Act», «Fight Online Sex Trafficking Act») qui vise le trafic sexuel en ligne. Elle prévoit, par exemple, des sanctions pour les sites hébergeant des contenus pédopornographiques ou étant utilisés pour faire la promotion de la prostitution. Par ailleurs, le monde financier considère également que les risques de fraude concernant les transactions liées à la pornographie sont plus élevés. En outre, les sociétés bancaires subissent du lobbying de groupes conservateurs, à l’image du mouvement antipornographie chrétien américain
Exodus Cry.
«
Nous payons plus d’un million de créateurs plus de 300 millions de dollars chaque mois. Pour s’assurer que ces fonds parviennent aux créateurs, il faut utiliser le secteur bancaire», a expliqué au
Financial Time Timothy Stokely, le fondateur d’OnlyFans.
Malgré ces vents contraires, le site semble donc vouloir tenir bon. Il faut dire que le bannissement de la plateforme avait provoqué un véritable tollé chez les travailleurs du sexe.
Contactée par Sputnik, Bebe Melkor-Kadior, autrice, actrice X, confie que ce rétropédalage d’OnlyFans «va la faire rester sur la plateforme», elle qui avait pourtant «décidé de fermer son compte». Et pour cause, elle fustigeait le fait que l’on puisse se «servir des travailleurs du sexe (TDS) pour gagner de l’argent puis, une fois que les entreprises comme OnlyFans sont bien établies, elles cherchent à “nettoyer” leur image», notamment en censurant le travail des TDS. Des accusations que l’entreprise s’est efforcée de démentir en déclarant que «OnlyFans est synonyme d’inclusion et nous continuerons à offrir un foyer à tous les créateurs».
Pourtant, ce revirement est loin d’être uniquement philanthropique. OnlyFans revendique 130 millions d’utilisateurs et plus de 2 millions de créateurs et créatrices. Grâce aux restrictions sanitaires en 2020, sa popularité a d’ailleurs explosé.
«Lorsque toutes mes activités se sont arrêtées pendant le confinement, je ne faisais quasiment que ça, je pouvais faire 2.000 à 3.000 euros par mois», indique Bebe Melkor-Kadior.
Une somme non négligeable qui s’explique notamment par le prix de l’abonnement mensuel obligatoire situé entre 4,99 dollars et 49,99 dollars. De plus, certains créateurs peuvent mettre en place des messages privés payants à partir de 5 dollars. Pour se rémunérer, OnlyFans prélève 20% sur les sommes générées.
Alors ce choix de bannir la pornographie aurait pu être fatal à la plateforme et, de fait, profiter à la concurrence. Le site Fansly, qui fonctionne sur le même principe, déplorait ironiquement avoir reçu un très grand nombre de candidatures de la part de créateurs de contenus.
Pour Bebe Melkor-Kadior, cette polémique autour d’OnlyFans souligne l’importance d’aborder la question du travail du sexe, et notamment de sa reconnaissance, de «manière apaisée et moins immature».
«Il y a un rapport un peu schizophrénique au travail du sexe et aux TDS. D’une façon idéologique, les gens disent que l’on aimerait que cela n’existe pas. En attendant, c’est l’une des plus grosses industries dans le système capitaliste. Les gens consomment, les gens en demandent», résume notre interlocutrice.