Les talibans encerclent la vallée du Panshir: l’Afghanistan toujours menacé par la guerre civile?
20:29 23.08.2021 (Mis à jour: 22:23 08.04.2023)
© Sputnik . Stringer / Accéder à la base multimédiaCombattants talibans (organisation terroriste interdite en Russie) à Kaboul. Les Talibans ont pris le contrôle de Kaboul, la capitale de l'Afghanistan. Le président afghan Ashraf Ghani a fui le pays, le chef de l'État ayant accepté auparavant de démissionner.
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La tension monte aux confins du Panshir. Les talibans* sont arrivés aux portes de la région et disent encercler la poche de résistance tapie dans cette vallée afghane. Le pays n’est toutefois pas condamné à replonger dans la guerre civile, estime Gérard Vespierre, spécialiste du Moyen-Orient.
Les talibans* vont-ils étouffer la rébellion dans l’œuf? Ce lundi 23 août, les islamistes ont déclaré avoir encerclé les combattants de la résistance autoproclamée du Panshir, région du nord-est de l’Afghanistan. Les nouveaux maîtres de Kaboul ont toutefois ajouté qu’ils préféreraient négocier plutôt que de se battre.
De leur côté, les combattants du Front national de résistance (FNR) affirment, par la voix de leur porte-parole, que le groupe se préparait à «un conflit de longue durée».
La carabine et le tapis
Malgré l’escalade aux portes du Panshir, Gérard Vespierre, directeur de recherche à la Fondation d'études pour le Moyen-Orient (FEMO), n’est pas convaincu que les deux parties en arriveront aux armes.
«Il y a deux têtes qui dirigent ce mouvement du FNR. Il y a la tête symbolique du fils Massoud, héritier du commandant Massoud, et la tête politique d’Amrullah Saleh, vice-président du gouvernement qui vient d’être chassé», explique notre interlocuteur.
Un tel équilibre entre le guerrier Massoud et le politique Saleh rendrait l’option guerrière évitable. D’autant que, de l’autre côté, les talibans* n’ont pas nécessairement intérêt à défier les troupes du FNR. «Un début de résistance significatif» pendant quelques jours pourrait selon Gérard Vespierre servir d’exemple et inciter à l’émergence d’autres poches de maquis à travers le pays des Cavaliers.
«Cela peut provoquer une réaction à l’intérieur des trente-trois autres provinces de l’Afghanistan», affirme notre interlocuteur. Plusieurs d’entre elles se sont en effet d’ores et déjà créées, notamment chez les chiites hazaras, ennemis de longue date des talibans*.
Afghan Taliban announced closing in on northeastern province of Panjshir, where Northern Alliance fighters are resisting its takeover. The group posted a short video showing “hundreds of Islamic Emirate mujahideen proceeding towards Panjshir province to take control over it” https://t.co/sALxj9h7NF pic.twitter.com/LF6bVflhVU
— Rita Katz (@Rita_Katz) August 23, 2021
Le scénario tragique reste une possibilité. Gérard Vespierre n’exclut pas de voir les talibans* s’engager dans une répression extrêmement violente au Panshir pour éviter une contagion. Une crainte que semblent partager les puissances régionales: «Les voisins indirects, comme l’Inde et la Russie» militent en effet tous «pour l’absence de guerre civile en Afghanistan».
*Organisation terroriste interdite en Russie