Les relookings islamiques dans la rue affolent TikTok en Autriche et en Allemagne – vidéos
18:15 22.08.2021 (Mis à jour: 20:05 22.08.2021)
© Photo Pixabay / StevebidmeadJeune femme portant un voile musulman
© Photo Pixabay / Stevebidmead
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Des influenceurs proposent à des passantes d’enfiler un hijab, dans les rues des villes allemandes et autrichiennes. Ce type de vidéos cartonnent sur TikTok.
Alors que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) se démène avec l’interdiction du voile sur les lieux de travail, dans les pays germanophones, des vidéos de mode islamique font un tabac sur les réseaux sociaux.
Le concept est simple: arrêter des passantes dans la rue pour leur faire essayer un voile islamique, relate le média autrichien eXXpress. Une fois habillées, les participantes peuvent contempler le résultat dans un miroir.
Certaines vidéos mettent aussi en scène l’essayage de l’abaya, tunique féminine en usage dans les pays du Moyen-Orient.
Intitulées «Hijab transformation», ces petites séquences vidéo raflent des centaines de milliers de vues sur TikTok. Lancée par un vendeur de hijabs de Francfort voulant promouvoir ses produits, l’idée n’a pas tardé à séduire les partisans de l’islam politique, alors que TikTok tend à devenir un outil de prosélytisme dans certains pays germanophones, relate l’eXXpress.
L’authenticité des séquences n’est cependant pas avérée et les interventions ont pu être mises en scène, précise le média. Ces initiatives n’en ont pas moins suscité l’indignation de certaines personnalités politiques.
L’eurodéputée allemande Christine Anderson (AfD) a ainsi dénoncé une «pure folie» sur Twitter, accusant TikTok de relayer des vidéos visant à rendre le voile «attrayant».
En France, l’eurodéputée Julie Lechanteux (RN) a dressé un parallèle avec l’Afghanistan, où des femmes «luttent pour leurs libertés». L’élue a mis en garde contre une «talibanisation de l’Europe».
Alors que des courageuses afghanes luttent pour leurs libertés en s'opposant aux #talibans, des jeunes européennes sont recouvertes d'un voile islamique dans des vidéos intitulées "#Hijab Transformation".
— Julie Lechanteux (@JLechanteux) August 17, 2021
Après l'Afghanistan, empêchons la talibanisation de l'Europe ! pic.twitter.com/S7HUvMUJ1d
De nombreux observateurs s’inquiètent en effet d’un recul du droit des femmes en Afghanistan, avec le retour des talibans*. Ce 16 août, une journaliste de CNN était d’ailleurs apparue voilée pour un reportage dans les rues de Kaboul, précisant que les passantes en burqa semblaient déjà y être plus nombreuses qu’avant.
Journée du hijab à Sciences Po
Ce n’est pas la première fois que des séances d’essayages de hijab créent la polémique en Europe. De semblables interventions avaient eu lieu en France à l’occasion de la journée mondiale du hijab, d’abord en 2015 dans les rues de Lyon, puis en 2016 à Sciences Po Paris.
Lors de ce dernier événement, des étudiantes avaient tenu un stand dans l’enceinte de l’établissement, pour proposer à leurs camarades de se voiler.
#HijabDay at the prestigious Sciences Po university in central Paris today pic.twitter.com/7XmbIza5MZ
— Joseph Bamat (@josephbamat) April 20, 2016
L’initiative avait rencontré l’hostilité de certains syndicats étudiants. Plusieurs politiques été également montés au créneau, comme Nicolas Dupont-Aignan ou Bruno Le Maire alors encore enseignant du côté de la rue Saint-Guillaume.
Comme enseignant à @sciencespo, je veux dire ma désapprobation face au #HijabDay. En France, les femmes sont visibles. Non au prosélytisme !
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) April 20, 2016
@sciencespo prétend défendre les droits de l'homme mais méprise les droits de la femme ! #HijabDay un dangereux précédent de soumission !
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) April 20, 2016
À l’époque, les organisateurs souhaitaient répondre aux propos de Manuels Valls, ministre de l’Intérieur, qui avaient évoqué l’interdiction du voile à l’université.
Une mesure qui s’est d’ailleurs de nouveau invitée dans les débats lors du vote de la loi «séparatisme». En janvier dernier, des députés LR avaient ainsi proposé d’interdire les tenues manifestant «ostensiblement une appartenance religieuse» dans l’enseignement supérieur. Leurs amendements avaient finalement été rejetés.
*Organisation terroriste interdite en Russie