Un sénateur américain écrit par erreur que 30.000 soldats US se trouvent à Taïwan, la presse chinoise s’emballe
© AP PhotoAtterrissage d'un avion militaire américain à Taïwan
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Le sénateur du Texas John Cornyn a affirmé sur Twitter que 30.000 soldats américains étaient déployés à Taïwan. Si cette erreur flagrante a été moquée par de nombreux observateurs, elle a suscité une violente réaction d’un média chinois qui a évoqué le déclenchement d’une guerre.
Lundi 16 août, le sénateur républicain du Texas John Cornyn a partagé des chiffres visant à démontrer que la présence militaire américaine en Afghanistan n’était pas importante en comparaison à celles dans d’autres pays. La publication a suscité de nombreuses réactions, mais sans doute pas pour la raison attendue. En effet, l’homme politique s’est lourdement trompé concernant Taïwan, affirmant que s’y trouvent quelque 30.000 troupes américaines.
As John Cornyn’s replies suggest, a very sensitive thing to get wrong… pic.twitter.com/31YIdHHdyi
— Rebecca Tan 陈慧珊 (@rebtanhs) August 17, 2021
L’information a rapidement été démentie par le Kuomintang, un parti politique d’opposition taïwanais, rappelant qu’aucun contingent américain n’est présent sur l’île depuis plus de 40 ans. D’autres commentaires n’ont pas tardé à apparaître, notamment celui de l’analyste politique Robert Kelly qui lui a demandé de «partir à la retraite». L’écrivaine Charlotte Clymer, faisant part de sa consternation, a rappelé que M.Cornyn siège à la commission permanente du Sénat américain dédiée aux agences de renseignement.
We haven't had troops stationed in Taiwan for over four decades. This man sits on the U.S. Senate Select Committee on Intelligence. https://t.co/6Sv2zTvGRy
— Charlotte Clymer 🏳️🌈 (@cmclymer) August 17, 2021
Pour Megan Perkins, une ancienne républicaine, le sénateur a sans doute effectué une recherche rapide sur le Net et a repris la première information qu’il a trouvée: la page Wikipédia de l’«United States Taiwan Defense Command». Il s’agit d’un commandement de forces armées américaines présent sur l’île jusqu’à l’accord entre la Chine et les États-Unis qui y a mis fin en 1979.
You have to actually click the Wikipedia link to get the whole story, John. pic.twitter.com/E8htNaJC9e
— Megan Perkins 💉😷 (@megsyperk) August 17, 2021
D’après le magazine Newsweek, les seuls soldats américains à avoir foulé le sol de Taïwan en quatre décennies sont des membres des Marines qui, en octobre 2020, ont mené des opérations d’entraînement avec les forces navales locales. En juin dernier, ils n’étaient plus qu’une trentaine. Le tweet du sénateur a été supprimé ce mardi.
Réaction du Global Times
La réaction a été plus vive du côté de Hu Xijin, rédacteur en chef du média chinois Global Times, réclamant des explications des autorités américaines et taïwanaises. «Si cela est vrai […], les forces militaires chinoises vont immédiatement déclencher une guerre pour éliminer et expulser les soldats américains», a-t-il réagi.
Now, the US and the Taiwan authorities must explain. If it is true that the US has 30,000, or less than that number, soldiers stationed on the Taiwan island, Chinese military forces will immediately launch a war to eliminate and expel the US soldiers. pic.twitter.com/sZMrmIweM6
— Hu Xijin 胡锡进 (@HuXijin_GT) August 17, 2021
Un éditorial a été publié dans la foulée, titré «Si des troupes américaines sont présentes sur l’île de Taïwan, la Chine les écrasera par la force». Si le média reconnaît que le sénateur a pu commettre une simple erreur, il a également interrogé des chercheurs pour savoir s’il avait pu inscrire ce faux chiffre délibérément afin de tester la réaction chinoise. «Nous tenons à souligner que la présence de troupes américaines à Taiwan est une ligne rouge qui ne peut être franchie», conclut l’article.
Manœuvres
Pékin, qui revendique l’île de Taïwan, a adopté une attitude de plus en plus agressive envers cette dernière au cours des deux dernières années, multipliant les manœuvres à proximité. Ce mardi, l’Armée populaire de libération (APL) a une nouvelle fois envoyé des navires et avions pour y mener des «manœuvres conjointes d’assaut».
Début juillet, lors de son discours célébrant le centenaire du parti communiste chinois, Xi Jinping a rappelé sa volonté de réunifier Taïwan à la Chine, une «mission historique et immuable» du parti. En attendant, les États-Unis continuent d’être les premiers fournisseurs d’armes à Taïwan.