Réduction de peine contre vaccination? Un formulaire distribué à des détenus en Guadeloupe interroge
12:33 17.08.2021 (Mis à jour: 16:09 19.11.2021)
© Photo Pexels/RODNAE Productions / Stores Blancs Sur La FenêtrePrison (image d'illustration)
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Un document ayant été distribué aux détenus du centre pénitentiaire de Baie-Mahault, en Guadeloupe, semble leur promettre certains avantages, dont une remise de peine, contre leur vaccination. D’après le ministère de la Justice, l’initiative était isolée et le formulaire a été retiré.
Pendant quelques jours, un formulaire a circulé au centre pénitentiaire de Baie-Mahault, en Guadeloupe. Il proposait aux détenus de se faire vacciner, précisant que «l’attestation de vaccination sera prise en compte dans les dossiers de demande de permission, d’aménagement de peine et l’octroi des RPS [remises de peine supplémentaires, ndlr]. Une initiative qui a provoqué l’indignation de l’antenne locale du syndicat Force ouvrière.
«Ce document inapproprié et qui s’apparente à du chantage a bien failli mettre le feu au CD [centre de détention, ndlr]», a-t-il fait savoir dans un communiqué.
Le syndicat s’interroge par ailleurs sur «la provenance de ce torchon et de son instigateur».
🔴💉Chantage à la vaccination en prison👿👿
— Association Victimes Covid-19 France 🇫🇷 (@AssoCovid) August 15, 2021
Si tu te vaccines, ton attestation sera prise en compte dans les dossiers de demandes de permission, d'aménagement de peine et de réduction de peine sup !!!
IGNOBLE ils sont sans limites en roue libre !!@DIVIZIO1 @autrement_votre pic.twitter.com/yM9tJDmfPE
Un «chantage à la vaccination» également dénoncé par l’association «Victimes Covid-19 France», représentée par l’avocat en santé publique Fabrice Di Vizio.
Initiative de la direction?
Seul l’établissement de Baie-Mahault aurait fait circuler ce document, lequel aurait pourtant été rédigé «en accord avec l’agence régionale de santé Guadeloupe». Les surveillants pénitentiaires n’avaient pas connaissance de ce document, assure auprès de LCI Alex Caneval, secrétaire local de FO Pénitentiaire. «Le directeur est passé voir les détenus en porte-à-porte», affirme-t-il. Les faits se seraient produits au début du mois d’août.
Contacté par la chaîne, le ministère de la Justice a évoqué une «maladresse», soulignant le «caractère isolé de cette initiative». Il précise également qu’une telle promesse ne pourrait pas se concrétiser car «c’est le juge qui se prononce en fonction de critères fixés par la loi, et jamais en fonction de critères uniques».
«On n’a vu passer aucune note de l’ARS, aucune consigne au niveau national ni même en métropole. Donc, notre problème, c’est qu’on ignore si les magistrats ont été informés de cette démarche», abonde auprès de Libération Jean-Jacques Racamy, secrétaire général UFAP-UNSa Justice de Guadeloupe.
Selon lui, 200 détenus sur 620 ont accepté d’être vaccinés à la suite de la diffusion de ce document, dont la circulation a depuis été interrompue.
Foyer de contaminations
Pour le deuxième été consécutif, le centre pénitentiaire de Baie-Mahault est devenu un foyer de contaminations du Covid-19. Fin août 2020, une vingtaine de personnes avaient été testées positives, à la fois parmi les prisonniers et le personnel. Ce 6 août, Franceinfo en a dénombré 40, tous au variant Delta. Environ 30 autres personnes ont été identifiées comme cas contacts et ont été isolées.
De manière générale, la situation sanitaire en Guadeloupe ne cesse de se dégrader. Lundi 16 août, la région a dénombré plus de 7.000 nouveaux cas (90% de Delta) depuis le lundi précédent. Les hôpitaux de l’archipel comptent 245 patients atteints du Covid dont 60 en réanimation. 16 décès ont été constatés depuis vendredi, la plus jeune victime était âgée de 39 ans.
#COVID19📅Au 16/08, la situation demeure extrêmement préoccupante avec un nombre de nouveaux cas égal à 7 107 à ce jour.
— Préfet de Guadeloupe (@Prefet971) August 16, 2021
⚫️😔16 décès supplémentaires sont à déplorer depuis le dernier point de situation de vendredi dernier. Le plus jeune avait 39 ans. pic.twitter.com/EKyAJFGcsh
Depuis vendredi 13 août, une attestation y est demandée pour les déplacements de plus de cinq kilomètres entre 5 et 19h. Hors de cette tranche horaire, un couvre-feu est imposé aux habitants. Les restaurants et commerces non essentiels doivent fermer leurs portes dès ce lundi, et ce jusqu’au 1er septembre.