«Emmanuel Le Pen»: Snowden s’en prend à Macron après son discours sur l’Afghanistan

© AFP 2024 Mathias Loevgreen Bojesen / ScanpixEdward Snowden
Edward Snowden - Sputnik Afrique, 1920, 17.08.2021
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Lors de son allocution sur la situation en Afghanistan, Emmanuel Macron a notamment évoqué sa volonté de lutter contre l’afflux migratoire qu’elle va provoquer sur l’Europe. Une position vivement critiquée par Edward Snowden.
Lundi 16 août, Emmanuel Macron s’est prononcé sur les récents événements en Afghanistan, en particulier la prise de Kaboul par les talibans*. S’il a souligné la nécessité de mettre en sécurité les ressortissants français ainsi que les Afghans qui ont travaillé pour la France, il a aussi mis en garde contre une vague migratoire qui risque de s’abattre sur le continent européen.
«Nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants qui mettraient en danger ceux qui les empruntent et nourriraient les trafics de toutes natures», a-t-il déclaré.
Il souhaite lancer, avec l’Allemagne, «une initiative pour construire sans attendre une réponse robuste, coordonnée et unie» contre l’arrivée de migrants. Dans un même temps, le Royaume-Uni a annoncé des mesures pour permettre aux demandeurs d’asile afghans d’entrer dans le pays sans passeport.

Réaction de Snowden

Une posture qui a choqué le lanceur d’alertes Edward Snowden, qui a d’abord cru à une erreur de traduction de l’AFP du français vers l’anglais: «ça ne peut être vrai, si? C’est une erreur de traduction? On dirait beaucoup que la priorité de Macron, quand les talibans* sont en pleines représailles en faisant du porte-à-porte, est de se protéger pour une élection, et non pas de sauver des vies».
Snowden faisait référence à un tweet d’une journaliste du Wall Street Journal, d’après laquelle les talibans* ont commencé à faire du porte-à-porte pour trouver des civils qui avaient des liens avec les pays occidentaux. «Emmanuel Le Pen!», a-t-il écrit plus tard lorsque la traduction lui a été confirmée, une façon de le comparer à la présidente du Rassemblement national.
En 2013, Snowden a mis en lumière des documents classifiés révélant un scandale de surveillance massive par les services de renseignement américain et britannique. Accusé d’espionnage, il a fui les États-Unis et se trouve depuis en Russie, où il bénéficie d’un permis de séjour à durée indéterminée. En septembre 2019, dans une interview sur France Inter, il avait confié vouloir que Macron lui accorde le droit d’asile, mais le chef de l’État n’a pas réagi à sa demande.

Polémique

L’allocution d’Emmanuel Macron a également indigné un ambassadeur afghan, M.Ashraf Haidari, qui de son côté a estimé qu’il s’agissait d’«une des déclarations les plus pathétiques que j'ai entendues contre la parole et l'esprit mêmes du droit international humanitaire et du droit des réfugiés: la responsabilité de protéger ceux que vous avez abandonnés et trahis». «Si vous ne pouvez pas aider, ne faites pas de mal à toute personne en quête de protection», a-t-il ajouté.
Des personnalités politiques françaises, en particulier à gauche, ont également fait part de leur indignation sur l’emploi des mots du Président. «"Flux migratoires irréguliers". C'est donc ce terme que les femmes et les hommes qui s'accrochent aux ailes des avions à Kaboul auront inspiré à Emmanuel Macron», a réagi Aurélien Taché, ancien député La République en marche.
«Sidéré d’écouter Emmanuel Macron déclarant que les femmes, les hommes et les enfants qui fuient l’enfer des #Talibans sont d’abord une menace, des “migrants irréguliers”», a fustigé le député écologiste Yannick Jadot.
Plus tard dans la soirée de lundi, l’extrait du discours en question a été republié sur le compte Twitter d’Emmanuel Macron, accompagné de la mention «ce que j’ai dit ce soir sur l’Afghanistan et que certains veulent détourner». «Tristes polémiques, quand la situation exige dignité et unité nationales», a renchéri Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes.

Auxiliaires afghans

Lors de son allocution, le Président français a également rappelé que «près de 800 personnes sont d’ores et déjà sur le sol français» en parlant des «interprètes, chauffeurs, cuisiniers et tant d’autres» de nationalité afghane qui ont collaboré avec la France sur place, avec l’armée ou l’ambassade.
En octobre 2020, Le Monde diplomatique alertait pourtant sur l’abandon d’une bonne partie de ceux-ci depuis le retrait de l’armée du pays en 2014, seuls 227 sur les 800 auxiliaires afghans avaient été rapatriés en France. En juin dernier, un ancien cuisinier qui avait travaillé sur la base française de Kaboul entre 2008 et 2013 a été retrouvé mort, abattu par les talibans*. Paris avait rejeté ses trois demandes d’asile pour lui et sa famille.
*Organisation terroriste interdite en Russie
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