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Pourquoi malgré les incendies dévastateurs, l’Algérie ne dispose toujours pas de moyens aériens pour lutter contre?
Pourquoi malgré les incendies dévastateurs, l’Algérie ne dispose toujours pas de moyens aériens pour lutter contre?
Sputnik Afrique
Dans un entretien à Sputnik, le Dr Benyahia analyse les faiblesses du système algérien de prévention, d’anticipation et d’action contre les incendies de forêt... 16.08.2021, Sputnik Afrique
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Depuis le 9 août, plusieurs régions du nord de l’Algérie, notamment la Kabylie, sont ravagées par des feux de forêt, causant la destruction de dizaines de milliers d’hectares du couvert végétal et plusieurs dizaines de victimes. Selon un bilan officiel, 90 personnes ont trouvé la mort, dont 33 militaires.Les services publics concernés par la lutte contre les feux de forêt ont déployé près de 7.500 agents de la protection civile et 490 fourgons anti-incendie. De son côté, l’Armée nationale populaire (ANP) a mobilisé cinq hélicoptères russes de type Mi-26 en plus des trois hélicoptères bombardiers d’eau de la protection civile. Étant dans l’incapacité de venir à bout de ces feux, Alger a sollicité l’aide internationale. En réponse à cette demande, la France a dépêché deux bombardiers d’eau mis à disposition via l’Union européenne.Alors que l’Algérie est en proie chaque année à des feux de forêt, en particulier en Kabylie, pourquoi le pays ne possède-t-il pas à ce jour ne serait-ce qu’un seul avion de lutte anti-incendie? Où se trouvent les défaillances dans le système d’alerte et de lutte anti-incendies en Algérie? Comment peut-on remédier à ces insuffisances? Dans ce cadre, les avions amphibies bombardiers d’eau russes Beriev Be-200 sont-ils une bonne option?Pour répondre à ces questions, Sputnik a sollicité le Dr Farid Benyahia, politologue et chercheur en questions géopolitiques et économiques, ex-PDG de Tassili Airlines Travaux Aériens (TATA) et mentor d’un projet de développement de capacités de lutte contre les incendies resté inexécuté par les autorités publiques.«Défaillance d’anticipation et d’action»Et d’ajouter que «depuis 30 ans, les données statistiques en matière d’incendies de forêt en Algérie montrent que les fréquences annuelles de feux sont, en moyenne, en augmentation. Rien qu’en 2020, 44.000 hectares de forêt ont été détruits par les incendies, dans un contexte de pâturage de plus en plus intensif, d’exploitation abusive et aléatoire du bois et de prolifération de plus en plus importante de constructions habitables».Dans le même sens, l’expert rappelle que «les trois dernières années ont été marquées par un manque flagrant de précipitations, causant une sécheresse aiguë qui a culminé durant l’été de l’année en cours. Ceci en plus des vents chauds qui viennent du Sahara et qui aggravent la situation en asséchant la végétation qui devient très inflammable».Quid des actes criminels?Jeudi 12 août, lors d’une intervention télévisée, le Président algérien Abdelmadjid Tebboune a affirmé que la plus grande partie des foyers de feu allumés simultanément, notamment en Kabylie, sont d’origine criminelle. Il a informé que 22 personnes avaient été arrêtées par les services de sécurité qui les suspectent d’être derrière le déclenchement des feux de forêt qui ont éclaté dans plusieurs wilayas du nord du pays.Et de préciser que «la survenance de près de 50 foyers d’incendie dans un court intervalle de temps, de l’ordre de quelques heures en plusieurs endroits, a mis les équipes chargées de la lutte anti-incendie dans l’incapacité de faire face à la situation. De plus, il n’y a visiblement pas eu de travail de prévention et de préparation en amont pour mettre en place une réponse rapide et efficace contre les incendies avec le déploiement d’effectifs et de moyens disponibles pour intervenir et circonscrire les feux avant qu’ils n’atteignent des proportions incontrôlables».Vers une stratégie globale de prévention et d’action?Pour prévenir et circonscrire rapidement les incendies de forêt, comme dans tous les pays méditerranéens, l’Algérie doit se prémunir d’un dispositif efficace «composé de plusieurs couches», insiste le Dr Benyahia.En effet, selon lui, «ce dispositif doit inclure des capacités technologiques en météorologie dédiées à l’évaluation permanente du risque de feux de forêt et qui doivent fournir des données et des cartographies précises sur les endroits à risque de départ de feu pour les forestiers, les gendarmes et les pompiers. Ceci devrait permettre à ces derniers de mener un travail préventif dans les zones à haut risque. Il est question de tranchées anti-incendie, de pistes agricoles et points de contrôles, avec tout le travail d’entretien nécessaire, ceci en plus de la création d’au moins six centres de recherche régionaux, répartis sur tout le territoire, dédiés à l’étude des risques d’anticipation des incendies».«Se doter d’une flotte d’avions de lutte anti-incendie»Enfin, l’expert estime que «l’Algérie ne peut faire l’économie de se doter d’une importante flotte d’avions de lutte anti-incendie à même de couvrir les besoins de tout le littoral forestier, mais aussi les oasis de palmiers et d’agricultures dans le sud du pays». À ce titre, il rappelle qu’en 2012, en tant que PDG de TATA, il a «échafaudé tout un projet, avec une équipe d’experts, pour doter le pays d’avions (Air Trator et Turbo Thrush) et d’hélicoptères (Bell, Agusta et Dauphin) bombardiers d’eau américains et européens adaptés à la géographie du territoire. Mais malheureusement ce projet a été saboté par les autorités de l’époque, dont une partie des responsables sont actuellement en prison pour des affaires de corruption».À la suite d’une enquête ordonnée par le chef d’état-major de l’armée algérienne pour déterminer les défaillances qui ont empêché l’achat de moyens aériens de lutte anti-incendie, ce dernier aurait demandé de relancer le projet d’acquisition de six avions amphibies bombardiers d’eau Beriev Be-200 russes, avec une option pour deux autres appareils, selon le site d’information militaire algérien Menadefense.
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Pourquoi malgré les incendies dévastateurs, l’Algérie ne dispose toujours pas de moyens aériens pour lutter contre?
17:08 16.08.2021 (Mis à jour: 16:56 23.11.2021) Dans un entretien à Sputnik, le Dr Benyahia analyse les faiblesses du système algérien de prévention, d’anticipation et d’action contre les incendies de forêt. Il préconise de créer un dispositif complet de prévention et d’alerte avancée, à même d’anticiper les incendies et de faciliter leur circonscription avec des drones et des avions hydriques.
Depuis le 9 août, plusieurs régions du nord de l’Algérie, notamment la Kabylie, sont ravagées par des feux de forêt, causant la destruction de dizaines de milliers d’hectares du couvert végétal et plusieurs dizaines de victimes. Selon un bilan officiel, 90 personnes ont trouvé la mort, dont 33 militaires.
Les services publics concernés par la lutte contre les feux de forêt ont déployé près de 7.500 agents de la protection civile et 490 fourgons anti-incendie. De son côté, l’Armée nationale populaire (ANP) a mobilisé cinq hélicoptères russes de type Mi-26 en plus des trois hélicoptères bombardiers d’eau de la protection civile. Étant dans l’incapacité de venir à bout de ces feux, Alger a sollicité l’aide internationale. En réponse à cette demande, la France a dépêché deux bombardiers d’eau mis à disposition via l’Union européenne.
Alors que l’Algérie est en proie chaque année à des feux de forêt, en particulier en Kabylie, pourquoi le pays ne possède-t-il pas à ce jour ne serait-ce qu’un seul avion de lutte anti-incendie? Où se trouvent les défaillances dans le système d’alerte et de lutte anti-incendies en Algérie? Comment peut-on remédier à ces insuffisances? Dans ce cadre, les avions amphibies bombardiers d’eau russes Beriev Be-200 sont-ils une bonne option?
Pour répondre à ces questions, Sputnik a sollicité le Dr Farid Benyahia, politologue et chercheur en questions géopolitiques et économiques, ex-PDG de Tassili Airlines Travaux Aériens (TATA) et mentor d’un projet de développement de capacités de lutte contre les incendies resté inexécuté par les autorités publiques.
«Défaillance d’anticipation et d’action»
«L’Algérie, qui ne compte que 4,1 millions d’hectares de forêt, avec un maigre taux de reboisement de 1,76%, est le pays le plus touché par les feux de forêt, depuis des décennies pour ne pas dire des siècles, en Afrique du Nord», affirme le Dr Benyahia, expliquant que «cela est dû essentiellement au climat marqué par une sécheresse qui freine considérablement l’évolution des forêts dans les différentes régions du nord du pays».
Et d’ajouter que «depuis 30 ans, les données statistiques en matière d’incendies de forêt en Algérie montrent que les fréquences annuelles de feux sont, en moyenne, en augmentation. Rien qu’en 2020, 44.000 hectares de forêt ont été détruits par les incendies, dans un contexte de pâturage de plus en plus intensif, d’exploitation abusive et aléatoire du bois et de prolifération de plus en plus importante de constructions habitables».
Dans le même sens, l’expert rappelle que «les trois dernières années ont été marquées par un manque flagrant de précipitations, causant une sécheresse aiguë qui a culminé durant l’été de l’année en cours. Ceci en plus des vents chauds qui viennent du Sahara et qui aggravent la situation en asséchant la végétation qui devient très inflammable».
Ainsi, en tenant compte de tous ces facteurs, «la direction générale des forêts (DGF), en collaboration avec les services de la météorologie, de la protection civile, de l’ensemble des collectivités locales et tout récemment avec l’agence spatiale algérienne (ASAL), aurait pu anticiper ces violents incendies qui ont l’habitude de se déclarer en particulier en mois d’août, septembre et octobre. Malheureusement, nous avons constaté une défaillance stratégique totale en termes d’anticipation et d’action, ce qui a créé les conditions du désastre actuel».
Quid des actes criminels?
Jeudi 12 août, lors d’une intervention télévisée, le Président algérien Abdelmadjid Tebboune a affirmé que la plus grande partie des foyers de feu allumés simultanément, notamment en Kabylie, sont d’origine criminelle. Il a informé que 22 personnes avaient été arrêtées par les services de sécurité qui les suspectent d’être derrière le déclenchement des feux de forêt qui ont éclaté dans plusieurs wilayas du nord du pays.
Pour Farid Benyahia, «il est clair que la plupart des incendies sont d’origine criminelle, où il est tout à fait probable que des substances chimiques inflammables soient utilisées. Il appartient à la justice et aux services de sécurité algériens, notamment scientifiques, de déterminer les responsables et de dévoiler leurs objectifs. Il clair que ce genre d’incendies portent un coup dur à l’économie nationale, dont l’agriculture et l’élevage en montagne qui sont les principaux employeurs dans ces régions reculées».
Et de préciser que «la survenance de près de 50 foyers d’incendie dans un court intervalle de temps, de l’ordre de quelques heures en plusieurs endroits, a mis les équipes chargées de la lutte anti-incendie dans l’incapacité de faire face à la situation. De plus, il n’y a visiblement pas eu de travail de prévention et de préparation en amont pour mettre en place une réponse rapide et efficace contre les incendies avec le déploiement d’effectifs et de moyens disponibles pour intervenir et circonscrire les feux avant qu’ils n’atteignent des proportions incontrôlables».
Vers une stratégie globale de prévention et d’action?
Pour prévenir et circonscrire rapidement les incendies de forêt, comme dans tous les pays méditerranéens, l’Algérie doit se prémunir d’un dispositif efficace «composé de plusieurs couches», insiste le Dr Benyahia.
En effet, selon lui, «ce dispositif doit inclure des capacités technologiques en météorologie dédiées à l’évaluation permanente du risque de feux de forêt et qui doivent fournir des données et des cartographies précises sur les endroits à risque de départ de feu pour les forestiers, les gendarmes et les pompiers. Ceci devrait permettre à ces derniers de mener un travail préventif dans les zones à haut risque. Il est question de tranchées anti-incendie, de pistes agricoles et points de contrôles, avec tout le travail d’entretien nécessaire, ceci en plus de la création d’au moins six centres de recherche régionaux, répartis sur tout le territoire, dédiés à l’étude des risques d’anticipation des incendies».
Dans ce sens, l’interlocuteur de Sputnik suggère «la création d’unités mobiles déployables par hélicoptères, afin de pouvoir intervenir rapidement sur les sites de départ de feu. Outre ces mesures, il est nécessaire que l’ANP modifie ses drones El Djazaïer 54 à des fins de surveillance et d’extinction de départs de feu. Ces drones, dotés de caméras thermiques haute définition et de réservoir de matière d’extinction de feu devraient être déployés systématiquement dans les zones définies comme à haut risque. Des recherches doivent également être menées pour doter ces drones de vitesses supersoniques, voire hypersoniques, en intégrant des statoréacteurs, pour intervenir rapidement en cas de départs d’incendie important, en utilisant des mini-bombes de matières anti-inflammables».
«Se doter d’une flotte d’avions de lutte anti-incendie»
Enfin, l’expert estime que «l’Algérie ne peut faire l’économie de se doter d’une importante flotte d’avions de lutte anti-incendie à même de couvrir les besoins de tout le littoral forestier, mais aussi les oasis de palmiers et d’agricultures dans le sud du pays». À ce titre, il rappelle qu’en 2012, en tant que PDG de TATA, il a «échafaudé tout un projet, avec une équipe d’experts, pour doter le pays d’avions (Air Trator et Turbo Thrush) et d’hélicoptères (Bell, Agusta et Dauphin) bombardiers d’eau américains et européens adaptés à la géographie du territoire. Mais malheureusement ce projet a été saboté par les autorités de l’époque, dont une partie des responsables sont actuellement en prison pour des affaires de corruption».
À la suite d’une enquête ordonnée par le chef d’état-major de l’armée algérienne pour déterminer les défaillances qui ont empêché l’achat de moyens aériens de lutte anti-incendie, ce dernier aurait demandé de relancer le projet d’acquisition de six avions amphibies bombardiers d’eau Beriev Be-200 russes, avec une option pour deux autres appareils, selon le site d’information militaire algérien Menadefense.