La France déploie son armée dans le Pacifique pour faire la police de la pêche
07:10 13.08.2021 (Mis à jour: 16:08 19.11.2021)
© AFP 2024 THEO ROUBYLa Baie de Numbo en Nouvelle Calédonie, le 21 mai 2021
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Avec les forces américaines, australiennes et néo-zélandaises, les militaires français en Nouvelle-Calédonie ont pris part à une mission de surveillance et de contrôle des pêches dans le Pacifique. Cette opération régulière est menée sur fond de tensions récurrentes dans cette région stratégique, où la France est le seul pays de l’UE présent.
Alors que la région du Pacifique ne cesse de faire parler d’elle, notamment sur fond de tensions en mer de Chine méridionale, les Forces armées de Nouvelle-Calédonie, avec les armées américaine, australienne et néo-zélandaise, ont mené une mission de surveillance et de contrôle des pêches en haute mer, annonce ce 12 août la Défense française dans un communiqué.
«L’objectif de cette opération est de contrôler et de vérifier la légalité des pêches pratiquées par les navires qui évoluent en haute mer, hors des Zones économiques exclusives (ZEE), dans le Pacifique. Ces opérations sont menées régulièrement dans les poches de haute mer au-delà des ZEE de Nouvelle-Calédonie et de Wallis et Futuna», précise la note.
Le but de la mission est de faire respecter les règles de la Western and Central Pacific Fisheries Commission (WCPFC), est-il souligné.
Paris, Washington, Canberra et Wellington
L’opération en question intitulée NASSE est une mission régulière, organisée annuellement dans le cadre du partenariat des pays du Quadrilateral Defence Coordination Group (QUAD). Créé en 1992, il vise à offrir un espace de concertation aux États insulaires du Pacifique dans le domaine de la coopération de défense, explique le site du ministère français de la Ddéfense. Il réunit régulièrement l’Australie, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et la France.
Les FANC, qu’est-ce que c’est?
La Nouvelle-Calédonie, qui d’ailleurs s’apprête à organiser son troisième référendum sur l’Indépendance, est une collectivité française, située dans le Pacifique Sud. Les FANC font partie des forces de souveraineté françaises implantées sur les départements et collectivités d’outre-mer, assurant la protection du territoire national et de la ZEE française, précise le site du Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie.
Les principales missions des 1.450 militaires des FANC consistent à «assurer la souveraineté de la France, animer la coopération régionale et entretenir des relations privilégiées avec l’ensemble des pays riverains», souligne la note du ministère français de la Défense.
D’après le Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie, les FANC sont, entre autres, régulièrement engagés dans des opérations de secours d’urgence et d’aide à la population insulaire ainsi que dans des interventions de lutte contre les feux de brousse.
Une zone à haute tension…
Le Pacifique, où la présence française est donc assurée par la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis et Futuna, voit sans cesse s’affronter les puissances régionales selon leurs intérêts. Le sujet de loin le plus incendiaire concerne les revendications chinoises en mer de Chine méridionale, d’ailleurs riche en ressources naturelles. Bordée par les Philippines, la Chine, l’Indonésie, le Vietnam, Brunei, la Malaisie, Singapour et Taïwan, -dont le principal allié est les États-Unis-, cet espace est en proie à divers différends territoriaux, souvent accompagnés de démonstrations de force de part et d’autre.
La France n’y est pas non plus étrangère. Début février, la ministre française des Armées a annoncé sur Twitter le passage dans la mer de deux bâtiments de guerre français, un sous-marin nucléaire d'attaque (le SNA Émeraude) et un navire de soutien (le BSAM Seine). Les deux avaient «navigué jusqu'à 15.000 kilomètres des côtes métropolitaines dans l’océan Indien et le Pacifique».
Cette patrouille hors normes vient d'achever un passage en mer de Chine méridionale. Une preuve éclatante de la capacité de notre Marine nationale à se déployer loin et longtemps en lien avec nos partenaires stratégiques australiens, américains ou japonais. pic.twitter.com/7MuU2G51N7
— Florence Parly (@florence_parly) February 8, 2021
… et d’une importance stratégique
Si la mer de la Chine a un tel impact sur les affaires mondiales, c’est parce que cet espace est d’une importance économique majeure. Selon Laurent Amelot, chercheur associé à l'Institut Thomas More, interviewé par Le Figaro, les enjeux «qui pèsent sur les mers de Chine sont multiples».
«Ils sont liés aux acteurs qu'elles abritent, aux ressources qu'elles recouvrent et aux dynamiques commerciales qu'elles véhiculent. Plus de 50 % du commerce mondial, du tiers des importations de pétrole et de la moitié de celles de gaz transitent par ces eaux», explique-t-il au quotidien.
Alors que la Chine et les États-Unis sont activement engagés dans cette région, l’UE n’a pas beaucoup de leviers d’influences dans cette zone pourtant hautement stratégique. D’ailleurs, après le départ du Royaume-Uni, la France est le seul pays de l’UE à y être présent.
La France, deuxième plus grand espace maritime au monde
L’héritage colonial français, les DROM-COM, permet à la France d’être présente dans les quatre océans du globe –Pacifique, Indien, Atlantique et même Austral avec notamment les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Ses territoires ultramarins, souvent archipels ou îlots séparés, sont situés à des milliers de kilomètres de l’Hexagone et jouent un rôle stratégique significatif: grâce à eux, la France possède le deuxième plus grand espace maritime sur Terre, juste derrière les États-Unis.
Selon le site limitesmaritimes.gouv.fr, il s’élève à 10,2 millions de kilomètres carrés, dont plus de la moitié se trouve justement dans le Pacifique, notamment grâce aux 4,8 millions de kilomètres carrés autour de la Polynésie française.