«Choquant» et «scandaleux»: des médecins montent au créneau contre la hausse des prix des vaccins
11:59 04.08.2021 (Mis à jour: 16:07 19.11.2021)
© AFP 2024 FRED TANNEAUUne infirmière française tient une seringue avec le vaccin de Pfizer
© AFP 2024 FRED TANNEAU
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«Aucune justification», «mauvais signal à la population mondiale»… La hausse des prix des vaccins Moderna et Pfizer a été condamnée par des médecins qui y voient «une course à l'enrichissement» des laboratoires, alors que la pandémie persiste en Europe avec plus de 60 millions de contaminations et plus de 1,2 million de décès.
Selon le Financial Times, le prix d’une dose de Pfizer augmentera de quatre euros pour atteindre 19,50 euros et celle de Moderna de deux euros pour s’établir à 21,50 euros dans le cadre des nouveaux contrats d'approvisionnement de l'Union européenne. Si le secrétaire d'État Clément Beaune a avancé sur RFI le 2 août que cette hausse se justifiait par une adaptation des vaccins au variant Delta, cette explication ne convainc pas certains médecins.
Jean-Paul Hamon sur l'augmentation du prix des vaccins par Pfizer et Moderna : "Augmenter de 25% le prix du vaccin c'est donner des arguments aux gens qui défilent contre la vaccination" pic.twitter.com/rx85Abl0Du
— Europe 1 🎧🌍📻 (@Europe1) August 3, 2021
Le médecin estime que cette hausse des prix ne fait que «donner des arguments aux gens qui défilent contre la vaccination», citant à titre d’exemple «des mouvements un peu partout en Europe», dont en Allemagne et en France.
«C’est un très mauvais signal que l’industrie pharmaceutique donne à l’ensemble de la population mondiale», ajoute-t-il en notant que la «population est prisonnière» alors que «le marché est tout fait».
«Il n'y a aucune justification à une augmentation de 25%. Ils ont des investissements qui sont largement rentabilisés», lâche Jean-Paul Hamon avant de conclure: «Franchement ça, c’est quelque chose de purement scandaleux».
Ce même avis est partagé par le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon à Paris, qui trouve ce choix «très choquant».
«Je me répète, mais on est dans une situation de guerre [...]. Toute une partie du monde n'est pas vaccinée. […] Il faut que l'innovation soit valorisée, je ne nie pas cette règle du commerce, mais on est dans une situation assez exceptionnelle et les industriels auraient pu faire un effort», indique-t-il sur LCI.
🗣 Pr Gilles Pialoux sur l'augmentation du prix des vaccins : "C'est très choquant [...] On est dans une situation assez exceptionnelle, les industriels auraient pu faire un effort."
— LCI (@LCI) August 3, 2021
📺 #LaMatinaleLCI @Julie_Hammett @fredericdelpech. pic.twitter.com/7jz2VZ5AqQ
Le microbiologiste belge Emmanuel André s’est montré également révolté sur son compte Twitter.
Pour mettre fin à cette pandémie, on a besoin de plus de vaccins, rapidement. Mais ce à quoi on assiste, c'est une course à l'enrichissement de la part de #Pfizer et une accumulation des doses dans les pays qui peuvent payer un prix artificiellement élevéhttps://t.co/2hyROSTZF3
— Emmanuel André (@Emmanuel_microb) August 2, 2021
Le seuil des 60 millions d’infectés franchi en Europe
Cette nouvelle intervient alors que le nombre d'infections au Covid-19 dans les pays européens a dépassé la barre des 60 millions depuis le début de la pandémie, indique un communiqué du Bureau européen de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié lundi 2 août.
«La fin de la pandémie est toujours au-delà de l'horizon et, malheureusement, jusqu'à présent dans la Région européenne, il y a eu plus de 1,2 million de décès dus au Covid-19. Il est important que les pays poursuivent leurs efforts conjugués pour protéger leurs personnes les plus vulnérables et à risque», indique Dorit Nitzan, la directrice régionale de l’OMS pour l’Europe en charge des situations d’urgence.
Celle-ci a ainsi souligné l’importance de la vaccination.
«Pour que la pandémie prenne fin, nous devons rapidement intensifier les vaccinations de manière équitable dans tous les pays, notamment en soutenant la production de vaccins, le cas échéant, et le partage des doses, le cas échéant, pour protéger la population vulnérable dans chaque pays».