L’armée afghane aurait forcé un homme suspecté d’aider les talibans à se faire exploser sur une mine – vidéo choc
18:53 03.08.2021 (Mis à jour: 21:56 03.08.2021)
© AFP 2024 SHAH MaraiSoldats afghans
© AFP 2024 SHAH Marai
S'abonner
Une vidéo choquante circulant sur les réseaux sociaux fait état de l’exécution atroce d’un Afghan suspecté d’aider les talibans*. Les auteurs présumés sont des soldats de l’armée afghane. Le ministère de la Défense nie l’incident et qualifie la séquence de propagande des islamistes.
Alors que les exécutions de civils par des talibans* et leurs crimes de guerre font régulièrement la Une, cette fois tourne en boucle une vidéo montrant des atrocités présentées comme commises par des soldats de l’armée afghane.
Mi-juillet, une séquence d’environ de deux minutes a été postée sur TikTok et relayée ensuite sur d’autres réseaux sociaux. La vidéo montre des soldats afghans forçant un civil à s’asseoir sur une mine, laquelle a ensuite explosé. La victime était soupçonnée d’appartenir aux talibans*. Des soldats afghans s’extasient devant la scène, l’auteur de la vidéo déclarant: «C’est ça le destin de ces gens-là», faisant référence aux insurgés islamistes. Vers la fin de la vidéo, un homme, visiblement un commandant, lâche: «Quiconque détruit des propriétés ou des installations nationales subira le même sort».
On the 8th of July, Afghan army unearthed an IED in Sar Hawza, Paktika. An innocent pedestrian named Barakatullah was blamed for planting the mine, simply for being at the wrong place in the wrong time.He was brutalized and forced to sit on the mine before detonation.
— Naseeb Zadran (@NaseebKhanZ) July 29, 2021
1/3 pic.twitter.com/75VIiRkfiv
D’après les informations du journaliste afghan en freelance Naseeb Zadran, relayées par France 24, l’incident a eu lieu le 8 juillet sur une route dans le district de Sarhawza, dans la province de Paktika. Situé dans le sud-est du pays, cet endroit a récemment été le lieu de combats entre les insurgés et l’armée afghane, faisant des victimes dans les deux camps.
«Un pauvre travailleur»
Toujours selon ce journaliste afghan, l’homme exécuté, appelé Barakatullah, aurait été battu par la police et des miliciens anti-taliban en civil avant d'être remis aux soldats afghans. Ces derniers l’ont ensuite fait exploser.
Dans une courte interview faite par le journaliste, le père de la victime déclare que ce «pauvre travailleur» qui construisait des maisons pour des habitants locaux, se trouvait juste mauvais endroit au mauvais moment: il a traversé la route au moment où des soldats afghans ont découvert un engin piégé.
«Ce jour-là, l’armée afghane avait découvert un engin piégé sous le pont. À ce moment-là, Barakatullah a traversé la route. Les soldats et les miliciens ont pensé qu'il avait été envoyé par les talibans* et ils l’ont battu sauvagement avant de l’exécuter», avance l’homme.
L’armée dément
Contactée par France 24, Fawad Aman, l’un des porte-paroles du ministère afghan de la Défense, nie cet incident. Selon lui, la vidéo en question est de la «propagande terroriste des talibans*».
Néanmoins, la famille de la victime a porté plainte contre l’armée afghane, selon le journaliste.
«Manque de volonté»
«Malheureusement, ce type de violence est loin d’être rare. Le problème dans l'armée afghane vient d'abord du fait qu'il n'y a pas de système approprié de contrôle lors du recrutement. Il y a beaucoup d'ethnies et de tribus puissantes dans l’armée […]. Le gouvernement n'est pas disposé à les contrôler et à poser des questions sur leurs opérations», commente le journaliste Naseeb Zadran auprès de France 24.
Il dénonce également le laxisme des autorités. Il ajoute que, pour l’instant, aucun soldat n’a pas été puni par le système pour avoir tué des civils, «donc les forces profitent également de ce manque de volonté».
Offensives tous azimuts
Ces deux derniers mois, les talibans* gagnent du terrain en Afghanistan. Début juillet, les insurgés ont affirmé qu'ils contrôlaient 85% des territoires du pays.
Le 2 août, le ministère afghan de la Défense a annoncé avoir éliminé au cours des dernières 24 heures 455 talibans* et en avoir blessé 232, un nombre record. Avant cela, le ministère afghan de l’Intérieur avait fait part de l’arrestation de plusieurs commandants importants du groupe islamiste.
Les batailles s’intensifient alors que l’armée américaine, présente dans le secteur depuis 2011, a entamé son retrait. En avançant début juillet les arguments pour ce désengagement, Joe Biden a argué que les troupes afghanes comptaient 300.000 soldats et une force aérienne, tandis que les rangs des talibans* étaient bien moins importantes (75.000 hommes). Le Président américain a également assuré que la formation des forces afghanes était supérieure à celle des islamistes et qu’elles disposaient désormais de tous les outils nécessaires: formation, équipement et armement avancé.
* Organisation interdite en Russie.