Une enseignante d’Harvard accusée de transphobie pour avoir refusé le terme de «personnes enceintes»
© Photo pixabay / MarjonBestemanFemme enceinte
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Sur Fox News, une professeure de biologie évolutive a critiqué la chape de plomb imposée par les théories du genre dans les universités américaines. Elle a été reprise de volée par son établissement et accusée de transphobie.
Les cas d’enseignants se retrouvant en délicatesse pour des propos sur la différence des sexes ne cessent de se multiplier aux États-Unis. Carole Hooven, professeure de biologie évolutionniste à Harvard, en a fait l’amère expérience, après un entretien donné à Fox News.
La chercheuse y avait notamment pointé du doigt la difficulté de parler d’hommes et de femmes, dans ses propres cours de science. Elle s’était inquiétée que le ressenti des étudiants prime de plus en plus sur l’enseignement scientifique des faits.
«Une partie de la science enseigne les faits. Et les faits sont qu'il y a deux sexes, homme et femme, caractérisés par le type de gamètes que nous produisons. Mais l'idéologie semble dire que la biologie n'est pas aussi importante que le ressenti des gens et la manière dont ils appréhendent leur sexe», a ainsi déclaré Carole Hooven sur Fox News.
L’enseignante a précisé que cette idéologie s’était progressivement «infiltrée» dans ses classes, depuis quelques années. Elle a aussi donné en exemple le cas d’une étudiante de l’université de Californie, se plaignant que ses enseignants aient remplacé le terme de «femmes enceintes» par celui de «personnes enceintes», afin de ne pas passer pour transphobes.
L’étudiante en question avait ajouté que ses condisciples en médecine faisaient circuler des pétitions pour «faire honte» aux professeurs utilisant les «mauvais mots», selon un article publié par la journaliste Katie Herzog.
Carole Hooven a souligné que ces méthodes d’intimidation étaient devenues monnaie courante sur certains campus américains, et que de nombreux enseignants cédaient aux desiderata de leurs étudiants, par «peur».
«Cette peur est fondée sur une réalité. Des gens trouvent certains termes offensants, ils se plaignent sur les réseaux sociaux, ils font honte aux professeurs et menacent même de les faire licencier. Il n'est pas étonnant que beaucoup cèdent à la pression sociale», a ainsi déclaré la biologiste sur Fox News.
Retour de bâton
L’entretien donné par Carole Hooven à Fox News a lui-même déclenché une tempête du côté de l’université Harvard. Laura Simone Lewis, directrice de la diversité au département où enseigne Mme Hooven, a ainsi accusé celle-ci de tenir des «propos transphobes et blessants», sur Twitter. Elle a ajouté que l’expression «personne enceinte» était un signe de respect «pour tous ceux pouvant enfanter, pas seulement les femmes cisgenre» et a prôné son utilisation en cours de médecine.
As the Director of the Diversity and Inclusion Task Force for my dept @HarvardHEB, I am appalled and frustrated by the transphobic and harmful remarks made by a member of my dept in this interview with Fox and Friends: https://t.co/kiBwkaqLGM#medtwitter
— Laura Simone Lewis (@LauraSimoneLew) July 30, 2021
Sur les réseaux sociaux, Carole Hooven a cependant reçu le soutien d’autres enseignants, notamment celui de Debbie Hayton, figure du parti travailliste britannique, elle-même transgenre. Celle-ci a déclaré qu’il n’y avait «rien de transphobe ou de nuisible» dans les propos tenus sur Fox News, convenant que seules les femmes pouvaient tomber enceintes.
There is nothing transphobic or harmful in Hooven's remarks. Her analysis is sound. Male and female are distinguished by biology. And it is women who get pregnant. That is the truth.https://t.co/FgZIH8PBKS
— Debbie Hayton 🏳️⚧️🏳️🌈 (@DebbieHayton) July 31, 2021
Ces débats sur la différence des sexes agitent l’éducation américaine depuis plusieurs années maintenant, avec parfois des retombées importantes pour les enseignants. En mai dernier, un professeur de Virginie avait ainsi été temporairement mis à pied pour avoir refusé d’avancer qu'un garçon biologique pouvait être une fille et vice versa.